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Wassup Rockers

Alors même qu’il se place dans la lignée des précédents films de Larry Clark par son intérêt pour les ados en tout genre, Wassup Rockers annonce tout de suite la rupture par l’absence de la censure qui accompagne habituellement les films de l’Américain. Or ce changement auquel on peut s’attendre dès le départ, on s’en rend compte assez vite.

Parce que ce film peut être divisé en deux parties. Or, aucune des deux ne se range à la suite des films de Larry Clark – ce qui, bien entendu, pourrait être vu aussi bien comme un point positif que négatif.

La première jette un œil, ce qui est désormais trop peu original, sur le quotidien d’un groupe de sept jeunes latinos d’un ghetto proche de Beverly Hills. Qui dit quotidien dit bien entendu banalité voire ennui. Larry Clark y va donc à coup de plans fixes sur le groupe de jeunes consacré à diverses activités qui leur valent pour la plupart ce qualificatif de « rockers » auprès des Noirs en baggy de leur quartier : skate, répétitions, discussions à propos de sexe autour d’une bière, voire amusante partouze imaginée avec des personnages en plastique.

Bref, rien de captivant. Pourtant il semble depuis Elephant et autres que ce quotidien soit synonyme de succès auprès du public. Et c’est là le problème : Larry Clark donne l’impression de se complaire dans ce nouveau style supposé efficace, de se contenter d’en reproduire les techniques désormais établies. Même quand il filme une certaine action, comme par exemple les longues scènes durant lesquelles les sept garçons font du skate, on a sans doute une impression de déjà vu qui remonte au film Les Seigneurs de Dogtown, et nous empêche de profiter de cette première partie peut-être réussie ; au même titre d’ailleurs que la musique, insupportable, qui fait plus mal aux oreilles qu’elle ne colle à l’image.

Quand les sept latinos décident de partir une journée faire du skate à Beverly Hills et après une longue scène où on les voit effectuer nombre de sauts, le film prend un autre tour. Du quotidien de ces jeunes du ghetto, on passe à une sorte de satire sociale faite d’une façon assez grotesque par accumulation. Désormais les sept jeunes se heurtent à la police et au monde friqué de Beverly Hills : flic ridicule, jeunes adolescentes jolies dans leur grande villa toute rose, bobos à une soirée à l’air aussi stupide que loufoque, acteur qui tire et réfléchit ensuite. Bref, tous les clichés de la société américaine, desquels Larry Clark tire sa seconde partie, bien plus réussie, en y introduisant les sept petits latinos ; et ni leur groupe ni les riches n’en ressortent indemnes.

Là l’action s’accélère nettement, les péripéties ne cessent de s’accumuler à un tel point que les rebondissement qui s’ajoutent les uns aux autres finissent par devenir presque grotesques, et tout autant réussis, au moins dans la mesure où Wassup Rockers devient à partir de là nettement plus original.

Larry Clark n’oublie pas son passé de photographe, filme les corps et les visages de près dans cette seconde partie aussi, comme par exemple dans une scène relativement longue de plans alternés entre le visage d’une des jeunes filles habitant dans une villa de Beverly Hills, habillée tout en rose et au visage parfait – on serait tenté de dire pur – et celui du latino, lui habillé en noir, chevelu, aux dents tordues, etc. Ils discutent, comparent leur mode de vie sur un ton très insouciant. Seule scène peut-être, notamment par sa longueur, qu’on peut considérée comme vraiment réussie, au service du tout.

Mais on peut dire que ce film est globalement assez raté, parce que même si la satire par son originalité – relative – relève un peu le niveau de la première partie, il semble qu’en rompant avec ses thèmes et techniques de prédilection, Larry Clark se soit lancé dans une voie bien trop connue et reconnue ; donc probablement inutile parce que n’apportant rien de particulier, rien qui n’ait déjà été fait ou vu ; et l’action presque trop excitée ne sauve en rien les ratés de Wassup Rockers.

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