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Source : Vanessa Loring / Pexels
Parentalité

Comment se lancer à la cool dans la DME : la diversification menée par l’enfant

Très à la mode, la diversification menée par l’enfant est souvent présentée comme une méthode avec des règles strictes à suivre, ce qui peut rebuter ou décourager certains parents. Mais, n’en déplaise aux ayatollahs, on peut faire de la DME sans se prendre le chou kale.

La grande tendance en matière d’alimentation des bébés depuis quelques années, c’est la diversification menée par l’enfant (DME), mais souvent, lorsqu’on se renseigne sur le sujet, on tombe sur une liste de recommandations et de conseils longues comme le bras de choses à faire ou plutôt À NE SURTOUT PAS FAIRE SOUS AUCUN PRÉTEXTE SINON TON ENFANT VA S’ÉTOUFFER AVEC UNE COQUILLETTE ET DÉVELOPPER DES TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE. J’exagère à peine.

Et comme il y en a un peu ras-le-bol de filer de nouvelles injonctions à des parents au bout du roul’, on a décidé d’écrire cet article pour vous aider à y voir plus clair et vous simplifier la vie (sisi, à la base, c’est ça que permet la DME).

Pourquoi la diversification menée par l’enfant a la cote ?

La DME consiste à proposer à son bébé des morceaux de nourriture adapté à ses capacités, et à favoriser au maximum son autonomie pendant les repas. L’enfant va piocher dans son assiette et porter à sa bouche des aliments aux goûts et textures variées dès son plus jeune âge (on y reviendra).

Si elle est aussi à la mode, c’est parce qu’elle a plusieurs avantages pour le développement des bébés, comme l’explique Manon, orthophoniste à Marseille, créatrice du compte Instagram @Daroniefoodclub et autrice du livre « Brocolis, sardines & spaghettis … la DME devient souple et accessible ! » sur l’alimentation autonome.

« La DME développe la motricité fine et éveille au goût. Elle vient mettre en lumière les capacités motrices et oro-motrices de l’enfant, en suivant son rythme. En la pratiquant, on se rend compte qu’un enfant de six mois sait gérer des morceaux. »

Manon, orthophoniste à Marseille

Quand est-ce qu’on peut démarrer la DME ?

Contrairement à ce que votre pédiatre ou mamie pensent peut-être, il n’y a pas de raisons physiologiques de ne filer que des purées et des compotes à un bébé jusqu’à ses 18 mois ou deux ans.

On peut se lancer dans l’alimentation autonome quand on veut, à partir du moment où trois conditions simples sont remplies :

  • l’enfant tient assis avec un minimum d’aide
  • il ou elle apporte des objets à sa bouche
  • il ou elle a l’air intéressé par la bouffe (et notamment, par le contenu de vos assiettes)

En général, ces conditions sont réunies aux alentours de six mois, mais cela peut varier selon les enfants. Et surtout, si vous avez raté le coche, il n’y a aucun problème à se lancer dans la diversification menée par l’enfant plus tard… même si vous avez déjà commencé à lui filer des purées ou petits pots.

Est-ce qu’il y a des règles à suivre pour la DME ?

Je parle de cette histoire de purée, car c’est l’un des faux préceptes qui circulent sur les réseaux sociaux. Les ayatollahs de la DME disent aux jeunes parents flippés que s’ils commencent par diversifier leurs bébés avec des purées dès 4 mois révolus, le passage ensuite à la DME sera dangereux, car le fait de manger des purées aura fait disparaître le réflexe nauséeux (ou gag reflex).

Or, cette idée est complètement invalidée scientifiquement, comme l’explique Anna, orthophoniste au Royaume-Uni, créatrice du compte Instagram @Seedsandcarry et organisatrice d’ateliers « DME mais pas que » pour les parents.

« Dans mes ateliers, je montre pourquoi la DME peut être intéressante pour accompagner le développement moteur des enfants, mais je nuance aussi en expliquant les dérives et idées dogmatiques qu’il y a autour.

Dire « si vous donnez des purées le gag reflex disparait », c’est complètement faux sur le plan anatomique et physiologique. Le réflexe nauséeux ne disparait pas, il recule en fond de bouche, c’est une bonne chose et c’est normal. »

Anna, orthophoniste en Angleterre

Comment différencier un réflexe nauséeux d’un bébé en train de s’étouffer ?

Votre bébé a mis un morceau dans sa bouche, a fait une fausse route et il est présentement tout rouge en train de tousser et de faire du bruit ?

Tout va bien, c’est un gag reflex normal, il fait en sorte de ramener à l’avant de sa bouche l’aliment qui le gêne. Ça peut être impressionnant quand on n’a pas l’habitude, mais vous pouvez le laisser gérer.

Votre bébé a mis un morceau dans sa bouche, il semble manquer d’air, est silencieux voire un peu bleu ?

Il est en train de s’étouffer et il faut réagir vite en suivant les gestes de premier secours (il existe d’ailleurs des formations pour les parents, auprès de la Protection civile ou de la Croix rouge notamment).

Cette fausse idée sur le réflexe nauséeux est aussi combattue par Manon, l’orthophoniste marseillaise qui organise, elle aussi, régulièrement des ateliers sur le sujet.

Elle alerte sur un autre dogme qui circule concernant la DME : celui de ne JAMAIS aider son enfant à manger, sous aucun prétexte, sous peine de le « désautonomiser » ou de le « gaver », parents indignes que vous êtes ! « Le parent propose, l’enfant dispose. » Moui, et quand l’enfant est crevé et/ou les morceaux trop glissants ? On le laisse s’épuiser et se coucher avec le ventre vide ?

« L’important, c’est de suivre son enfant : s’il est fatigué, a besoin d’aide, on l’accompagne, on lui approche la cuillère. »

Manon, orthophoniste à Marseille et créatrice du compte Instagram @daroniefoodclub

DME : que peut-on donner à manger à un bébé ?

Bon OK, bien noté : on peut filer des coups de pouce à son bébé en galère, et mixer les techniques de diversification au fil de la journée. Aucun souci par exemple si votre bébé mange des purées à la crèche ou chez la nounou et se lance dans la grande aventure des morceaux avec vous le soir ou le weekend (quand vous n’avez pas trop la flemme de tout découper).

Mais tout ceci ne nous dit pas ce qu’on peut leur filer à manger en DME ? Quels aliments ? Sous quelle forme et à quel rythme ?

Si vous avez un médecin traitant ou un pédiatre de la vieille école, il vous a peut-être filé une liste longue comme le bras de consignes pour la diversification, avec les grammages précis de ce que votre bébé doit manger et un planning d’introduction des différents groupes d’aliments, aussi complexe qu’une notice Ikea (sauf bien sûr si vous êtes une déesse du montage de commode en contreplaqué).

En réalité, un avis du haut conseil de la santé publique en juin 2020, a simplifié les recommandations officielles en France, en s’alignant sur ce qui se pratiquait déjà au Royaume-Uni ou au Canada : faire découvrir tous les aliments en même temps, en variant les textures, dès 4-6 mois.

C’est donc open bar pour vos mouflets et vous pouvez leur faire découvrir tout ce qui est comestible et vous entoure, en respectant tout de même quelques règles de sécurité alimentaire :

  • pas de produits animaux (viandes, poissons, œufs, charcuterie) insuffisamment cuits (oh non, trop dommage, je vais devoir manger ce tartare toute seule !)
  • pas de miel avant douze mois (risque de botulisme)
  • pas de fromages au lait cru et à pâte molle avant 5 ans (comté : OK, camembert au lait cru : bof)
  • limiter les produits sucrés

« Pour mettre son enfant en réussite, on part de ce qu’il sait faire, donc c’est pas mal de commencer par proposer des aliments fondants, moelleux, facilement écrasables entre la langue et le palais.

Pour des raisons de sécurité, il vaut aussi mieux éviter les aliments qui font la taille du larynx du bébé, qui sont petits, ronds et durs, du type cacahuètes, noix, carottes ou pommes crues… »

Manon, orthophoniste à Marseille

Comment se simplifier la vie en faisant la DME ?

On vous le disait en début d’article, la DME, ça ne doit pas être un truc qui complique la vie encore plus (on a déjà suffisamment de réveils nocturnes à gérer, merci).

Alors, la meilleure manière de faire de la DME, c’est de partir de vos repas à vous, en les adaptant légèrement pour que ça soit préhensible par l’enfant. C’est comme ça qu’on a découvert, à notre grande surprise, que notre fille d’un an adorait le curry de légumes.

Comme ça, vous ne cuisinez qu’une seule fois, et pour les jours de flemme, c’est cool d’avoir quelques trucs tout prêt dans le placard ou le congélateur.

Attention avec la DME à ne pas se rajouter l’injonction de ne faire manger que du frais et du fait maison à son enfant. Les petits pots sont soumis à un cahier des charges strict et tout comme les conserves de légumes et surgelés, ils peuvent bien dépanner.

Anna, orthophoniste en Angleterre

En plus, avec cette organisation là, vous pouvez manger tous en même temps, et c’est plutôt chouette d’habituer les enfants à partager un repas en famille, même si bien sûr les contraintes horaires font que ce n’est pas possible dans chaque foyer, et que tout le monde n’a pas envie de dîner à 19h (moi, j’adore, parce qu’ensuite on a toute une soirée de libre).

Comment s’équiper pour faire de la diversification menée par l’enfant ?

Côté matos, vous n’avez besoin de rien, à part peut-être une bonne chaise haute (évolutive) éventuellement pour que le lardon en chef soit bien installé et en sécurité. Pour s’épargner un peu de corvée de ménage, il existe aussi des grands plateaux avec bavoir intégré qui se pose sur la chaise haute, un peu comme une soucoupe volante. Mais vous pouvez bricoler avec ce que vous avez sous la main (nous on déroule une petite bâche de chantier sur la zone). Un bon chien pour ramasser les morceaux tombés au sol peut aussi faire l’affaire.

Bon, c’est le moment de quand même reconnaître que laisser son bébé manger en (relative) autonomie, c’est salissant. Et quand on est un peu maniaque, ça demande de respirer par le ventre et de lâcher prise quand son enfant commence à se tartiner de l’avocat dans les cheveux.

Les premiers mois, le bébé utilise uniquement ses mains pour se nourrir, mais petit à petit, ça peut être pas mal d’introduire des couverts.

« Les couverts idéaux ont un manche large facilement préhensile, mais un embout fin pour que l’enfant n’ait pas besoin d’ouvrir trop grand la bouche. Et dans le cas des cuillères, il vaut mieux un embout plat, plus facile à vider par l’enfant.

Pour boire, je conseille d’introduire directement un petit verre adapté à la taille de la main des bébés (type verre à shooter en plastique). Plus tôt on passe au verre, mieux c’est. Et si l’enfant ne capte pas le concept au début, il vaut mieux privilégier les tasses ou gourde à paille que les tasses à bec ou 360 qui nécessite de boire avec la tête en arrière dans une position pas très physiologique. »

Manon, orthophoniste à Marseille

Voilà, vous avez toutes les cartes en main pour vous lancer dans l’aventure de l’alimentation autonome. Faites-vous confiance, observez votre bébé et suivez son rythme, vous allez voir, ça va bien se passer !

Et je vous garantis que vous allez partager des moments sympas avec votre enfant, à base de pleines poignées de frometon enfournées dans une bouche grande ouverte, et de spaghettis slurpées comme dans un remake de La Belle et le Clochard.

 


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