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Droguées à leur insu en boîte, des Anglaises s’organisent, et les Françaises s’inquiètent aussi

Il y a deux semaines, le mouvement « Girls Night In » s’est développé en Angleterre pour protester contre la pratique du « spiking » qui consiste à droguer quelqu’un à son insu. 

Depuis deux semaines, le mouvement « Girls Night In » lancé dans une cinquantaine de villes en Angleterre appelait au boycott des boîtes de nuit les 27 et 28 octobre, pour alerter les clubs sur leur responsabilité vis-à-vis de la sécurité de leur clientes. 

Des chiffres inquiétants 

En effet, en Angleterre, nombreux sont les cas de « drink spiking », une pratique qui consiste à droguer une personne à son insu, notamment avec de l’alcool ou des psychotropes comme le GHB ou encore de « spiking » aux seringues, c’est-à-dire des personnes qui se sont fait droguer à leur insu à l’aide d’une seringue fine, dite aiguille hypodermique, plantée dans un muscle. Les chiffres fournis par les autorités font état de 198 faits avérés d’intoxication au GHB, et 56 faits d’empoisonnement par injection . 

Les actions se multiplient comme à Manchester où des centaines de jeunes se sont rassemblés à St Peter’s Square pour exprimer leurs craintes. La plupart de ces manifestations sont organisées par des étudiants. Ils énoncent ainsi leur but :

« Nous voulons utiliser cet élan de boycott pour forcer les politiques locaux et les propriétaires de clubs à faire des changements plus tangibles. » 

Comment se protéger 

La nouveauté de ce mouvement qui émerge en Angleterre, c’est le discours de responsabilisation que l’on assène aux propriétaires de boîtes de nuit. Le victim blaming ne semble plus être de mise. En France, certains continuent de faire peser sur les victimes la responsabilité de leur agression, comme c’était le cas de Laetitia Philippon, directrice départementale de la police nationale, dans une déclaration qui avait choqué :

Nous avons discuté avec Mathilde Neuville, présidente de l’association Consentis, qui s’occupe de prévention et de sensibilisation sur les violences sexuelles et sexistes en milieu festif. Pour elle, il est important d’informer sur ce qu’est le GHB, substance majoritairement utilisée pour droguer les personnes à leur insu en club. 

Elle évoque également la « capote de verre », ce couvercle que l’on peut utiliser pour recouvrir son verre en soirée et éviter que quelqu’un ne mette un produit dedans. Il y a cependant un problème avec ce genre de solutions, explique la présidente de Consentis : 

« C’est un peu problématique parce qu’on demande à la personne qui serait potentiellement victime de prendre ça en considération et d’utiliser une capote de verre. On risque de tomber dans un discours tel que « ah oui t’as été droguée au GHB mais en même temps t’avais pas de capote à verre ». »

Capote de verre

La France est aussi concernée 

Il n’y a pas qu’en Angleterre que les cas de « spiking » sont détectés. En effet, le parquet de Grenoble vient d’ouvrir une enquête après le signalement par Grenoble École de Management de soupçons d’utilisation de GHB lors de soirées étudiantes

Mercredi 27 octobre, le procureur de la République de Grenoble, Eric Vaillant, à déclaré à propos de cette affaire :

« La direction de Grenoble École de Management m’a signalé officiellement le 20 octobre dernier que du GHB avait vraisemblablement circulé au cours de 3 soirées organisées par les étudiants de l’école dans la 1ère quinzaine d’octobre, plusieurs d’entre eux ayant présenté le symptôme de perte de mémoire caractéristique de cette drogue dite drogue du violeur. » 

De plus, l’enquête de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a recensée 574 cas (augmentation de 16,7 % par rapport à 2018) de soumission chimique en 2019, c’est-à-dire « l’administration à des fins criminelles ou délictuelles de substances psychoactives (SPA) à l’insu de la victime ou sous la menace ».

Les solutions 

Comme l’expliquait Mathilde Neuville, il est important d’être renseignée sur le GHB et de savoir comment réagir pour son entourage et soi-même mais ce n’est pas l’essentiel :

« On ne veut pas vraiment promouvoir des solutions qui seraient à la charge des personnes potentiellement victimes. Mais plutôt sensibiliser les autorités de la fête, et mieux connaître le produit en question aussi. Et mettre des dispositifs de prévention dans les évènements, que le staff soit formé pour détecter une personne intoxiquée et sache comment réagir. »

Les mouvements étudiants anglais demandent des actes forts du gouvernement, de la police et des lieux festifs, avec des fouilles et de la prévention notamment. 

Comme nous l’apprend Konbini, de nombreuses pétitions ont été lancées au Royaume-Uni, dont celle de Victoria Parrott, qui dépasse les 15 000 signatures. En adressant une pétition au Parlement, si elle dépasse les 10 000 signatures, le gouvernement britannique doit y répondre sous 9 jours. Si elle dépasse les 100 000 signatures, la pétition devra être examinée au Parlement. 

En France aussi, on attend des mesures fortes, et pas le victim blaming habituel.

Crédit photo : Helen Pidd Twitter – Page Instagram @girlsnightinmanc

À lire aussi : Une nouvelle forme de drogue du violeur est-elle vraiment en circulation ?


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Les Commentaires

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Avatar de Floutch
4 novembre 2021 à 09h11
Floutch
Pareil en Belgique (à Bruxelles) : depuis 2-3 semaines, il y a eu une vague de témoignages et de manifestations, suite aux révélations concernant deux bars d'un quartier très festif (là, c'était un serveur qui droguait les victimes...)
Y a une page Instagram "Balance ton bar" qui a été créée (https://www.instagram.com/balance_ton_bar/) et ce sont souvent les mêmes lieux (connus dans la vie nocturne bruxelloise) qui se retrouvent dans les témoignages...
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Voir les 2 commentaires

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