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Santé

Comment j’ai apprivoisé mon corps et mes complexes pendant le confinement

Loin du regard des autres, Océane a doucement apprivoisé et regardé différemment son corps pendant le confinement. Elle te raconte les étapes par lesquelles elle est passée.

Si on m’avait dit que ce confinement me permettrait de poser un regard un petit peu plus doux sur mon corps, franchement, j’aurais ri.

L’occasion d’ENFIN binger l’intégralité des épisodes de Naruto ? Oui.

Une épreuve pour mon couple ? Assurément.

Un très long moment de solitude ? Carrément.

Mais le début des retrouvailles entre mon corps et moi, j’étais loin de l’avoir prévue, celle-là !

Le confinement, une épreuve pour mon cerveau

Pendant le confinement, je ne sais pas si c’était pareil pour toi, mais moi j’ai la sensation d’avoir senti de la créativité PAR-TOUT.

Les projets photo, vidéo, ou d’écriture des personnes qui m’entourent ont enfin trouvé le temps de naître paisiblement, de foisonner, et parfois, ça m’a vraiment foutu le cafard.

Non pas que je ne sois pas heureuse pour toutes ces personnes douées à l’inspiration fertile. C’est juste que moi, pendant tout le début du confinement (environ 1 mois), j’ai personnellement eu la sensation d’avoir une vie normale… mais en beaucoup plus nulle.

Je travaillais tous les jours de 9h à 18h, le week-end, c’était le week-end, et comme je suis plutôt casanière dans la vie de tous les jours, bon… finalement, tout ça n’a pas trop changé mon quotidien.

Après environ 1 mois de maison-boulot-maison, une petite voix m’a glissée dans l’oreillette que mon cerveau refusait peut-être de faire le deuil du quotidien d’avant et de voir la vérité en face.

D’accepter que que non, Océane, ce n’est pas « une vie normale mais en plus nulle ». C’est un tout nouveau mode de vie.

À la différence de mon quotidien d’amoureuse de mon lit et des séances de regards au plafond (oui, j’adore ne rien faire), pendant le confinement, mon cerveau était tout à coup privé d’une chose qui le maintient d’ordinaire en haleine :

Prévoir.

Anticiper, projeter, penser à la suite, me remémorer mes objectifs, en construire de nouveaux… Impossible puisque tout à coup, toute ma vie à court et long terme baignait dans un nuage de fumée.

Alors je n’avais plus qu’à… attendre. Être. Être avec moi. Et brancher mon cerveau sur autre chose. Mais quoi ?

Ma relation à mon corps pendant le confinement

Pendant toute la première partie du confinement, donc, je ne me suis fixé aucun objectif sortant de l’ordinaire.

Ne pas faire trop souffrir mon corps, maintenir une hygiène décente et un peu d’exercice physique pour compenser mes 6 kilomètres à pieds (moyenne d’avant-pandémie).

Prendre soin de moi, me ménager, m’écouter, penser à me ramener à moi-même lorsque mon cerveau se branche sur le futur inquiétant, flou et incertain.

Et au final, c’était déjà beaucoup.

À force de passer du temps avec moi, moi, moi, et moi, de passer mes journées en jogging/legging/gros pull, et surtout de ne pas sortir et donc ne pas me confronter au regard des autres, mon regard sur mon corps a changé, sans que je m’en rende compte.

Mon corps, je n’avais que ça à contempler, et mis à part le regard bienveillant et aimant de mon amoureux (qui joue sans doute un rôle primordial), il n’y avait rien d’autre que mes deux yeux pour me « juger ».

Petit à petit, sans que je m’en rende vraiment compte, j’ai passé plusieurs étapes jamais franchies auparavant vers une relation plus douce avec mon corps et mes complexes.

Étape numéro 1 : me couper les cheveux pendant le confinement

Je n’avais pas prévu de parler de cet épisode de mon confinement, mais au final, en réfléchissant à cet article, ça m’est apparu comme une évidence.

L’épisode en apparence anodin de ma coupe de cheveux a fortement joué dans le doux changement de perception sur mon physique.

Pour te donner un peu de contexte, mes cheveux et moi, c’est une très grande histoire. Quand j’étais petite et jusqu’à mes 8/10 ans environ, je n’en avais vraiment pas beaucoup.

Vraiment, vraiment, vraiment pas beaucoup.

On me disait souvent que je ressemblais à un garçon, et même quand mes cheveux ont poussé, ils n’ont jamais été présents en très grande quantité.

Mon implantation très particulière m’a même valu une fois une réflexion fort déplacée chez le coiffeur :

Vous avez eu un cancer ?

Passons…

En poussant, mes cheveux m’ont donné le change : ils sont extrêmement fins, assez doux et brillants, avec de jolis reflets cuivrés, et je les chéris comme la prunelle de mes yeux.

J’ai toujours refusé d’y toucher, de les changer de couleur ou même de tenter des coupes qui sortent de l’ordinaire, jusqu’à il y a quelques mois quand Lucie m’a motivée à me faire un henné.

Depuis des années j’avais intégré le fait que ma non-coupe mi longue était la seule qui nous convienne, à mes cheveux et moi, et ça m’allait très bien comme ça.

La deuxième semaine du confinement, mon rendez-vous chez le coiffeur ayant été annulé, je voyais mes pointes fourchues empirer et j’ai donc demandé à mon copain de me les couper.

3 ou 4 centimètres, j’ai dit. Au final, il a coupé 10 bons centimètres, et si j’ai paniqué dans un premier temps, ce geste a réellement été salvateur.

Je t’en parlais d’ailleurs dans le VLOGMAD 203 !

En plus de redonner de la densité à mes cheveux, cette coupe a totalement changé mon regard sur moi-même. Pour mon copain ce n’était vraiment pas grand-chose, mais pour moi c’était beaucoup, et j’ai mis plusieurs jours à m’en remettre.

Pour la première fois depuis extrêmement longtemps je changeais de tête, et en plus je me trouvais jolie, avec un air « plus adulte » grâce à ce nouveau carré fait maison.

La première pierre était posée.

Étape numéro 2 : ne plus mettre de soutien-gorge pendant le confinement

J’imagine que je suis loin d’être la seule à être concernée par ce point. Le confinement, c’est le cauchemar des soutiens-gorge, désormais relégués au fond de tiroirs !

Mais pour moi, pendant toute la première partie du confinement, ce n’était pas une évidence.

Parce que même quand je suis chez moi au quotidien, je ne supporte pas la sensation de mes seins qui tombent et qui bloblotent, alors je les garde bien tenus dans un soutif ou une brassière.

Mes seins et moi, c’est une grande histoire d’amour/haine qui est loin d’être terminée.

Je me souviens que quand j’avais 15 ans, je faisais un 85C que je trouvais parfait. J’aimais mes seins que je regardais aisément dans le miroir, et j’ai commencé à être passionnée par l’achat de lingerie.

Puis quand j’ai commencé la pilule à 17 ans, boom, j’ai pris un bonnet, et notre relation a sombré

.

Depuis, j’ai perdu du poids, repris du poids, reperdu du poids, mais ma taille de soutien-gorge n’a jamais vraiment évolué.

Je fais toujours un 85D, mais mes seins tombent, je n’aime pas mes tétons, et leur volume augmente et diminue tellement au cours de mon cycle que quelques vergetures discrètes s’y sont installées.

Alors mes seins, je les ai toujours plus ou moins cachés, même dans l’intimité, et quand la vague du no-bra s’est approchée, je l’ai tenue à l’écart en me disant que ce ne serait jamais pour moi.

Pendant tout le début du confinement, donc, sans vraiment y prêter attention, j’ai continué à porter un soutien-gorge chaque jour sous mes gros pull, grands t-shirt et pyjamas.

Et un jour, alors que j’avais mes règles et que mes seins étaient douloureux et gonflés à bloc (je les préfère à cette période du cycle car ils sont plus rebondis), en sortant de la douche, je me suis dit :

Et si je ne mettais pas de soutien-gorge ce soir ?

J’avais un haut blanc assez fluide qui laissait clairement transparaître mes tétés, et j’ai passé la soirée à faire du puzzle avec mon copain en appréciant fortement ma poitrine libérée.

À partir de ce jour, j’ai tout simplement arrêté totalement d’en mettre, sans trop le conscientiser. Jusqu’à ce que je réalise :

Waw. Océane. Tu as vraiment franchi un cap.

Je ne m’interdisais plus rien, ni débardeurs moulants ni gros pulls, et même pour aller faire quelques courses, mon soutif avait disparu.

Au bout de quelques semaines je me suis regardée dans le miroir et une étrange perception m’est apparue, que j’ai communiquée à mon copain :

Est-ce que je me suis juste habituée à eux, ou est-ce qu’ils tombent moins qu’avant ?

Je n’ai pas de réponse à cette question, mais peu importe, ce n’est pas vraiment ça l’important.

Étape numéro 3 : bronzer en short pendant le confinement

Il y a deux semaines, je te confiais mon épiphanie dans mon article Je suis fine, j’ai les fesses pleines de cellulite et j’apprends tout juste à l’accepter (quand je te dis que ce confinement m’a retourné le crâne…).

Je t’y expliquais ma découverte de Danae Mercer et la révélation que j’ai eue sur mon corps et le mouvement body positive, et il se trouve que cette révélation va avec l’étape numéro 3 de ma réconciliation avec moi-même :

M’habituer à porter des shorts et donc montrer mes jambes.

Comme j’ai fait partie des personnes les plus privilégiées de ce confinement, j’ai été cloîtrée dans une grande maison avec un jardin et un temps clément qui m’a permis de me dorer au soleil certains week-ends.

Il faut savoir qu’au quotidien, je ne porte jamais de short, de robes, ou quoi que ce soit qui dévoile mes jambes. Je les trouve flasques, immenses, et translucides (puisqu’elles ne prennent jamais le soleil).

J’en parlais d’ailleurs il y a longtemps dans un témoignage Je n’ai pas de short, j’ai chaud l’été, vis ma vie de meuf complexée.

Je me suis habituée à supporter la chaleur en pantalon, même par canicule dans le RER parisien, et cela fait bien longtemps que j’ai éradiqué de mon quotidien toute activité qui nécessite de porter un maillot de bain.

Comme pour mes seins, même quand je suis chez moi, j’ai peu l’habitude d’avoir les jambes nues, mais tout d’un coup, dans cette maison, pendant ce confinement, j’ai commencé à me balader en short, jambes et cellulite de sortie, pour bronzer tranquillement.

Pas d’inconnus pour me mater, de regards gênants pour me donner envie de disparaître… Juste moi et mes jambes au soleil pour la première fois depuis des années.

Je ne vais pas mentir, c’était dérangeant au départ, mais en me forçant un peu et en me rendant à l’évidence que bronzer en legging allait être compliqué… j’ai fini par m’habituer, et même apprécier cette nouvelle liberté.

Étape numéro 4 : me filmer et me prendre en photo pendant le confinement

Cette étape numéro 4, elle a été une belle conclusion à tout ce doux et joli processus.

Un jour de confinement, j’ai reçu le message d’une amie qui faisait un projet vidéo de témoignages (dont je te parlerai la semaine prochaine sur madmoiZelle).

Elle souhaitait des vidéos de corps de femmes, suggestives, esthétiques, en noir et blanc, et me proposait de participer.

Dans mon élan de self love je me suis dis pourquoi pas, j’ai posé un trépied et mon appareil photo dans une pièce isolée, et j’ai passé une heure entière à me filmer et me prendre en photo, oubliant totalement l’objectif principal.

J’avais l’impression que c’était la première fois que je me regardais dans tout ce qui d’habitude me dérangeait : mes seins, ma peau, mes fesses, ma silhouette, et juste moi, avec moi-même.

Pas prête pour envoyer des plans si intimes à mon amie, mais enrichie de cette expérience, quelques jours plus tard j’ai décidé de recommencer, et de faire une série d’auto-portraits.

Certains que j’ai gardé pour moi, d’autres que j’ai publiés sur mon compte Instagram.

C’est drôle, mais cet exercice de fin de confinement a été pour moi comme une mini thérapie, un joli moyen de clôturer ce chapitre que j’ai vécu avec moi-même.

Se regarder, je trouve cela important, et j’ai pu observer pendant ce confinement qu’il était rare que je me regarde vraiment, avec un œil neutre et bienveillant.

Mon corps et mes complexes après le confinement

Tout comme je ne sais pas si je vais un jour pouvoir afficher mes fesses pleines de cellulite à la plage sans angoisser, je ne sais pas ce qu’il en sera de mes seins et de mes jambes après ce confinement.

Peut-être vais-je reporter des soutiens-gorge ? Peut-être vais-je racheter des shorts pour affronter la canicule ? Je n’en sais rien.

En tout cas, j’ai acheté pour la première fois depuis 6 ans deux maillots de bain, et ça en dit long sur mon état d’esprit.

Quand bien même je ne serais pas prête à franchir tous ces pas cet été, il y a au moins une chose que je ne peux pas m’enlever : ce confinement m’a permis de m’habituer à mon corps sous de nouvelles coutures plus naturelles, et je me sens mieux avec moi-même dans mon intimité.

Et ça, c’est déjà beaucoup.

Et toi, est-ce que le confinement t’a appris des choses sur toi ou sur ton corps ?

À lire aussi : Parlons enfin des seins qui tombent, ce complexe tenace

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Les Commentaires

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Avatar de Oceane
25 mai 2020 à 14h05
Oceane
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