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Amours

Sophie, 39 ans : « J’essaye de soigner ma dépendance affective » 

Chaque semaine dans Célib, des personnes de tous genres nous racontent les joies et les questionnements de leur célibat, qu’il soit choisi ou subi. Aujourd’hui, c’est Sophie qui, après une enfance difficile et une relation de sept ans, apprend à soigner sa dépendance affective et à reconstruire son estime de soi. 
  • Prénom : Sophie
  • Âge : 39 ans
  • Lieu de vie : en pleine campagne, dans un village de 1 600 habitants 
  • Orientation sexuelle et/ou romantique : hétérosexuelle

Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ? 

J’ai rompu il y a deux mois après une relation qui a duré sept ans.

Je suis née dans une famille dans laquelle mes parents entretiennent une relation sens dessus dessous (tromperies, communication violente et négative, dénigrement, inversion des rôles, les enfants deviennent les confidents, instabilité des deux parents et impossibilité pour eux de voir autre chose que leur couple). Le manque d’attention et de stabilité a créé chez moi de la peur et de l’insécurité.

J’ai été victime de viol à l’âge de douze ans, ce qui a accru ma peur et mon insécurité, et engendré une très faible estime de soi. Cette enfance a fait de moi une femme dépendante affective. 

Ma première relation a duré douze ans, je suis devenue maman très tôt. J’ai fini par mettre fin à cette relation car je n’avais plus de sentiments, je me sentais écrasée. 

Ma deuxième relation – la dernière en date, donc – a duré sept ans. Elle s’est enchaînée rapidement avec la précédente. La dépendance affective a refait surface et malgré mes sentiments sincères, j’ai fini par devenir exécrable à force de demandes de « preuves » d’amour. J’ai l’impression de me donner à fond, de tout donner, de m’investir jusqu’à l’épuisement. Il m’a quittée, n’en pouvant plus. Le choc de cette rupture m’a fait réagir. Je me suis demandé : « Mais qui est cette meuf horrible ?! »

J’ai compris que j’avais besoin d’aide. J’en ai trouvé auprès d’une thérapeute qui m’aide à la prise de conscience de mon blocage, de mes fonctionnements, le pourquoi du comment. Je prends conscience de l’état de mon enfant intérieur. 

Comment décririez-vous votre célibat ? 

Mon célibat est perturbant, je me suis sentie perdue et déstabilisée les premiers jours. J’ai fait une grosse remise en question, je dirais même une remise en question existentielle. 

Finalement, je vis bien mieux mon célibat que je ne l’aurais pensé. Il me permet, après tant d’années, de me retrouver, de me trouver, de me connaître enfin, de m’accepter et de m’apprécier comme je suis grâce à l’introspection sur moi-même que j’ai entreprise. Je suis aujourd’hui en mesure de comprendre ce que je veux, et ce que je ne veux pas, je connais mes limites. 

J’ai aussi pu, avec du recul, prendre conscience des comportements que j’ai eus lors de ma dernière relation. Me rendre compte que j’aimais profondément mon ancien compagnon, que oui, il a fallu qu’il me quitte pour que je le comprenne. J’étais trop dans ma bulle pour prendre en compte ses efforts, ses attentions et ses qualités.

Je sais aussi désormais que je suis plus forte que je ne le soupçonnais, et que la seule personne qui pouvait m’aider, c’est moi-même, et personne d’autre. 

Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?

Oui énormément, j’avais coupé les ponts avec mes amies, me sentant « indisponible » et incapable d’entretenir une relation autre que celle de mon couple.

En ce qui concerne ma famille, mon célibat a une incidence puissance mille !  Quand j’étais en couple, ma mère posait beaucoup de questions par rapport à ma vie de couple, donnait son avis, analysait ses comportements, ses paroles… Depuis que je suis célibataire, j’ai imposé une distance, imposé des limites – mes limites. Cette phase de célibat m’a appris à me placer, à me positionner en tant que personne individuelle.

CÉLIB_SOPHIE_CITATION

Estimez-vous que le célibat a un impact sur votre moral, au quotidien ? 

Oui, il m’incite à me voir moi plutôt que les autres, à ne plus me voir ou vivre à travers les yeux de quelqu’un. Il m’aide à m’accepter et à me confronter à moi-même. Juste moi.

Mon quotidien change, je pense à moi, je prends soin de moi.

Pensez-vous qu’être célibataire vous permet des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ? 

Il y a quelque temps, je vous aurais dit oui. Mais plus les jours passent, plus je me dis que non : tout ce que je fais depuis la rupture, à savoir être en chemin vers l’acceptation de l’amour de moi-même, toutes les activités que je tente, voir mes amis, eh bien j’aurais très bien pu les faire même en étant en couple !

À l’inverse, pensez-vous qu’être célibataire vous empêche de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ? 

Non, je ne pense pas. 

Le lieu géographique où vous vivez a-t-il un impact sur votre rapport aux relations amoureuses ?

Le fait d’être « isolée » dans un petit village implique de devoir se déplacer dans une zone géographique plus étendue par rapport à une personne qui habite dans une grande ville, où les dates pourraient se faire dans un périmètre plus restreint. Mais grâce aux réseaux, aux sites de rencontres, mon ouverture au monde reste malgré tout très simple, même si cela implique plus de déplacements.

Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ? 

Non, je me sens amoureusement « indisponible ».

Le célibat amoureux a-t-il un impact sur votre vie sexuelle ? 

Oui le célibat à un impact. Ma rupture est très récente, je n’ai depuis pas eu de rapports sexuels et n’en cherche pas pour l’instant. 

Ressentez-vous une forme d’injonction à être en couple ?  

Oui, aux yeux de notre société, je ressens quand même une pression : « Si elle n’est pas en couple, elle doit avoir un problème, être difficile, pas facile à vivre, etc. » Le couple est vu comme cet ultime but à atteindre, de la même manière que notre société ne comprend pas, n’accepte pas facilement qu’une femme, qu’un homme ou qu’un couple ne veuille pas avoir d’enfant. 

Estimez-vous que le célibat a un impact sur vos finances ? 

Je gagne assez bien ma vie, et j’ai toujours gardé mon indépendance et mon autonomie financière, même en étant en couple. Donc le changement n’a pas été significatif pour moi ! Mon budget loisirs et shopping a forcément baissé, mais il reste très satisfaisant.

Quels sont vos projets pour le futur ? 

M’épanouir simplement de quelque manière que ce soit. Simplement prendre du temps pour moi, sans avoir de projets fous ! Dans mon cas, le célibat m’a permis d’ouvrir les yeux sur qui je suis, ce que je ne veux plus !

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