J’ai toujours eu peur des araignées. Je ne sais pas trop pourquoi. Je n’ai jamais été piquée, jamais été attaquée, mais je déteste les araignées. Déjà que tout ce qui a plus de quatre pattes me rend méfiante, huit c’est trop. On va dire que c’est ça.
Plus de quatre pattes = l’enfer sur Terre.
J’ai beau avoir passé une bonne partie de mon enfance à la campagne (enfin, pendant les vacances quoi), je ne me suis jamais habituée aux bestioles qui courent, qui grimpent, qui sautent, qui volent et qui se planquent. Brrr. Surtout pas aux araignées.
L’arachnophobie paralysante de mon enfance
Quand j’étais gosse, mon arachnophobie était un fléau. Mes parents ont toujours eu un jardin, donc c’était normal que des bêtes s’invitent dans la maison, surtout en été et malgré les moustiquaires soigneusement installées par mon père.
L’attrait des soirées bucoliques, la malédiction des bestioles
Que ce soit chez moi ou dans la maison de mes grands-parents, au cœur des Vosges, les araignées étaient des rencontres courantes. Il n’y a pas dans mon entourage de gros•se fan de ces êtres ignobles, mais la plupart de mes proches se contentent de les chasser d’un coup de balayette, ou de les écraser si vraiment il n’y a pas d’autre solution.
Moi, elles me paralysaient.
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Je ne sais pas pourquoi la vision d’une araignée me fait un tel effet, alors qu’un gros scarabée ou une mante religieuse a plus tendance à me fasciner. Mais ce ramassis de pattes et de corps me bloquait totalement, quand j’étais plus jeune. Peu importait qu’elle soit grosse, fine, petite ou massive, une araignée, c’était une source de terreur pure.
Je finissais toujours par appeler mes parents en gémissant de trouille, même à 3h du matin. J’étais incapable de me débarrasser seule de cette invitée malvenue.
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Comment mon arachnophobie a failli me tuer (enfin pas loin)
En grandissant, j’ai essayé d’être autonome. Un peu par choix, un peu par obligation.
La première fois que je me suis sentie comme la dernière des idiotes à cause de mon arachnophobie, c’était quand j’avais 20 ans. Ça faisait déjà quatre ans que j’avais quitté le domicile familial, mais j’y étais revenue pour un week-end.
À une heure du matin, j’ai levé le nez de mon Stephen King, prête à aller dormir, et je l’ai vue. Cette grognasse. Une belle araignée de jardin, posée sur le mur au-dessus de mon bureau comme si elle payait un loyer et la moitié de la taxe d’habitation. Une belle enflure, ouais.
Il était temps d’être adulte. De grandir. J’ai été choper la bombe anti-araignées, j’ai essayé de me donner du courage en me répétant que non, elle n’allait pas sauter du mur jusque sur moi, et j’ai commencé à l’intoxiquer. Ça a marché : elle s’est recroquevillée sur le mur, visiblement proche du décès…
…et elle a commencé à cavaler. J’ai paniqué. J’ai pas arrêté de la bomber, jusqu’à m’intoxiquer moi-même (je ne pouvais pas ouvrir la fenêtre car elle était ENTRE la fenêtre et moi, cette connasse). Le produit s’installait dans mes bronches à chaque inspiration effrénée.
Ma chambre, sur la fin.
Ma mère a été réveillée par mes quintes de toux chargées de produits chimiques, a buté l’araignée d’un coup de savate bien placé, ouvert ma fenêtre et m’a forcée à m’aérer les poumons sur le balcon pendant vingt minutes avant de retourner me coucher. Pas simple la vie d’adulte.
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L’évolution de mon arachnophobie
Des moments comme celui-ci, j’en ai eu plusieurs.
Il y a eu la fois où j’ai sangloté pendant une heure, au cœur de la nuit, face à une araignée que je n’osais pas aspirer à cause de la peur panique qu’elle ne saute sur le tuyau pour me courir dessus. Le jour où on a fini debout sur mon canapé avec mon copain (arachnophobe aussi) de l’époque pendant que mon chat coursait une horreur à huit pattes. L’insomnie de l’araignée que tu vois, puis que tu ne vois plus.
Mais plus ça va, plus j’en ai marre d’être incapable de me contrôler face à la moindre araignée. Je ne veux pas devenir la meilleure pote de ces bestioles, être de ces gens étranges qui les prennent dans leurs mains ou les laissent courir sur leur peau, mais j’aimerais au moins être moins paralysée par cette peur incohérente.
Alors j’ai appris à prendre sur moi. Ça a commencé par la taille : à présent, les araignées vraiment petites (genre plus qu’une pièce de 20 centimes) ne me dérangent pas trop. Je peux même les chasser d’une pichenette sans craindre pour ma vie. Pareil pour celles qu’on appelle les « faucheux » : leurs longues pattes très fines ne m’inquiètent pas.
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Face aux monstres de jardin, je suis toujours très angoissée mais je lutte contre la paralysie qui m’envahit. Je me souviens qu’il faut agir vite et bien, avant que l’araignée ne soit hors de ma vue. Je préfère dégainer rapidement l’aspirateur ou la bombe anti-insectes et dormir (à peu près) sereinement une fois la situation réglée.
C’est pas encore la fin d’une phobie, mais la terreur est maintenant une « simple » angoisse et c’est déjà ça ! Dis-moi tout : tu as peur des araignées, toi ? Tu as réussi à gérer cette phobie ?