De nombreuses mères américaines, qui doivent gérer tout le quotidien pour leur famille (repas, lessives, devoirs, ménage…) ainsi que toutes les difficultés liées à la pandémie (tests, isolements, télétravail avec enfants…), se sentent au bord du gouffre.
Elles ont besoin de lâcher la pression, de passer leurs nerfs. Et c’est parfois dans des stades qu’elles se réunissent ensemble et crient, lors de scènes de catharsis impressionnantes à voir – et à entendre !
Quand les mères épuisées vont hurler dans des stades
Ces femmes, qui doivent gérer les enfants, leur travail et la charge mentale de tout leur foyer, ont l’impression de devenir folles, tant elles sont sollicitées et n’ont aucun temps mort.
Sarah Harmon, 39 ans, mère de deux filles de 3 et 5 ans, a organisé la première session de ces cris collectifs de mères à Boston, en mars 2021, comme nous l’indique le New York Times.
Ces scènes de défoulement collectif sont repérées par les médias locaux, puis l’initiative a fait des émules dans d’autres villes américaines tant le besoin d’expulser tout ce stress est omniprésent.
Au bout du roul’, elles se réunissent et hurlent toute leur colère et leur fatigue. Une de ses mères s’est confiée à Sarah Harmon, à l’initiative de cette pratique :
« C’était si agréable de perdre un peu le contrôle, pour la première fois depuis longtemps. »
Près de deux ans de galère et des mères qui trinquent
Quand le quotidien est minuté, que chaque interstice de temps libre doit être comblé par une nouvelle tâche, on comprend ce besoin de lâcher les rênes, de perdre un peu le contrôle.
Les inégalités dans le temps consacré au soin des enfants et dans le travail domestique ne sont pas nouvelles entre les membres d’un couple hétérosexuel mais elles ont été accentuées avec la pandémie, ses divers confinements, ses mesures d’isolement et une précarité professionnelle accrue. Toujours au détriment des femmes, évidemment.
Durant les divers confinements, les mères ont bien souvent pris plus de choses en charge que les pères, en ce qui concerne les enfants et les taches domestiques.
Il a été souligné par exemple que pendant la période du premier confinement, les femmes chercheuses ont publié moins d’articles que d’habitude tandis que les hommes ont vu le nombre de leurs publications croître. En cause ? L’inégale répartition des taches domestiques bien sûr !
Tout ce travail invisible des mères, réalisé dans l’antre du foyer, crée des frustrations et un manque de reconnaissance criant. Ces femmes, qui hurlent une fois la nuit tombée, ont voulu se décharger mais sans doute aussi visibiliser leurs souffrances, les rendre moins silencieuses.
Sarah Harmon l’a expliqué à la chaîne MSNBC :
« Cette initiative parle à beaucoup de mères parce qu’elles ne se sentent ni entendues, ni même vues.
Ce que propose le cri, c’est de normaliser une émotion taboue. On n’a pas le droit d’être en colère, ni de ressentir de la frustration, pourtant ça arrive.
Dans ces cas-là, on intériorise, et on finit par en souffrir. Or la colère, c’est sain, en tout cas, ça l’est quand on la canalise. »
Il en est donc fini de tout faire et se taire. Ces mères en souffrance, qu’elles soient seules ou dotées d’un compagnon peu investi, constituent un problème qui devrait être une préoccupation pour tous et tous et qu’il serait temps de prendre en compte — aux États-Unis, comme en France !
En cette période de pandémie, ou elle doivent plus encore gérer de tâches que d’habitude, le burn-out maternel n’est souvent pas loin.
Des mesures, tant étatiques qu’au cœur des foyers, doivent être mises en place, pour rééquilibrer la parentalité dans les couples hétérosexuels. En France, 70% des taches domestiques et parentales sont encore effectuées par les femmes.
Ces initiatives américaines, qui reposent aussi sur un bel élan de sororité, vont peut-être débarquer en France. Mais ce qui serait plus utile encore serait que ces mères soient déchargées d’une partie de leurs tâches, pour ne pas avoir besoin de crier leurs souffrances…
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Image en une : © capture d’écran vidéo NewYork Times
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