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Développement personnel

Comment en finir avec la peur d’être constamment jugée par les autres

Craindre le regard des autres, c’est humain. Mais il est aussi possible de rendre ce poids moins présent dans nos vies. Comment ? En apprenant à identifier ce qui se cache derrière nos jugements.

Le 7 août 2018.

Entendre quelqu’un nous critiquer n’est jamais agréable.

Ce que les autres peuvent penser de moi a un impact sur moi car j’ai appris que leur avis était important durant toute mon éducation.

Comme de nombreuses personnes, j’ai été élevée sur la base d’un système récompense/punition. J’ai ainsi appris que certains comportements étaient acceptables et d’autres non, et ce sont mes parents et mes autres éducateurs qui validaient ou non mes faits et gestes.

La petite mécanique du jugement social

Faire l’imbécile quand il y a des invités : non. Dire Bonjour et jouer calmement dans mon coin : oui.

Cette éducation a forgé en moi un système d’alarme interne au jugement social.

J’ai appris la crainte de décevoir, de ne pas être « assez », d’être rejetée, en fonction de références externes absolues. Ceci est bien, ceci est mal. Cela est juste, cela est faux.

Cette sensibilité est indispensable pour s’intégrer, préserver l’harmonie et la cohésion sociale en respectant les codes culturels et moraux en vigueur.

Mais lorsque nous redoutons le regard des autres de manière constante, quand cela devient pesant au point de ne plus oser agir tel que nous le souhaiterions, il y a un problème.

Cette peur paralysante peut nous entraver dans des situations banales du quotidien telles que téléphoner, participer à une conversation en groupe, marcher dans la rue, prendre la parole en public, se vêtir d’une certaine façon…

Bref le malaise s’installe dans toutes les situations où l’autre pourrait porter un jugement sur nous. C’est-à-dire, dans TOUTES les situations.

Mettre du rouge à lèvres très rouge. Crier. Dénuder nos jambes. Draguer. Danser avec insouciance… Tout ce que nous sommes est soumis au regard des autres.

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SHVETS production via Pexels

Par peur d’être rappelé·es à la norme ou par crainte que les autres interprètent mal nos actions, nous nous refusons à agir. Nous gardons pour nous ce que nous aurions aimé exprimer et nous nous privons de faire des choses dont nous aurions pourtant envie.

C’est en général à ce moment-là que nous nous demandons : comment s’émanciper du jugement des gens ?

Ce que cachent nos jugements

Je pourrais vous conseiller de travailler votre confiance en vous, de vous focaliser sur le moment présent dans ces situations stressantes ou encore de décider que le regard des autres n’a aucune importance pour vous.

Mais j’ai mieux à vous proposer.

Je vais vous expliquer comment ne plus jamais entendre de jugements, en apprenant ce qui se cache derrière eux.

Car en réalité, les autres vont continuer à vous juger, et vous allez continuer à juger les autres. C’est tout ce que nous avons appris à faire. Lorsqu’une situation nous interpelle, qu’un comportement nous fait tiquer, nous savons le pointer du doigt, dire ce qui ne va pas chez l’autre, ce con !

Mais personne ne nous a appris à observer ce qui réagit en nous, à remonter à la source de nos émotions et encore moins à les exprimer.

Je ne vous promets pas d’atteindre un niveau d’éveil spirituel dans lequel les jugements glisseront sur vous comme des pets de lapin sur une tringle à rideaux. Il est bien naturel de ressentir des émotions négatives lorsque quelqu’un nous juge. L’être humain est un être de contribution et personne n’aime blesser, décevoir, déranger…

Ce que je vous propose c’est de changer votre perception des jugements. 

J’ai personnellement amorcé ce travail il y a quelques années avec les 4 Accords Toltèques. Décrits dans un petit livre par Miguel Ruiz, ce sont des principes simples qui permettent de mener une vie plus libre. Parmi eux : ne rien prendre personnellement.

Cela parait plus facile à dire qu’à faire. Mais se détacher des jugements des autres est en fait très simple, lorsque l’on comprend que les jugements ne sont pas des attaques qui nous sont adressées. Les jugements n’ont pour ainsi dire rien à voir avec nous, nos choix et nos comportements.

Quand la peste du collège s’est moqué de mes Converse rouges montantes qu’elle a qualifié de « chaussures de clown », elle n’a pu me tirer qu’un éclat de rire, car je les avais choisies en copiant Kurt Cobain, et les goûts du leader de Nirvana me paraissaient bien plus sûrs que ceux de cette intrigante.

Aujourd’hui, je pourrais même me chauffer à conclure, dans ma grande compassion, que l’apparence de mes baskets ne matchaient simplement pas le besoin de beauté de la peste sus-mentionnée. Appelle-moi Petit Bouddha.

Ou si vous préférez, « on est tous le beauf de quelqu’un », dixit un ami chaman à moi.

Ce que je veux dire par là, c’est qu’il est possible de ne pas CROIRE les jugements des autres. Nous ne sommes pas obligés de nous coller les étiquettes qu’ils jettent sur nous. Les jugements de l’autre lui appartiennent. Ils sont bien sûr subjectifs, et par dessus tout, ils ne nous définissent pas. 

Ils sont l’expression des besoins non nourris chez l’autre. 

La communication non violente, un moyen de se libérer du regard des autres

C’est le point de vue que nous propose d’adopter la Communication Non Violente (CNV).

L’utilisation du terme « Non Violente » est souvent critiquée (tout le monde y passe !) car elle peut entraîner des confusions. Je précise donc que la CNV ne s’oppose pas à l’utilisation d’un vocabulaire forcément menaçant ou insultant, mais à notre habitude de pointer les comportements des autres en les jugeant lorsque nous ressentons une émotion négative vis-à-vis de leur comportement.

Le large spectre d’anxiété sociale auquel peut mener la peur du regard des autres montre la dimension violente que peuvent avoir nos jugements.

Théorisée par Marshall Rosenberg, la CNV distingue deux « langages » :

  • La langue Chacal : celle des jugements, notre langue maternelle, celle que nous utilisons tous pour juger de ce qui est bien ou mal et pointer dans le monde extérieur ce qui semble créer chez nous des émotions positives et négatives.
  • La langue Girafe : celle qui prend en compte nos besoins et ceux des autres et qui permet d’identifier les besoins non nourris qui sont à l’origine de nos émotions, donc de nos jugements.

Un événement ne nous affecte pas parce qu’il est bien ou mal en lui-même, mais parce qu’il nourrit ou pas nos besoins.

Pour Rosenberg, « tout jugement est l’expression tragique d’un besoin non nourri ».

Mais parce que nous ne savons pas voir les besoins derrière les jugements, nous les croyons. Nous les écoutons avec nos oreilles « chacal » d’origine, et ils nous font souffrir.

Derrière les jugements, savoir reconnaître les besoins

Pour comprendre cette idée, Marshall Rosenberg donne l’exemple d’un rendez-vous auquel ton ami·e est en retard.

Si vous êtes très pressée ce jour-là, vous allez sans doute vivre ce retard comme le pire affront et juger le comportement de l’autre comme inadmissible.

Si vous avez justement besoin d’un quart d’heure seule pour téléphoner, ce retard ne suscitera pas d’émotions négatives et par extension, pas de jugement envers l’autre. Peut-être votre esprit serein sera-t-il même disponible pour essayer de comprendre pourquoi l’autre est en retard et lui donner de la compassion si cela fait 30 minutes qu’il ou elle sue dans une rame de métro aussi bondée qu’immobile.

Dans le premier cas, celui où vous prenez mal ce retard, vous allez sans doute exprimer votre mécontentement à l’autre, et très probablement en langue Chacal puisque c’est la seule que nous connaissons (avant de nous intéresser à la CNV !).

Au lieu de lui signifier que vous avez beaucoup de choses à faire ce jour-là et que vous avez donc besoin de gérer efficacement votre temps, vous allez probablement lui asséner un jugement. En clair, pointer son comportement plutôt que d’exprimer vos besoins.

Cela donnera à peu près :

« Tu abuses d’être en retard ! Tu me respectes pas ! »

Si je suis la personne en retard, et que je crois ce jugement, cela va créer un sentiment d’être attaquée donc un besoin de se défendre.

La violence va s’exprimer potentiellement envers l’autre (« C’est toi qui est nul·e d’être incapable d’attendre, tu n’as aucune patience ! ») et aussi envers soi-même (« c’est vrai, je suis nulle, j’aurais du arriver à l’heure, je suis une incapable »).

On comprend bien que, sur cette base, la conversation ne sera ni constructive, ni harmonieuse.

Allez hop, on met ses oreilles de Girafe

Dans le podcast « Mon cul, ma psy et moi », Emma évoque sa peur du regard des autres. Elle raconte qu’elle cherche en permanence à contrôler son image par peur des jugements.

Mais nous n’avons pas le pouvoir de maîtriser ce qui sort de la bouche de l’autre, et encore moins de l’empêcher de penser ce qu’il veut.

En revanche, nous avons le choix de ne pas prendre ces jugements pour nous, en choisissant consciemment de les traduire en langue Girafe !

Avec les oreilles Girafe, nous n’allons plus jamais entendre de jugement. Nous allons pouvoir les traduire en repérant les besoins non nourris chez l’autre qu’ils cachent. C’est là notre grand pouvoir.

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Magda Ehlers via Pexels

Derrière des paroles dures, il est toujours possible d’entendre la beauté des aspirations de l’autre. Si c’est pas merveilleux.

Quand cet être me donne son jugement sur moi, au fond, qu’est-ce que cela révèle de lui-même ? Quels sont les besoins qu’il ou elle cherche à exprimer par cette stratégie tragique (juger l’autre), la seule que nous connaissons ?

Nous allons aussi pouvoir tourner nos oreilles Girafe pleine d’empathie vers nous-mêmes et observer ce que ces jugements nous font ressentir. Nous allons pouvoir identifier chez nous les besoins non nourris qui font que ces jugements sont (et resteront) difficiles à entendre : besoin de bienveillance, de délicatesse…

Et nous pourrons alors les exprimer, plutôt que de juger l’autre en retour :

« Tu es trop con, tu comprends rien ! »

Voici ce qu’Emma a découvert quand elle s’est reliée avec les besoins fondamentaux qui sous-tendent sa peur du regard des autres. Elle raconte qu’elle craint d’être réduite à des jugements qui aplatiraient toute la complexité de son être ou passeraient à côté de la beauté de ce qu’elle a à offrir.

Nous avons peur des jugements, parce qu’ils nous réduisent à des étiquettes, quand tout ce que nous voulons, c’est partager avec l’autre et être compris.

Je trouve que c’est très beau de prendre conscience du fait que c’est notre envie de partager avec les autres qui est à l’origine de cette peur d’être jugée. C’est notre besoin de connexion qui n’est pas nourri lorsque nous avons le sentiment que l’autre ne nous comprend pas.

Pour se libérer du regard des autres, il est possible d’arrêter de les croire en mettant de côté les oreilles Chacal qui valident les jugements, et en chaussant les oreilles Girafe qui permettent d’entendre les besoins qu’ils cachent. Il est aussi possible de surveiller nos propres jugements pour apprendre à avoir plus d’empathie envers les autres et nous-mêmes.

Et nous n’aurons plus jamais à entendre un jugement.

Et vous, vous faites quoi pour vous libérer du regard des autres ? 

À lire aussi : 4 conseils pour pratiquer la communication non violente

Crédit photo : Wendy Wei via Pexels


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

11
Avatar de Valentina-
9 août 2018 à 01h08
Valentina-
Contenu spoiler caché.
12
Voir les 11 commentaires

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