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Sur TikTok, les kinks s’assument sans souci et ça se reflète aussi « dans la vraie vie »

Sur TikTok, et grâce au coup de pied au cul offert par la pandémie, les internautes normalisent les kinks et crient haut et fort qu’ils et elles sont plus horny que jamais. Cette sex-positivité se retrouve-t-elle au-delà des timelines ?

Dans la vie, c’est bien simple : il y a deux teams. Celles et ceux qui dont la libido a été négativement affectée par la crise sanitaire et celles et ceux que la pandémie a rendu plus excités que jamais.

Sur TikTok, c’est la seconde équipe qui gagne du terrain : entre deux danses virales et conseils de gourous spirituels, des vidéos POV (action filmée du point de vue du ou de la protagoniste) montrant des personnes cracher sur leurs écrans, malaxer des mélanges gluants d’ingrédients de manière équivoque ou encore parler de leur fantasme de se faire pisser dessus sont devenues une vraie tendance !

Là où dans la vraie vie, avouer aimer se faire crachoter dans la bouche reste encore un petit tabou qu’on ne partage pas souvent au détour d’un repas de famille, sur les applis sociales, certains et certaines n’hésitent pas à étaler leurs kinks avec humour au monde entier — et à visage découvert.

Alors pourquoi cette sex-positivité décomplexée est-elle plus acceptée et acceptable en ligne et pas dans la vie de tous les jours ?

Des tiktokeurs et tiktokeuses plus horny que jamais

Par ennui ou manque d’interactions sociales, pendant le confinement, celles et ceux dont la libido n’était pas en berne bouillonnaient de désir comme des cocottes-minute prêtes à exploser.

Et sur TikTok, ça se ressent. Recluses et excitées, des milliers de personnes ont téléchargé l’application pendant les périodes d’isolation à la recherche de contenus divertissants. Si bien qu’une communauté à part entière est née, sous la houlette des hashtags #kinktok ou #kinktiktok qui amassent des milliards de vues !

D’après un article de Vice, la pandémie ayant entraîné la fermeture des événements BDSM dans la vraie vie, les adeptes de ces pratiques se sont donné rendez-vous sur la plateforme.

Résultat ? Si vous avez quelques préférences sexuelles jugées peu conventionnelles, il est fort à parier que vous êtes déjà tombée sur des vidéos parlant de pegging (sodomie), de face-sitting, de porno entre robots, de shibari ou du fameux test BDSM créé en 2014 — souvent avec humour ! C’est par exemple le cas de cette jeune femme qui racontait face caméra avoir fait exprès de se faire piquer par une méduse pour se faire pisser dessus.

Cette tendance s’est frayée un chemin jusque dans les contenus food de l’application. On y retrouve tout un tas de recettes volontairement sales ou gluantes et des ingrédients maniés avec sensualité ou brutalité pour évoquer des choses plus salaces qu’un poulet rôti ou qu’un gratin dauphinois.

Vice explique cette mode :

« La plupart des sites de ce type s’intéressent au “sploshing”, un fétiche qui fait partie de la catégorie “mouillé et sale”. Le sploshing consiste généralement à prendre du plaisir à l’expérience et à la vue de l’immersion de soi-même ou d’une autre personne dans des substances alimentaires. »

On n’est pas censés jouer avec la nourriture, mais sur TikTok, le maniement érotique des aliments mêlé à la tendance du food porn fascine.

Tout ça, selon le magazine, c’est aussi grâce aux travailleuses du sexe qui ont clairement pavé le chemin en dédramatisant et en démocratisant des pratiques et des termes liés à la sexualité positive.

https://www.tiktok.com/@domme_claire/video/7007379532747443457

Et dans la vraie vie ?

Même si une poignée de personnes s’offusque de la viralité de ce genre de contenus, notamment parce que TikTok est une application très utilisée par les plus jeunes voire les enfants, d’autres arguent qu’avec un simple contrôle de l’âge des internautes, ces vidéos peuvent être bénéfiques — y compris pour la sexualité IRL.

Car la normalisation des kinks sur la plateforme encouragerait en partie le mouvement sex positive dans la vie réelle. Pour la sexologue Laura Miano, interrogée par Vice, des changements sont à prévoir :

« Ces fétiches existent pour une raison précise. Ils peuvent être sexuellement excitants et faire appel à certains de nos désirs les plus primaires. Ce qui nous a le plus empêchés de les normaliser, c’est la stigmatisation sociale qui les entoure.

Il aurait été difficile pour quelqu’un d’être la première personne à dire à ses amis ou à son partenaire qu’il s’intéresse à ce genre de kink. Avant TikTok, personne n’en parlait vraiment.

La stigmatisation est souvent motivée par la peur, mais quand tel nombre de personnes partagent votre point de vue, cela devient beaucoup moins effrayant. Tout cela rend beaucoup plus facile la discussion et l’exploration avec des personnes en dehors d’Internet. »

Femme prenant un selfie et tirant la langue

Le fait de voir défiler des vidéos à propos de kinks sexuels et de fétiches qui accumulent des millions de vues et de commentaires approbateurs a permis à certaines personnes de se sentir validées et plus safe de partager les leurs.

Quand elles ne se font pas censurer par TikTok ou qu’elles ne partagent pas de fausses informations, les personnes kinky brisent la stigmatisation qui colle à la peau du BDSM en parlant de sujets souvent considérés comme intimes, voire honteux.

Une déconstruction probablement encouragée par les réflexions féministes autour de la sexualité, mais aussi par l’avènement de stars féminines de plus en plus ouvertes à montrer leur désir et leur plaisir ! Vice ainsi raconte :

« L’évolution actuelle de l’humour autour des kinks est portée par les jeunes femmes, en particulier les femmes noires. La sortie de WAP par Cardi B et Megan the Stallion en 2020 a peut-être été le moment décisif le plus évident pour la déclaration effrontée de la sexualité des femmes, avec son rythme énergique mis en avant par des paroles délicieusement horny. »

Gros hic cependant, des personnes ne voient pas cette normalisation du meilleur oeil et s’inquiètent des conséquences pas toujours roses de tels contenus :

« Un TikTok trouvé sous #chokeme [#etranglemoi, ndlr], par exemple, dit : “things girls want but won’t ask for” (les choses que les filles veulent mais ne demandent pas), listant l’étouffement, le tirage de cheveux et les bleus. Selon les critiques, cette vidéo brouille la ligne du consentement et pourrait entraîner une augmentation des violences sexuelles chez les adolescents. »

La normalisation des kinks en ligne peut les rendre plus acceptés dans la vraie vie, en somme, mais attention : de la démocratisation à la pression, il y a une ligne à ne pas franchir !

À lire aussi : Pegging, domination, voyeurisme… 4 lectrices racontent leurs fantasmes inavoués

Crédits photos : Anastasia Shuraeva et Andrea Piacquadio (Pexels)


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Les Commentaires

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Avatar de Budgies
14 janvier 2022 à 12h01
Budgies
Eh, je fais partie des sceptiques.
Je ne suis pas la dernière à avoir de drôles de fantasmes, y compris depuis l'adolescence, mais pour moi, ce sont des choses qui se partagent avec ses partenaires sexuels (ou potentiels partenaires) uniquement, ou dans des cercles initiés/dédiés. L'argument du "il y a quelques années, on aurait jamais osé en parler à nos amis"...sorti du contexte d'un jeu de "Je n'ai jamais" complètement bourré, j'avoue que la dernière que j'ai envie de savoir c'est que tel ami est excité par le caca ou de voir quelqu'un porter un collier "d'esclave" en public. Merci de ne pas impliquer des gens qui n'ont rien demandé dans vos fantasmes (et ça vaut aussi pour la meuf qui se vautre dans les méduses pour se faire uriner dessus) (d'ailleurs, le pipi ne sert à rien contre les méduses, ne vous laissez pas avoir par des gens qui vous proposent de leur pisser dessus ou de vous pisser dessus :lunette.
Une plateforme publique, avec une audience variée, voire particulièrement jeune n'est pas un lieu approprié pour ça.
Voir du contenu sexuel par inadvertance n'est jamais une bonne expérience, quand c'est du contenu sexuel violent ou volontairement "dégoûtant", ça me semble encore pire.
J'ai un peu peur qu'une trop grande "normalisation" conduise à penser que c'est la norme, justement. Qu'une jeune fille se dise que si elle couche avec un mec de son âge, il aura sans doute envie de lui cracher dessus et que ce serait normal. Ou que cela pousse certains couples à essayer des choses qu'ils n'auraient pas imaginé par eux-mêmes, parce que "tout le monde" le fait, et est-ce que c'est si différent de s'inspirer de quelqu'un sur Tiktok qui dit que se faire gifler c'est le pied, ou de s'inspirer du magazine féminin qui donne des conseils de lingerie sexy ? (spoiler, oui), et que ce soit dommageable pour au moins une des personnes impliquées.
D'ailleurs, je pense surtout à des conséquences émotionnelles voire psy, type traumatismes, mais il y a de plus en plus de cas d'hommes qui tuent une femme en l'étranglant et disent ensuite, que ce soit vrai ou non, vérifiable ou non, que c'était un accident, que c'est elle qui le voulait, que c'était sexuel.
Une policière canadienne en 2015, une touriste anglaise en 2018 en Nouvelle Zélande, une autre femme anglaise en 2021, une adolescente anglaise de 17 ans en 2018, encore une autre femme anglaise en 2016, une adolescente de 14 ans en Haute-Garonne en 2018, encore une anglaise en 2009, une autre en 2010, une femme à Montpellier en 2021...
Un article en français sur ce problème qui cite notamment : "38% des femmes britanniques de moins de 40 ans ont été maltraitées pendant des rapports sexuels : précisément, elles ont été giflées, étranglées, bâillonnées et/ou se sont fait craché dessus contre leur gré" ; "13% des 14-17 ans sexuellement actives ont subi un étranglement". Notamment pour ce dernier chiffre, difficile de ne pas y voir une influence du porno et des discours de normalisations sur les réseaux sociaux.
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