L’omerta s’effondre dans le monde littéraire. Dans une tribune parue dans Le Monde ce jeudi 7 mars, elles sont plus de 400 à dénoncer « l’impunité sous toutes ses formes » de proclamés « lettrés » ou « diplômés » « qui se comportent souvent comme des prédateurs, presque toujours comme des êtres supérieurs« .
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« Si tu parles, t’es morte dans le milieu »
Écrivaines, éditrices, enseignantes-chercheuses, dont la prix Nobel de littérature Annie Ernaux, Vanessa Springora, Camille Kouchner, autrice de La Familia grande mettent en lumière la réalité des agressions sexuelles et des viols persistants dans le monde littéraire et lancent un appel pressant à l’organisation d’états généraux pour les femmes dans l’université, l’édition et la littérature.
Ces femmes de lettres citent la condamnation récente du Goncourt de poésie Jean-Michel Maulpoix pour violences conjugales. Les signataires de la tribune soulignent que cette condamnation « confirme que ni la littérature ni l’université ne sauvent les femmes ». Les détails sordides des violences subies par l’ex-compagne de Maulpoix, rapportés par Mediapart, incluent des coups de poing sur le ventre lors de sa grossesse et des agressions sur un poignet déjà cassé et de multiples scènes d’humiliation.
« La hiérarchie se marie parfaitement avec sexisme et misogynie » observent les signataires, dont les mots résonnent avec la situation de Laure Helms, ex-femme de Maulpoix et victime de l’auteur, dénonçant une situation d’emprise (ils se sont rencontrés quand elle était étudiante de 24 ans et lui, écrivain et professeur des universités, de 59 ans.
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« Inventer un autre monde : sans déni, sans injustice, sans prédation »
Malgré la violence des faits pour lesquels l’auteur a été condamné, son éditeur Gallimard a réédité deux de ses recueils deux jours après le verdict, tout comme Pocket et les éditions éditions du Mercure de France. À l’inverse, les femmes ne jouissent pas de cette impunité. Comme le dénoncent les autrices de la tribune : « Si tu parles, t’es morte dans le milieu. Ta carrière est morte. Ta réputation est morte. Morte pour de vrai ou morte pour de faux, tu es morte. »
Et les signataires de conclure :
Nous appelons nos amies historiennes, philosophes, scientifiques, sociologues, artistes, à nous rejoindre, pour que #metoouniversité, #metoolittérature, #metoophilosophie, #metooarts, #metoosciences inventent un autre monde aussi : sans déni, sans injustice, sans prédation.
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