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Trop ou pas assez “féminine” : quand tes collègues passent leur temps à juger ton apparence

Ras-le-bol des commentaires de tes collègues sur tes tenues ? Cet article devrait t’intéresser…

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Avant le lancement de Rockie, j’avais demandé à nos abonné·es à la newsletter (si tu n’en fais pas partie, tu peux t’inscrire ici) de me parler de leurs expériences de travail dans un milieu majoritairement masculin.

J’ai reçu énormément de témoignages, et parmi eux, plusieurs femmes m’ont raconté qu’elles faisaient attention à la manière dont elles s’habillaient.

Pour éviter les remarques ou les regards gênants, elles renonçaient par exemple à porter des jupes ou des décolletés.

Juger le professionnalisme d’une femme à la longueur de sa jupe

Ça m’a surprise trente secondes -j’ai la chance d’avoir travaillé dans des environnements plutôt cools- puis ça m’a mise en colère. J’enrage de constater que des hommes (et parfois des femmes) se permettent encore en 2019 de juger le professionnalisme ou la moralité d’une femme à la longueur de sa jupe et à la profondeur de son décolleté.

Et pas la peine de venir me rétorquer que les hommes aussi ne peuvent pas s’habiller comme ils le veulent au travail.

Certes, il y a des milieux où le costume/cravate est obligatoire, mais si un homme décide de venir bosser en short ou en débardeur, il est quasiment certain de ne recevoir aucune allusion à sa sexualité, son corps ou sa vie privée.

On le gratifiera tout au plus d’un petit “alors, c’est les vacances ? On vient en mode touriste ?”, avant de lui lâcher la grappe.

Côté femme, c’est plus compliqué, en particulier pour celles qui bossent avec une majorité d’hommes.

“Lorsque je me maquille ou que je me mets en robe, on me demande instantanément pourquoi, si je sors ce soir, etc. Certains collègues se permettent de juger mes tenues en me disant que ma robe est trop courte, ou mon décolleté trop profond”, raconte Kelly qui bosse dans un bureau d’étude.

« Fais un effort »

Et quand elle vient travailler avec un look moins sophistiqué, ça ne va pas non plus. “On me dit que je devrais ‘faire un effort’”. Bref, dans son entreprise, les femmes sont “constamment critiquées pour leur apparence”.

Afin d’éviter ça, certaines femmes décident de changer de manière de s’habiller. Céline, par exemple, ne porte quasiment plus de soutien-gorges dans la vie de tous les jours… Sauf au boulot, car elle a “trop peur de la réaction de [ses] collègues, des vannes et des regards”. Elle évite aussi les jupes “pour ne pas [se] prendre de remarques”.

L’analyse de l’experte

Mathilde Groazil est diplômée en études de genre et directrice du conseil chez Social Builder, une startup sociale qui construit la mixité et l’égalité femmes-hommes dans les métiers du numérique.

“J’aimerais pouvoir conseiller aux femmes de faire ce qu’elles veulent, de s’habiller comme elles le sentent, en fonction de ce qui leur convient, sauf que ce n’est malheureusement pas toujours possible. Il y a eu de nombreux exemples en politique (un univers professionnel historiquement très masculin) : la robe à fleurs ou le jean de Cécile Duflot, la coiffure de NKM, le décolleté d’Aurore Bergé, etc.

La stigmatisation du corps et de la « féminité » est un poncif. C’est extrêmement compliqué : la société demande aux femmes qu’elles épousent les représentations codifiées de la « féminité », les réduit même à cette injonction et quand elles endossent ces schémas, elles sont pointées du doigt !”

Quelle tenue au travail pour être enfin prise au sérieux ?

Au début de sa carrière dans l’industrie automobile, Léonie a vécu une expérience désagréable qui lui a fait passer l’envie de reporter des robes au travail pendant un certain temps. “Je portais une petite robe d’été légère et les regards chelous d’un collègue m’ont fait me sentir sale”, se souvient-elle.

La trentenaire a aussi souvent eu le sentiment d’être moins prise au sérieux avec une tenue dite “féminine”. “Si tu portes des baskets on t’écoute, tu dis la même chose avec des talons aiguilles, bah tu ne sais plus de quoi tu parles”, illustre Léonie.

Même son de cloche du côté de Lucie qui explique qu’elle évite les jupes, robes ou décolletés lors de ses déplacements sur les sites industriels. “D’abord pour qu’on m’écoute, et ensuite pour éviter des blagues un peu lourdes” – comprendre, les allusions sexuelles.

Parfois, les collègues pensent sincèrement te faire des compliments qui vont te faire plaisir. Sans avoir conscience qu’ils peuvent susciter du malaise chez leurs collaboratrices (surtout si c’est de manière répétée – genre À CHAQUE FOIS que tu portes une robe).

“J’ai eu du mal (et j’en ai toujours avec certains collègues) à ce que l’on me perçoive comme une personne et non comme un objet sexuel”, regrette Camille, technicienne en réparation dans l’aéronautique. “Au début, je faisais très attention à ne pas être trop féminine pour qu’ils me respectent dans mon travail”.

« Je fais ce que je veux »

Les collègues masculins ne sont pas les seuls à se permettre des petites réflexions. Certaines femmes le font aussi, en face ou par derrière. “J’en ai déjà entendu qui critiquaient des collègues qu’elles jugeaient trop maquillées ou trop aguicheuses”, raconte Kelly qui a décidé de ne plus rien laisser passer. “Je répète à tous, homme ou femme, que je fais ce que je veux, que je m’habille comme je veux et que s’ils ne sont pas contents c’est pareil”.

Il faut dire que renoncer à s’habiller comme on le désirerait n’est pas sans conséquences. “J’ai rencontré une femme qui travaillait également dans un milieu masculin et n’osait plus porter de jupe au travail. Elle a admis que cela avait beaucoup impacté son estime d’elle-même”, poursuit Camille. “Cela peut paraître dingue mais sur le moment, je l’ai très bien comprise”.

Heureusement, avec l’expérience et les années, il devient souvent plus facile de porter ce qui nous plaît, comme Adeline, 30 ans. “J’ai évité en début de carrière de porter des décolletés… maintenant que je suis plus affirmée, je fais ce que je veux”.

“Avec mes quatorze années d’expérience dans ce monde d’homme, aujourd’hui, j’ai les armes pour réagir”, se réjouit Léonie. “Porter un jean, un gros sweat et des baskets ou une jupe crayon, un chemisier et des talons aiguille ne me définit pas. Cela ne me rend pas moins intelligente ou moins douée”.

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