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Le Retour // Source : Chaz productions
Cinéma

Scène sexuelle avec une mineure, accusations d’attouchements… : on vous explique la polémique sur Catherine Corsini à Cannes

Chaque journée du Festival de Cannes apporte son lot de polémiques. Ce mercredi 17 mai, c’est au tour du film « Le Retour » d’être présenté en compétition, malgré les lourdes accusations qui pèsent sur sa réalisatrice, Catherine Corsini. Voici toutes les clés pour comprendre la nature problématique de sa présence au festival.

Même si le directeur du Festival de Cannes a balayé d’un revers de main les accusations envers le Festival de faire la promotion de cinéastes accusés de violences, les films sélectionnés pour cette 76ᵉ édition ont de quoi questionner. Outre Jeanne du Barry, le film de Maïwenn qui marque un retour triomphal de Johnny Depp en roi sur le grand écran, la présence d’un autre film, également signé par une cinéaste française, a de quoi interroger… ou révolter.

Il s’agit du film Le Retour, de Catherine Corsini. On vous explique pourquoi il fait polémique.

Retiré, puis réintégré à la sélection

Ce mercredi 17 mai marque la présentation sur la Croisette du film Le Retour, le douzième film de la Française Catherine Corsini. Le long-métrage figure dans la très convoitée short-list des 21 films en lice pour remporter la Palme d’or. Se déroulant en Corse, le film met en scène deux personnages de jeunes filles, immergées le temps d’un été sur l’île de beauté, où elles vont faire des rencontres amoureuses et vivre des expériences nouvelles.

Le Retour // Source : Chaz productions
Source : Chaz productions

Derrière un pitch apparemment léger se cache un film au parcours chaotique, sur lequel pèsent de très lourds soupçons.

Le film a en effet été retiré de la compétition, avant d’être finalement réintégré malgré les doutes qui continuaient de planer sur de mauvaises conditions de tournage qui auraient notamment mis en péril des comédiennes mineures. Le 24 avril, on lisait dans un article du Monde que Le Retour avait ainsi été « laissé de côté, à la suite de la dénonciation d’irrégularités et de faits de harcèlement sur le tournage » avant d’être de nouveau en lice pour la Palme d’Or « après enquête (de) l’équipe de Thierry Frémaux » (le délégué général du Festival, ndlr).

Des accusations anonymes

Dans l’affaire Catherine Corsini, tout a commencé avec des lettres anonymes envoyées à plusieurs institutions du cinéma, des festivals, puis relayées par la presse. Il y est question de méthodes de travail violentes, d’un comportement autoritaire et agressif de la réalisatrice et de cas d’attouchements sexuels à l’encontre de jeunes femmes mineures sur le plateau. Une jeune comédienne aurait été victime d’un cascadeur qui lui aurait mis une main aux fesses, tandis qu’une autre actrice aurait été écartée du projet pour avoir dénoncé des faits similaires, bien que l’équipe revendique un choix artistique.

Pour l’heure, aucune plainte n’a été déposée, bien qu’un signalement ait été fait auprès du procureur de la République et une enquête menée par le Comité central d’hygiène et de sécurité des conditions de travail de la production cinématographique.

Des « jeunes plus assez punk » et « à cheval sur des principes ou des horaires »

Catherine Corsini et sa productrice Elisabeth Perez ont nié ces accusations, les qualifiant de « diffamatoires », tout en révélant dans les colonnes du Parisien l’existence « de tensions sur le plateau, comme sur tous les plateaux (…) ». La réalisatrice est allée encore plus loin dans un entretien avec Corse Matin, dans lequel elle a revendiqué le fait de « bousculer » son équipe, en dépit des lois qui encadrent un plateau de tournage :

« Je trouve que la nouvelle génération n’a plus la même énergie, la même envie que les ‘anciens’ avec qui j’ai l’habitude de travailler. Bien entendu, je suis exigeante sur un plateau, avec mes comédiens comme avec mon équipe. Je suis là pour les bousculer. Je trouve que les jeunes ne sont plus assez ‘punk’, mais plutôt à cheval sur des principes ou des horaires. Quand on choisit de travailler sur un film d’auteur, c’est un luxe et surtout un combat. On doit y croire et rien lâcher ! »

La réalisatrice aurait oublié de déclarer une scène de sexe avec une mineure au CNC

Parmi les faits problématiques qui planent autour du film de Catherine Corsini, l’une a coûté particulièrement cher à la production. En effet, le film s’est vu retiré la somme de 680 000 euros d’aides par le CNC, une mesure rare. Pour cause : la productrice n’a pas déclaré à l’institution la présence d’une scène de sexe impliquant une mineure âgée de 15 ans au moment du tournage, ce qui constitue une entorse au droit du travail.

Contactée par Le Parisien, la productrice a expliqué avoir « fait une erreur administrative en ne déclarant pas la scène d’intimité », assurant que la scène avait été « réécrite à partir d’une première version et rajoutée au moment du tournage ».

La comédienne Esther Gohourou a également pris la parole pour nier ces accusations, assurant vouloir « mettre fin à cette histoire ». Elle a déclaré qu’elle et son partenaire, Harold Orsini, âgé de 17 ans lors du tournage, ont refusé de tourner la séquence avec des doublures et un coach d’intimité.

« On savait ce qu’on allait devoir tourner, qu’on ne verrait que les visages et qu’on n’aurait pas à se toucher en vrai. Et c’est ce qui s’est passé. Certaines personnes ont appelé l’assistante sociale du lycée pour dire des choses qui n’avait rien à voir avec ce qui s’est passé. Harold va bien et je vais bien. »

« Un signal dévastateur envoyé aux victimes de violences sexistes et sexuelles »

Malgré ces déclarations de l’actrice, les débats autour de la présence du film à Cannes ne sont pas moins apaisés.

Dans un communiqué officiel, le collectif 50/50 qui œuvre pour la parité, la sécurité et l’inclusivité au cinéma s’est déclaré « consterné » par la présence du film dans la sélection cannoise.

Le collectif dénonce « un signal dévastateur envoyé aux victimes de violences sexistes et sexuelles » et voit dans ce choix de Thierry Frémaux « le signe que le Festival de Cannes, en 2023, n’a pas opéré de transformation suffisante pour prendre en considération le sujet des violences morales, sexistes et sexuelles. »

Enfin, le collectif a apporté son soutien aux membres de l’équipe et les a appelés à témoigner librement :

« Le Collectif 50/50 témoigne son plein soutien à l’ensemble de l’équipe des technicien·ne·s et comédien·ne·s du film, et est disposé à recueillir leurs témoignages pour les transmettre aux autorités compétentes. Nous mesurons combien il peut être difficile de prendre la parole dans un tel contexte. »


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