Tous les ans, à la fin du mois de janvier, lorsque le lac se recouvre d’une fine pellicule de gel, Gérardmer voit débarquer des centaines de cinéphiles en moon boots.
Amateurs d’horreur, de science-fiction, de drames étranges et de raclette, les festivaliers se pressent pendant cinq jours aux abords du lac pour découvrir la fine fleur des films de genre qui paraîtront, pour certains, dans l’année.
Mercredi 26 janvier, lors d’une nuit opaque et glacée, le festival a donné le coup d’envoi de sa 29è édition.
Les élus locaux se sont succédés pour de longs discours, rendant hommage à feu Gaspard Ulliel, président du jury de l’édition précédente, et accueillent de nouveau ses aficionados, après une année 2021 où l’événement s’était tenu entièrement à distance.
Et pour démarrer cette édition masquée, c’est le film Eight for Silver, déjà présenté au festival de Sundance, qui a été projeté, pour le meilleur et pour le pire.
Eight for Silver, l’argent et la reddition
Au XIXe siècle, dans la campagne française, une poignée d’hommes entendent bien exterminer les quelques gitans qui peuplent « leurs » terres.
Pour cela, ils n’y vont pas de main morte, et les déciment carrément, à force barbarie.
Un homme est même amputé de ses mains et de ses jambes avant d’être hissé sur une longue tige de bois, qui servira d’épouvantail. Quand à la vieille femme au dentier d’argent, la sorcière de l’histoire, elle est enterrée vivante.
Après ce sauvage assassinat, Seamus Laurent — l’un des meurtriers — et sa femme, découvrent que leur petit garçon a été violemment mordu au cou. L’enfant essuie par la suite une énorme fièvre avant de s’enfuir dans la forêt.
Là démarre une salve de meurtres infâmes, dont John McBride, épidémiologiste, est persuadé qu’ils sont l’œuvre de la même bête qui a dévoré sa propre famille dans le Gévaudan.
Évidemment, John se met le doigt dans l’œil…
Eight for Silver, en demi teinte
Il y a des films qu’on dit adorer ou détester sitôt que l’on sort de la salle de cinéma, avant de changer notre fusil d’épaule après une bonne nuit de sommeil.
C’est ce qui a été le cas avec Eight for Silver, dont on a trouvé le visionnage pénible… avant de lui attribuer tout un tas de qualités au réveil.
En effet, ce long-métrage signé Sean Ellis (qui est venu le présenter lui-même) est absolument désorganisé, se perd régulièrement dans ses propres limbes à force détails rigoureusement superficiels, mais demeure une proposition singulière sur la xénophobie, dont il faut reconnaître que la photo la sauve du naufrage.
D’autant plus que ce drame alambiqué — qui combine à lui seul une créature organique inspiration The Thing de John Carpenter, une sorcière aux dents d’argent, la guerre, la bête du Gévaudan et des bondieuseries — a une corde non négligeable à son arc, et elle s’appelle Kelly Reilly.
L’actrice britannique, découverte en France grâce à son rôle dans L’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, œuvre ici tout en retenue, et rend à elle seule ses lettres de noblesse à Sean Ellis, ovationné en 2013 pour son film Metro Manila.
Quoi qu’il en soit, Eight for Silver est un film dense, sans doute un peu indigeste, qui ne manque cependant pas d’idées.
Pour l’heure, on est certaine de ne pas garder ce film en mémoire bien longtemps mais on pas aucun doute sur le fait que le reste de la compétition nous émerveillera davantage.
Eight for Silver sortira prochainement au cinéma.
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