Rendez-vous chez « Matysen » pour tester votre acuité auditive ! Vous pouvez le faire avec ou sans casque, et cela ne vous prendra que quelques secondes (cliquez sur l’image) :
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Acuité auditive : 100%. Et pourtant…
Vous l’aurez compris, ce « test auditif » est en fait une campagne de lutte contre le viol en Belgique. Si comme moi, votre audition est parfaitement fonctionnelle, vous entendez « non » très clairement, même à faible volume.
Et pourtant, un sondage réalisé en janvier 2014 auprès de 2000 Belges donne des résultats préoccupants :
- 56 % des Belges connaissent au moins une victime de violences sexuelles graves
- 24,9 % des femmes ont été ou sont exposées à des relations sexuelles forcées par leur partenaire/conjoint.
- Une femme sur quatre a été victime de harcèlement physique dans un lieu public
- 7 % des femmes ont été victimes de relations sexuelles imposées par leur supérieur hiérarchique
- 7 % des femmes ont été victimes d’abus sexuels par un adulte quand elles étaient encore mineures
- 24,4 % des femmes victimes de violences sexuelles banalisent ces violences : c’est à dire qu’elles ne les considèrent pas ou plus comme « graves » ni « très graves ».
Une dernière, qui glace le sang :
- Deux femmes sur six victimes de violences sexuelles graves n’ont jamais entrepris la moindre démarche, pas même celle de se confier à une connaissance.
Un tiers des femmes victimes de violences sexuelles sont restées dans le silence. Celles-ci, personne ne les entend. Mais même pour celles qui parlent, il n’est pas certain qu’elles se sentent écoutées. Les viols dénoncés sont en baisse en 2013 en Belgique : 3787 viols dénoncés contre 4038 en 2011. Pas sûr que cette baisse signifie que le nombre de viols a baissé, compte tenu des statistiques alarmantes citées ci-dessus.
« Non, c’est non »
Le meilleur moyen de lutter contre le viol, c’est encore de s’adresser à ceux qui les commettent, qui ignorent le consentement (ou l’absence de consentement) de l’autre.
Bien sûr, tous les viols ne comportent pas un « non », et il est important de rappeler que ne pas dire oui, ne pas consentir, devrait TOUJOURS suffire. Mais cette campagne a le mérite de poser le doigt sur un problème spécifique : le « non » qui n’est pas écouté, qui est ignoré.
Grâce au test d’acuité auditive d’Amnesty Belgique, vous venez de confirmer votre capacité à entendre un « non ». La lecture des statistiques du sondage vous démontre l’importance d’écouter et de respecter ce « non ». Alors, qu’y a-t-il de si difficile à entendre dans ce message ?
– Merci à Tapioca de nous avoir signalé cette campagne !
Pour aller plus loin :
- Le harcèlement de rue, cette épuisante banalité
- Je veux comprendre… la culture du viol.
- Messieurs, l’égalité hommes-femmes ne se fera pas sans vous
- Stop au déni : la campagne contre le victim-blaming
Les Commentaires
Faire des pubs chocs, peut-être (et encore), mais là c'est seulement de la publicité MENSONGERE.