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Culture

Ce que j’ai appris en étant jurée d’un Prix pour la bande dessinée

Vous avez toujours eu envie de savoir à quoi ressemblent les délibérations d’un jury ? A fortiori l’un de ceux réunissant le plus de pointures du monde de la culture (je parle bien sûr du Prix BD Fnac-France Inter). Il se pourrait que vous en sachiez un peu plus en lisant cet article…

Cet article a été réalisée en partenariat avec Fnac

Fin 2023, j’ai eu la chance de faire partie du jury du Prix pour la BD Fnac-France Inter, dont Madmoizelle est partenaire. Ça tombe plutôt bien, après la publication de mon premier livre, je suis en ce moment même en train d’écrire une bande dessinée, qui paraîtra aux Éditions Leduc en octobre 2024. C’est un nouvel exercice pour moi, j’étais donc ravie de pouvoir découvrir les dessous d’un Prix, rencontrer des experts de ce domaine et de pouvoir échanger avec eux.

D’autant que, si je suis une très (très) grande lectrice, essentiellement de romans ou d’essais, je ne lis que rarement de la BD. C’était donc un bon moyen aussi de faire de nouvelles découvertes. Et des découvertes, j’ai eu l’occasion d’en faire ! Autant sur des BD que j’ai tout simplement dévorées, que sur ce genre en général.

Voici donc tout ce que m’a appris le fait d’être jurée d’un Prix BD… et qui pourrait sans doute vous donner envie de vous (re)mettre à lire des BD à votre tour !

Une BD, ça se lit vite (même quand c’est un gros volume, et qu’on est pressé·e !)

En recevant la (fabuleuse) sélection du Prix BD Fnac-France Inter, j’ai d’abord pris peur, en voyant ce gros carton trôner au milieu de mon salon : une vingtaine d’ouvrages sélectionnés, que je me demandais déjà quand j’allais réussir à lire…

Il faut dire, et vous êtes peut-être comme moi, que j’ai l’habitude de fuir les volumes qui dépassent les 500 pages. J’ai donc procédé à une pré-sélection en fonction du sujet et ai entamé mes lectures. Et, à ma plus grande surprise, je me suis aperçue que, quelle que soit la taille du volume, une BD peut s’engloutir très rapidement.

Même un très gros volume peut se lire en une ou deux heures !

Alors, si vous hésitez à vous emparer de telle BD ou tel roman graphique, faites-moi confiance : l’épaisseur est un leurre, vous aurez plus vite terminé l’ouvrage que le roman qui traîne depuis trois mois sur votre table de nuit.

Bon, ok, je veux bien que l’on s’entende sur une chose : il reste difficile d’embarquer une BD dans le métro, c’est forcément très peu discret et un peu encombrant…

La variété des graphismes en BD ouvre une palette d’émotions énorme

L’une des chances de faire partie d’un Prix pour la BD est que cela permet d’avoir accès à une très large variété de créations : des thèmes, formats, approches et dessins totalement différents les uns des autres et vers lesquels nous ne nous serions pas tournés initialement. À chaque nouvel album ouvert, un univers visuel unique s’offrait à moi.

Si je suis férue d’art (j’ai fondé un média et un podcast sur les femmes et l’art) et facilement touchée par une peinture, une photographie ou une sculpture, je ne pensais pas que le dessin d’une BD puisse provoquer chez moi autant d’émotions que face à une œuvre d’art. Mais les bédéistes, graphistes et dessinateurs derrière ces ouvrages sont des artistes, et leur coup de crayon peut ne pas nous laisser indifférents… D’autant qu’il peut parfois se créer une véritable unité artistique entre le texte et le dessin (qui sont généralement deux personnes différentes), ce qui rend la prouesse encore plus folle.

Au fil de mes lectures, j’ai pu avoir les larmes aux yeux en lisant Ceux qui me touchent, de Damien Marie et Laurent Bonneau, grâce à un crayonné et un scénario sensibles, rire en découvrant l’histoire derrière Le grand incident, de Zelba, être rebutée en découvrant le graphisme sombre de The Nice House on the Lake, de James Tynion IV et Martinez Alvaro Bueno ou encore m’émerveiller devant un coucher de soleil en pleine page dans Les guerres de Lucas, de Renaud Roche et Laurent Hopman qui était mon grand coup de cœur de cette sélection et qui a remporté le Prix.

On peut aussi apprendre en lisant une BD

Et oui ! Si jusque-là, vous ne lisiez qu’Astérix et Obélix ou Lucky Luke, vous pensiez peut-être qu’on ne pouvait pas trouver de véritables connaissances ou de pédagogie dans une BD. Pourtant, il existe autant de BD et de thèmes qu’il y a d’auteurs et d’autrices de BD !

Il m’a suffi de me saisir de Femme, vie, liberté, le fabuleux ouvrage dirigé par Marjane Satrapi, pour découvrir plus que je ne savais déjà sur la situation politique et sociale en Iran, avec pour point de départ, les événements qui ont suivi l’assassinat, en septembre 2022, de la jeune Mahsa Amini, qui a succombé aux coups de la police des mœurs pour n’avoir pas « bien » porté son voile.

Dans cet ouvrage, aussi beau au-dedans qu’au-dehors, on retrouve des experts et des expertes géopolitiques, mais aussi un grand nombre de dessinateurs et dessinatrices. On ne ressort pas indemne de cette lecture, mais surtout, on ferme cet ouvrage un peu plus renseigné sur le sujet et paré·e pour mieux comprendre les enjeux d’une telle situation.

Et il existe bien évidemment pléthore de BD sur des sujets extrêmement variés, de l’économie à la politique en passant par des biographies d’artistes et de personnalités de tous horizons. Bref, si vous voulez apprendre et vous divertir, la BD, c’est parfait.

Les délibérations d’un jury, ça ressemble un peu à un BookClub bien animé

Après avoir lu les ouvrages sélectionnés, consigné dans mes notes mes coups de cœur pour pouvoir les défendre au mieux, le jour J est arrivé. Nous étions un jury d’une grosse dizaine de personnes, journalistes, libraires, critiques BD… réunis à Paris pour échanger et enfin, sélectionner le ou la grand·e gagnant·e du Prix.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, à quoi ressemblerait le « process » de sélection du ou de la lauréat·e ?

La réponse est très simple : les délibérations ressemblent à un grand BookClub bien animé de passioné·es, et pas n’importe lesquels, à commencer par la marraine et coprésidente du jury, la journaliste Rebecca Manzoni. Parmi les juré·es, on pouvait aussi croiser des spécialistes de la BD de divers autres médias (France Inter évidemment, les Inrocks, Konbini, BDGest, le Parisien…) mais aussi un influenceur, Sébastien Abdelhamid.

Certains sont sûrs de leur coup de cœur, d’autres hésitent, d’autres, encore, s’expriment plus, ou moins… Tous et toutes sont, en tout cas, passionné·es de lecture ou de dessin. On discute du fond, de la forme, de l’intérêt ou non de primer l’ouvrage. Si l’on tient à défendre son coup de cœur, il faut y aller de nos arguments, emporter l’adhésion d’autres membres, ne pas plier. C’est amusant, tout en étant très instructif à la fois, car on se rend compte qu’il y a autant de manières de lire une BD qu’il y a de lecteur·ices, et autant de manières de l’interpréter. Bref, c’est très enrichissant.

Au bout de quelques heures, un premier vote, puis, si cela est nécessaire, de nouveaux échanges, et enfin, un titre qui sort du lot, de manière évidente ou pas.

Cette année, c’est donc la BD Les guerres de Lucas, de Renaud Roche et Laurent Hopman qui a été primé. C’est un ouvrage qui est riche et parlera autant aux amateur·ices de Star Wars qu’aux personnes qui, comme moi, ne connaisse rien, ou presque, à la saga. C’est aussi une somme précieuse qui met en lumière une époque, une histoire du cinéma dans laquelle prend place un groupe de jeunes cinéastes qui vont devenir les plus grands artistes du septième art mondial : George Lucas évidemment, Francis Ford Coppola, Steven Spielberg… Un must-read, assurément !

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