Live now
Live now
Masquer
nirvana-adolescence
Culture

Nirvana, l’adolescence et moi

Kurt Cobain est mort il y a exactement 20 ans, le 5 avril 1994. A l’époque, Lady Dylan en avait moins de 3, mais ça ne l’a pas empêché d’être fan de Nirvana.

– Article initialement publié le 5 avril 2014

Il y a des chanteurs et des groupes qui sont associés à une génération. Celle qui a grandi avec elle. Mais je suis persuadée que certaines musiques sont plutôt associées à un âge de la vie. Nirvana, pour moi, c’était l’adolescence.

Même si je suis née en 1991 et que j’ai donc découvert le groupe bien après la mort de son leader, ça ne m’a pas empêché d’avoir quelques souvenirs inoubliables de ma période Nirvana.

Nirvana, les chansons de l’adolescence

Qu’on l’adore ou qu’on la déteste, la musique de Nirvana est sale. Le timbre des instruments évoque le garage de tes rêves quand tu as 14 ans, celui où tu répéterais avec tes potes parce que vous auriez un groupe. Il y a quelque chose de dissonant dans leur musique qui colle à la façon dont tu te sens à l’adolescence.

Mais surtout il y a la voix de Kurt Cobain, reconnaissable entre mille ? aujourd’hui encore, l’entendre me propulse des années en arrière. Elle a quelque chose de râpeux qui me fait presque mal à la gorge (pas autant que celle de Marilyn Manson, une autre icône de ma quatrième). Sale, donc un peu sexy.

Bien sûr à l’adolescence on ne pouvait pas passer à côté de Smells Like Teen Spirit. C’était une chanson d’amitié. Parce que bien sûr j’ai fait la totale, je n’ai pas été fan de Nirvana toute seule, j’ai été fan de Nirvana avec mes meilleurs potes, ceux avec qui on s’enfermait dans un cabanon pour regarder South Park et jouer à Donjons et Dragons ? tu peux pas test le cliché.

With the lights out, it’s less dangerous Here we are now, entertain us I feel stupid and contagious Here we are now, entertain us

On ne comprenait pas toutes les paroles, même avec les sites de traduction (« a mulatto, an albino, a mosquito », okaaay) mais ce n’était pas bien grave. On les chantait quand même et on s’accrochait très fort à celles qu’on comprenait (à 14 ans « je me sens stupide et contagieuse » constitue une description fidèle de ton état d’esprit).

I’m worse at what I do best And for this gift I feel blessed Our little group has always been And always will until the end

Quand tu fais partie d’une bande d’amis unie comme les doigts de la main, tu veux croire que « notre petit groupe a toujours été et sera toujours jusqu’à la fin ».

Kurt Cobain, ce héros

Mais être fan de Nirvana c’était aussi et surtout être fan de Kurt Cobain. Faut dire, le mec était cool. En plus de la voix sexy dont je parlais précédemment il était drôlement mignon, ce qui a une grande importance quand tu as (encore et toujours) 14 ans et que tu es basiquement un bain d’hormones.

Il avait un look trop cool, c’est-à-dire qu’il portait un peu n’importe quoi. Les cheveux longs, blonds. Les cheveux longs, rouges ? on avait de longs débats avec une amie parce qu’à son époque « cheveux rouges », Kurt Cobain était trop bien rasé, ce qui pour elle était anti-sexy. Les yeux… ? bon ça ne fait pas vraiment partie du « look » mais ses yeux étaient incroyables aussi. Et les pulls trop grands. Les mitaines. Les grandes lunettes.

Et puis quand on s’intéressait au personnage, il était encore plus cool. C’est le mec qui disait aux homophobes, aux racistes et aux sexistes de ne pas acheter ses disques. C’est le mec qui avait des problèmes avec les représentations traditionnelles de la masculinité, qui portait parfois des robes en concert, qui disait qu’il aurait aimé être gay juste pour emmerder les homophobes.

C’est le mec qui a écrit plusieurs chansons sur le viol (Polly, Rape Me ? qui a malheureusement été perçue par certains comme une chanson pro-viol mais qui était selon lui « une chanson anti, laissez-moi répéter ça, anti-viol »). Le mec qui avait déjà compris il y a vingt ans des choses sur la culture du viol qu’on doit encore répéter aujourd’hui :

« Le problème avec les groupes qui s’occupent du viol, c’est qu’ils essaient d’apprendre aux femmes comment se défendre. Ce qui doit vraiment être fait c’est apprendre aux hommes à ne pas violer. Aller à la source et commencer là. »

Kurt and Courtney

Évidemment à l’époque, on avait tous regardé Kurt and Courtney. Ce film documentaire s’attarde notamment sur les thèses du complot concernant la mort de Kurt Cobain. Si son auteur, Nick Broomfield, explique lui-même ne pas avoir été convaincu par ces thèses, ce n’était pas notre cas à l’époque. Pendant longtemps, Courtney Love a donc été connue dans notre petite bande comme « la connasse qui a assassiné Kurt Cobain ». L’adolescence…

Un an ou deux plus tard (une éternité, à cette échelle !), j’ai lu King Kong Théorie de Virginie Despentes. Elle écrit à un moment « heureusement, il y a Courtney Love ». Despentes salue ici le grunge de Love, elle veut dire que ça fait du bien d’avoir des personnalités féminines hors-cadre.

https://youtu.be/3_5mTTEF0qQ Pennyroyal Tea, de Nirvana, chanté en live avec Courtney Love

Après mon premier réflexe (« comment ça, « heureusement qu’il y a la connasse qui a assassiné Kurt Cobain ? » ») j’ai commencé à m’intéresser un peu à Courtney Love. J’ai découvert le riot grrrl et ça m’a fait du bien. Avoir des modèles masculins c’est cool, mais à moment donné c’est bien d’avoir des modèles féminins (et d’arrêter d’être une fille qui n’aime pas les filles).

Même si j’ai toujours des problèmes avec sa gestion des droits de Nirvana, j’ai un peu fait la paix avec Courtney Love. On ne sera jamais dans sa vie avec Cobain pour savoir si en vrai c’était une connasse mais ça me fait toujours sourire de voir des photos d’eux deux (certes en grande partie à cause des lunettes de Kurt Cobain).

Peut-être parce que je ne suis plus adolescente, que j’aime et que je hais moins fort. Reste de la tendresse. Beaucoup.


Les Commentaires

18
Avatar de Maud Kennedy
4 mai 2015 à 17h05
Maud Kennedy
Nirvana pour moi,c'était ce qui m'a permis de découvrir la fanattitude,indirectement. Je n'étais pas fan mais je me rappelle très bien d'un garçon au collège qui était fan et s'est tranformé en zombie pendant des mois après sa mort. Ca m'a énormément marquée.
Comme quelqu'un l'a dit plus haut,je regrette de ne pas l'avoir mieux connu,c'était un artiste vraiment intéressant.
0
Voir les 18 commentaires

Plus de contenus Culture

© Charlotte Krebs
Féminisme

Mona Chollet : “Se sentir coupable ne mène vraiment à rien”

3
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-09-19T102928.481
Santé mentale

« Toutes ces musiques ont été écrites sous antidépresseurs » : Lisa Pariente raconte sa dépression

[Image de une] Horizontale (18)
Vie quotidienne

Ménage de rentrée : la serpillère 2.0 existe et avec elle, vous allez mettre le Swiffer au placard 

Geek Girl
Mode

Cette série Netflix à binge-watcher en une soirée est numéro 3 en France et dans le monde

3
Culture

« Si mon histoire peut déculpabiliser ne serait-ce qu’une seule femme, j’aurai gagné » dans Archéologie de l’intime, le tabou de l’accouchement raconté en BD

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-08-27T142659.508
Livres

« Vous ne baiserez pas » : on a discuté date, sexualité et misogynoir avec Naya Ali

Source : Instagram @Taylorswift
Culture

Concerts de Taylor Swift à Vienne annulés : la chanteuse a exprimé publiquement son “énorme culpabilité”  

Le film “Jamais plus”, très attendu par les fans du livre dont il est adapté, est sorti dans les salles mercredi 14 août dernier. Une polémique entache toutefois le succès du long-métrage. Outre le fait que l’auteure Colleen Hoover soit jugée problématique par nombre d’internautes, la réputation de Blake Lively ajoute une ombre au tableau. Décryptage.
Cinéma

“Jamais plus” : c’est quoi toute cette polémique autour de Blake Lively ?

3
His house // Source : Netflix
Cinéma

Les 15 meilleurs films d’horreur sur Netflix à voir absolument

4
Crédit : Pixabay
Vie quotidienne

A vous les bons plans sans encombrer votre boîte mail avec Alternative ID

La pop culture s'écrit au féminin