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une personne allongee sur un canapé
Voyages

Hôte menteur et canapé partagé : l’histoire de ma pire expérience en couchsurfing

Le 6 juillet 2020

Pour économiser un peu, Marie a opté, un été, pour le couchsurfing. Malheureusement, cette expérience s’est transformée en une des pires nuits de sa vie.

En voyage, je suis du genre économe.

J’aime bien me faire plaisir, mais la question de l’hébergement est souvent une galère : trop cher, trop loin de tout, trop cheap, peu de choix disponibles… Cette partie de l’organisation me prend la tête. Et en même temps, je fais partie de ces gens qui ont besoin de savoir où ils vont atterrir.

J’envie les aventurières qui débarquent dans des villes sans point de chute car j’en suis incapable ! J’aime bien avoir de l’intimité et la garantie de faire une bonne nuit.

C’est comme ça qu’il y a quelques étés, avec mon mec de l’époque, je me suis laissée tenter par le couchsurfing. Nous étions tous les deux ric-rac niveau thunes et si la Croatie semblait au départ être une chouette destination de vacances, les prix des hébergements se sont vite avérés prohibitifs pour nos bourses limitées.

Le couchsurfing, c’est quoi ?

Le concept du couchsurfing est simple : l’idée est de rencontrer et de dormir chez des inconnus à travers le monde.

La communauté repose sur un principe implicite d’échange, donc si tu squattes un bout de canapé chez quelqu’un un jour, c’est mieux de pouvoir rendre la pareille ! Pour ça, la plateforme Couchsurfing.com est super pratique puisqu’elle met en relation des voyageurs et voyageuses du monde entier.

Les profils des hôtes et des hébergés sont visibles par tout le monde et le système comprend une notation pour éviter (normalement…) les mauvaises expériences.

Tu peux trouver des gens en fonction de tes centres d’intérêt, savoir s’ils sont fumeurs, vivent avec des animaux, s’ils ont une chambre ou un bout de canap, etc. Il suffit ensuite de leur envoyer un message pour se mettre d’accord, et voilà ton point de chute booké !

Pas mal pour se la jouer L’auberge espagnole et avoir des trucs à raconter à la fin de ton voyage, non ?

Ma (terrible) expérience en couchsurfing

Après plusieurs heures de stalking intense, mon mec a contacté un jeune Croate dont le profil était super bien noté et qui était dispo à nos dates. Le gars promettait une chambre à part, pas très loin du centre-ville et ses commentaires étaient élogieux. D’ailleurs, des commentaires, il en avait des centaines. Ça aurait sans doute dû nous mettre la puce à l’oreille…

Nous devions arriver sur place vers minuit, mais depuis des heures, notre hôte ne répondait pas à notre demande : à quelle adresse devions-nous nous rendre ?

Crevés et stressés, nous nous sommes résolus à prendre un taxi vers le centre-ville, jusqu’à ce qu’il nous réponde, des dizaines de minutes après le début de notre course. Passablement saoulés par son manque de communication, nous avons bien entendu hésité à trouver une autre solution pour la nuit, mais à 1 heure du matin, nous étions au pied du mur.

Ou plutôt au pied de son appart, clairement pas aussi cosy que sur les photos de l’annonce.

Après un temps interminable à tourner dans le quartier, le mec a fini par descendre nous chercher.

couch_surfing_experience
Moose photo / Pexens

Une nuit d’enfer en couchsurfing

Au moment où notre hôte ouvre la porte de l’appart, une forte odeur de clope et de joint viennent titiller mes narines. Dans le salon doté d’un ordi tuné qui crache un son inconnu, un mec est dans un état de fusion avancé avec un pouf.

Il est complètement foncecar, nous jette à peine un regard et retourne à son occupation, à savoir : fixer les effets visuels de Windows qui s’agitent au rythme du son ambiant.

Notre hôte, en pleine forme, nous explique en anglais que son pote est venu passer la soirée ici, qu’il espère que ça ne nous dérange pas. Il n’a pas besoin de me le dire, je sais déjà que son pote n’est pas en état de rentrer chez lui ce soir !

Et à vrai dire, je m’en fous, puisqu’on n’est pas censés dormir dans le salon.

Avec mon mec, nous partageons un regard entendu qui veut dire : « OK, on fait semblant pendant une heure, et go dodo ».

Cette heure me semble interminable. Notre hôte se lance dans une diatribe politique incompréhensible, monologue sur la série Seinfeld comme s’il était possédé, puis commence à parler de ses expériences chelou de couchsurfing.

Deux filles françaises seraient venues assez récemment et seraient reparties dès le lendemain sans un mot mais en lui mettant une note merdique sur le site.

Bien parti sur sa lancée, il se vante de sa note de confiance sur la plateforme et nous explique qu’il accueille des gens quasiment tous les jours, même s’il faut les faire dormir par terre. Il adore la multiculturalité, il adore rencontrer des gens, et d’ailleurs, s’ils ne sont pas contents de ce qu’il a à leur offrir, ils n’ont qu’à se barrer.

Il est agité, il s’énerve, puis il retombe.

Je repense au contenu de son annonce et mon mec perçoit dans mon regard une once d’inquiétude. Il tente une stratégie de sortie :

— Bon, on va se coucher, non ? Où est la chambre ?
— Oh, il n’y a plus de chambre, finalement ma coloc n’est pas partie, donc on va dormir sur le canapé. »

Il est 2 heures du matin dans une ville paumée de Croatie, je n’ai pas Internet et mon mec et moi, on va devoir dormir avec un type ultra chelou qu’on ne connait que depuis quelques heures.

Sur un canapé avec mon mec… et un inconnu

Je n’étais clairement pas prête pour ce trouple improvisé. Mais voilà, il est 3 heures du matin, l’odeur de l’appart me file la nausée et je suis épuisée.

Je jette un œil au pote de l’hôte, qui dort aussi ici et a déjà commencé sa nuit de l’autre côté du salon. Je garde mes fringues sur moi, je récupère un traversin que je cale entre notre hôte déjà endormi et nous, et je compte les heures avant la levée du jour.

Qu’est-ce que je fous dans un canapé 2 places avec mon mec et un inconnu ? Est-ce que cette situation est dangereuse ?

Je travaille beaucoup sur ma pudeur et mon lâcher-prise. J’ai déjà dormi assise sous une tente de festival avec du son à 120db, dans un bus en retour de nuit blanche, avec des gens que je ne connaissais pas pendant des week-ends asso…

Mais je n’ai pas dormi cette nuit-là. Je ne le sentais pas. À 6h15, nous avons foncé vers le centre, pour trouver un hôtel que nous avons payé plein pot.

Je n’ai plus jamais entendu parler de ce mec, mais des fois je me demande comment les deux filles françaises racontent leur histoire avec cet hôte…

Aujourd’hui, je n’accepterais plus de couchsurfing foireux

Cette nuit-là, j’ai pris sur moi pour rester polie. J’ai suivi mon mec qui m’a dit avec assurance : « Demain dès la première heure, on lui achète une bricole pour le remercier et on claque la porte ».

Mais quelles vicos nous étions ! « Ohlala merci de nous avoir menti et obligés à dormir dans un canap 2 places avec vous plutôt que par terre, quelle générosité, voici une modeste offrande pour vous remercier de votre sacrifice »…

Si cette histoire m’arrivait aujourd’hui, je ne laisserais plus passer ça. Je ferais le choix de confronter ce mec, de récupérer mes affaires et de me barrer. Après tout, on a fini par le payer, cet hôtel, alors une nuit de plus n’aurait pas changé grand-chose.

Pourquoi je suis capable de me laisser rouler dessus comme ça ? Nous étions deux à prendre des décisions, mais aucun d’entre nous n’a estimé qu’on s’était assez fait rouler dans la farine pour la soirée. À force de vouloir rester polie, je n’ai pas toujours su affirmer mes limites et dire aux gens quand clairement, ils ne me respectaient pas.

Notre hôte n’a pas subi des imprévus, il était parfaitement conscient de ce qu’il faisait et n’en avait tout simplement rien à foutre !

À un moment, je me suis dit que c’était peut-être une différence culturelle, parce que j’aime bien trouver des excuses aux gens qui ont des comportements merdiques. Il ne s’agissait pas de ça : cet hôte qui se vantait d’avoir une hospitalité exceptionnelle, d’être un citoyen du monde avait menti éhontément sur ses conditions d’accueil. Et pourquoi ? Pour rien !

Heureusement, mon expérience est contrebalancée par les super témoignages de couchsurfing sur Madmoizelle et autour de moi. Mais une chose est sûre : je ne ferai plus confiance qu’à une communauté que je connais !

À lire aussi : « Je suis une femme qui a ouvert sa porte à n’importe qui » : Nafissa Tiago, l’une des premières hôtesses Airbnb, raconte

Crédit photo : Adrian Swancar / Unsplash

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Les Commentaires

11
Avatar de pliploup
8 juillet 2020 à 13h07
pliploup
J'ai accueilli plus que je n'ai été hébergée moi-même, tout simplement parce que les réponses que je recevais étaient toujours très très creepy - et les villes où j'allais étaient très peu touristiques, donc le choix était limité.

La seule fois où je suis allée chez quelqu'un, c'était chez une dame d'une cinquantaine d'années, qui vivait dans un appart bourgeois art déco, le rêve
Elle avait été top, mais c'était surtout la seule femme qui m'avait répondu, toutes les autres réponses venant de mecs aux sous-entendus plus ou moins cachés.

Donc le couchsurfing seule, c'est très moyen je trouve; j'ai tout le temps tellement galéré à trouver un hébergement réglo (à savoir donc, pas de sous-entendu dégueu, des conditions d'hébergement avec un minimum de liberté (et non pas dépendantes du bon vouloir de l'hôte, du genre devoir sortir/rentrer en même temps qu'elle ou lui), des hôtes qui se désistent le matin même de l'arrivée), qu'au final j'ai quasiment toujours fini dans un hôtel bon marché/auberge de jeunesse...
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