Ah, le rock… c’est un genre musical, un état d’esprit, une culture, une vie. C’est tout plein de choses et c’est bien difficile à définir. Il a marqué le XXème siècle niveau musique, mode, cinéma, culture et toute la société s’est vue changer au fur et à mesure de l’évolution du genre (et inversement : c’est les vases communicants cette histoire).
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Le rock and roll naît dans les années 50 aux États-Unis et au Royaume-Uni : il s’agit au départ d’une version plus rythmée du rythm and blues, la « musique du diable » jouée par des artistes noirs. Le terme de rock and roll vient d’un argot présent dans le rythm and blues, désignant l’acte d’amouuuur (des gens qui niquent, en gros) : par essence, c’est un courant qui s’annonce subversif, créé pour danser et pour séparer les Blancs des Noirs dans les clubs.
Techniquement, le rock se caractérise par un rythme binaire et un tempo plus soutenu que ses ancêtres du blues. Le chant est moins technique et la voix puissante, la guitare électrique et les basses sont reines, accompagnées d’une batterie et parfois d’autres instruments à corde comme la contrebasse ou des guitares sèches.
Le rockabilly
Croisement entre le rythm and blues et la country, le rockabilly naît au sud des États-Unis dans les années 50 avec des artistes comme Elvis Presley et Bill Haley. Genre rural, il tient son nom d’un mot-valise entre rock et hilbilly, un terme désignant les péquenauds, les ploucs. Considéré à l’origine comme un enfant de la country, le rockabilly est le premier sous-genre résolument rock.
Le rockabilly est représentatif d’une société américaine enthousiaste de l’après-guerre, en boom économique mais profondément marquée par des ségrégations raciales surtout omniprésentes dans le Sud du pays. Le courant s’efface à la fin des années 50 pour réapparaître en influence chez des groupes ultérieurs comme les Stray Cats, Buzz and the Flyers ou plus récemment The Baseballs.
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Les années 60 marquent l’apogée du rock : le genre musical devient un phénomène de société qui contamine la jeunesse dynamique née du baby boom. Le rock se propage en Europe et contamine d’abord le Royaume-Uni avec des groupes comme les Beatles, The Rolling Stones, The Who, puis en France avec des artistes tels Johnny Hallyday ou les Chaussettes Noires qui démarrent tous deux leurs carrières en traduisant des tubes en anglais.
https://youtu.be/4_2uywnQshQ
Le genre évolue au cours de la décennie avec d’un côté de l’Atlantique Bob Dylan et les Beach Boys, qui incarnent une vague plus californienne et moins blues que le rock de leurs amis britanniques, en plein blues boom. Cette révolution de 1963 donne naissance à un power blues inspiré des racines du blues des artistes noirs : Jimi Hendrix, Led Zeppelin ou encore Cream incarnent cette nouvelle inspiration rock, qui se veut expressive et puissante.
https://youtu.be/nsmY0tFJEIE
Le rock progressif, la scène underground et le flower power
Alors que le rock prend de l’ampleur sur la scène musicale et dans la société, les premiers contre-courants rock naissent vers la fin des années 60.
Le premier est le rock progressif : né au Royaume-Uni, le terme désigne une forme plus évoluée et complexe que le rock originel. La composition est particulièrement travaillée, les textes engagés et puissants sont laissés de côté au point que le rock progressif met au point les premiers morceaux rock entièrement instrumentaux. Inspiré par le jazz, le blues et même la musique classique, il est porté par des groupes comme Pink Floyd, Genesis ou Yes.
Parallèlement, la scène underground répond aux contre-cultures naissantes des années 1960, offre un lieu de rassemblement pour les utilisateurs de plus en plus nombreux de drogues. Pink Floyd en est un représentant, incarnant un courant psychédélique qu’on retrouve aussi dans certains morceaux des Beatles ou des Rolling Stones.
Le rock s’adapte à une période de pouvoir de la jeunesse : les groupes de rock passent à la télévision dans le monde entier, les disques se développent et deviennent des objets de consommation et de collection tandis que les hippies prennent du pouvoir. Venus de Californie, de nombreux artistes s’inscrivent dans la mouvance du flower power et de la beat generation littéraire : Jefferson Airplane, Creedence Clearwater Revival, Janis Joplin, The Doors, Frank Zappa…
Ces artistes rencontreront un succès planétaire au cultissime festival de Woodstock de 1969, un événement qui participe encore aujourd’hui à l’aura des concerts et festivals dans le monde du rock. Cette année marque aussi la fin d’une époque : le rock est plus engagé qu’à l’origine et véhicule des messages politiques et sociaux aux jeunes fortement influencés par le genre.
Le début des années 1970 est aussi une période triste pour le rock qui perd des artistes exceptionnels comme Jimi Hendrix, Brian Jones, Janis Joplin, Jim Morrisson, et voit la séparation des Beatles.
Le hard rock
Apparu au cours des années 1960 aux États-Unis, le hard rock prend ses influences dans le blues rock, le rock psychédélique et le garage rock : un genre agressif aux sonorités distordues, des riffs en veux-tu en voilà et une forte influence de la science-fiction et de la fantasy, entre autres. De façon générale, le hard rock englobe les courants du heavy metal, du punk rock et du grunge pour les différencier du pop rock.
Si les bases du hard rock sont puisées dans les sons puissants d’artistes comme The Who ou The Kinks, les principaux représentants du genre sont plutôt Led Zeppelin, Black Sabbath, Aerosmith, AC/DC, Kiss, Guns N’Roses… En Europe, le hard rock est principalement représenté par Scorpions.
Le hard rock connaît une nouvelle ère au début des années 1980 avec d’un côté la dissolution de Led Zeppelin et la mort du chanteur d’AC/DC, Bon Scott, et de l’autre l’arrivée d’une nouvelle vague de hard rockeurs en la personne de Mötley Crue, le début de la carrière solo d’Ozzy Osbourne, Bon Jovi, Europe… c’est l’apogée commerciale du courant mais aussi la naissance du glam metal pour Mötley Crüe par exemple.
Le heavy metal
Considéré comme un sous-genre du hard rock, le terme de heavy metal ou metal est utilisé dans deux sens différents : tout d’abord comme un synonyme de hard rock, ou bien comme un hard-rock épuré de ses racines blues. Les sonorités sont lourdes et les voix très puissantes, l’ensemble formant un son volontairement et délibérément « bruyant », une partie intégrante du folklore metal, particulièrement en concert.
Au même titre que les précédents courants rock, le metal a une imagerie très spécifique, représentative du mouvement que ce soit dans les codes vestimentaires ou l’esthétique des groupes eux-mêmes : scénographies travaillées et tenues noires forment une contre-culture aux hippies de la décennie précédente. Les thèmes sont quant à eux très variés et empruntent au blues ainsi qu’au contexte social et culturel.
Puisant son origine chez les artistes de hard-rock, le heavy metal est spécialement associé à Motörhead, Alice Cooper, Iron Maiden, Def Leppard…
La distinction entre hard rock et metal est très ténue et il est difficile de classer des artistes dans un courant ou l’autre tant les définitions divergent (verge). Et puis pour encore plus compliquer les choses, le heavy metal a vu naître bon nombre de cousins au cours des années 1980 : le thrash metal, le death metal, le power metal, le doom metal, le metal gothique…
Ça en fait du monde !
Le glam rock
Aussi appelé glitter rock, le glam rock est né au Royaume-Uni dans la première moitié des années 70 : précurseur du punk rock, il s’est étendu jusque dans les années 80. Contrairement à plusieurs de ses copains, le glam rock est plutôt simple à définir : musicalement, il s’agit de revenir aux origines du rock’n’roll, une musique spontanée sur laquelle les gens dansent, grâce à des morceaux courts et rapides.
L’essence du glam rock (ainsi que son nom) vient de l’esthétique du courant : l’image des artistes est volontairement provocante et excessive. Le glam rock s’inscrit entre un rock épuré et progressiste et un rock British qui puise aux racines du blues. L’identité du glam rock est visuelle : les artistes sont des dandys androgynes qui jouent avec les artifices du maquillage et des costumes de scène extravagants.
Initié par T-Rex ainsi que David Bowie et son personnage de Ziggy Stardust, le glam rock a principalement touché des artistes britanniques comme Gary Glitter et Roxy Music, mais aussi quelques groupes américains comme les New York Dolls ou Lou Reed.
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Le punk rock
Hérité du mouvement protopunk des années 60 et contre-courant du rock commercial et institutionnel des années 70, le mouvement punk apparaît au milieu des années 70, de pair avec le punk rock. Musicalement, le punk rock s’inspire du garage rock des années 60 : l’instrumentation est plus simple que dans le rock considéré commercial et voulant trop répondre à une demande du public (nouveaux sons, nouveaux instruments…). Le chant est souvent crié, parfaitement adapté à des paroles puissantes et portée vers la confrontation.
Le mouvement punk lui-même est basé sur cet esprit de contre-culture et de confrontation : rejet du mouvement hippie, rébellion jeune, esprit de « do it yourself »… Visuellement, le punk rock s’oppose au glam rock tout en reprenant certains de ses codes comme l’attitude scénique excessive et le maquillage. Les concerts sont une partie intégrante du mouvement, au cours desquels apparaissent le pogo et le mosh.
Au cours de l’évolution du mouvement apparaît une mode punk appliquée aux vêtements mais aussi aux tatouages et autres transformations corporelles.
La première vague punk est incarnée par une scène new yorkaise composée entre autres des Ramones, Blondie, Patti Smith ou encore The Dictators. De l’autre côté de l’Atlantique, on trouve les non moins cultes Sex Pistols, The Clash, Joy Division, The Smiths et tant d’autres.
Une deuxième vague voit le jour aux alentours de 1977 avec des groupes moins cultes et représentatifs du mouvement punk, aux messages plus anarchistes et à l’esthétique encore plus poussée. Parallèlement naissent des sous-genres du punk comme le punk hardcore (Radio Birdman), la new wave (Human League) et le post-punk (Television).
Le grunge
Alors que le metal prend le relais du punk vers la fin des années 80, les années 90 marquent un retour à l’état pur du rock, entre autre par le biais du grunge. Mot d’argot désignant des détritus ou de la saleté, le grunge est souvent considéré comme le genre musical et l’esprit général d’une génération, la génération X. La philosophie grunge est pessimiste, adaptée à un contexte économique sombre et un rejet global de la société de consommation, de l’individualisme, des règles : le grunge est l’enfant illégitime du punk.
Musicalement, le terme désigne la scène de Seattle, représentée par Green River, Soundgarden, Alice in Chains puis Pearl Jam ou encore The Presidents of the USA. Mais le grunge est principalement associé à Nirvana, incarnation du grunge tant sur le plan musical qu’esthétique et spirituel. Le mouvement connaît son apogée au début des années 1990 mais est encore aujourd’hui incarné par des artistes comme les Smashing Pumpkins.
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Si aujourd’hui ces différents courants sont bien moins présents et associables à des groupes contemporains, le rock n’en est pas mort pour autant. L’esprit rock ne cesse d’être mis à l’honneur dans des films ou dans la mode, parce que toute cette affaire c’est un cycle voyez-vous. Aujourd’hui, les groupes de rock se séparent principalement en trois courants (à l’exception du metal et du hard rock par exemple)…
Le pop rock
Le pop rock est un terme très générique désignant un rock plus doux et par définition plus populaire (les méchant-e-s diront commercial). Il est l’ennemi du hard rock et autres contre-courants créés en opposition au rock « de major ». Techniquement, le pop rock revient aux racines du rock avec une instrumentalisation électrique dominée par la guitare, des morceaux souvent dansants et du chant non saturé.
De façon générale, il est difficile de différencier le pop rock de la pop et du rock tant tout s’entremêle gaiement durant les périodes de popularité du genre : les années 60-70 puis 90-2000. On compte parmi les plus grands artistes de pop rock Elton John, Rod Stewart, Chicago, Simon & Garfunkel ou encore Leonard Cohen.
https://youtu.be/STyTIWo-2to
La force du pop rock, c’est le jeu des influences : aujourd’hui c’est certainement le style le plus dominant dans la mesure où le rock prend de l’inspiration aussi bien dans ses courants historiques que dans des genres comme la folk, le rap ou la musique électronique.
Le rock alternatif
Issu de la scène underground des années 80, le rock alternatif désigne à l’origine les groupes inspirés du punk rock, signés chez des labels indépendants. Il inclut divers sous-genres de la scène indépendante des années 80 comme le rock gothique, le grunge, la britpop ou encore le college rock, qui a longtemps été synonyme du rock alternatif. Le terme est profondément lié à la radio et particulièrement aux radios étudiantes des années 80 et 90 qui prenaient soin de passer un rock original, adapté aux goûts des étudiants.
Paradoxalement, le rock alternatif désigne tout ce qui diffère des grandes majors mais a percé au point d’être aujourd’hui extrêmement représenté par la radio, la télévision et maintenant Internet. Le rock alternatif est intimement lié au grunge, à la new wave et même à la pop. En gros, c’est un contre-courant qui est devenu un courant majeur. Tu vois ?
Parmi les artistes associés au rock alternatif, on retrouve pêle-mêle The Pixies, Nine Inch Nails, Elvis Costello, Counting Crows, The Offspring, The Killers ou Dionysos. C’est assez vaste, je sais…
https://youtu.be/yR6A-Bk9eZQ
Le rock indépendant
Aussi inspiré du mouvement punk dont il tire son esprit « do it yourself », le rock indépendant naît au Royaume-Uni dans les années 70. Comme son cousin le rock alternatif, le rock indépendant se définit plus par son contexte que sa musique : le terme désigne au départ les disques signés par des petits labels, rassemblés sous les mêmes valeurs d’indépendance et de contre-culture.
Adaptable à tout plein de genre musicaux, le terme d’« indépendant » est parfois utilisé pour désigner de façon générale les musiques indépendantes, produites par des petits labels. Tout comme le rock alternatif et le pop rock, le rock indépendant est varié au point de réunir sous son toit des artistes fichtrement différents : les Cranberries, les Red Hot Chili Peppers, Blur et Oasis, The Dandy Warhols et Brian Jonestown Massacre ou plus récemment Fall Out Boy, Panic! at the disco et Paramore.
NB : Je précise en passant (enfin en partant plutôt mais bref) que cet article est de la vulgarisation très volontaire. Si nous avions la vie devant nous, toi et moi, je ferai un article de quinze pages sur chacun des artistes cités et non cités. Merci d’excuser par avance mes ellipses, simplifications et choix de sujets. Bisous rockeux !
Les Commentaires
Mais mais mais... ils sont où les Velvet ?
(bon, d'accord, il est question de Lou Reed... )
Allez sinon on a pas fini...