Ceux qui partent
Alors que le gouvernement a traversé plusieurs crises ces derniers mois, la Première ministre, Elisabeth Borne, avait fini par remettre sa démission lundi 8 janvier, poussée vers la sortie par l’exécutif. Nommée à Matignon en mai 2022, elle a dû composer avec une majorité relative pour porter jusqu’au bout les projets très critiqués de la réforme des retraites et de la loi immigration. Comme le souligne BFMTV, « Après son départ de Matignon, Élisabeth Borne devrait redevenir députée du Calvados. Élue pour la première fois députée en 2022 dans le Calvados, Élisabeth Borne qui n’a jamais siégé à l’Assemblée nationale, devrait redevenir parlementaire. »
Agnès Firmin-Le Bodo. Elle avait été nommée en décembre dernier, juste après la démission d’Aurélien Rousseau suite au fiasco de la loi immigration. Visée par une enquête dans le cadre de ses fonctions de pharmacienne, et après une visite décriée le 4 janvier dernier à l’Institut Jérôme-Lejeune ; connu pour ses positions anti-IVG et anti-euthanasie, la ministre a été débarquée.
Olivier Dussopt quitte ses fonctions de ministre du Travail. Il avait été chargé de deux missions principales, rappelle Libération : « faire passer un report de l’âge légal de départ en retraite notoirement impopulaire et rejeté par l’intégralité des syndicats ; ensuite lancer pour de bon le pays sur la route vers le plein-emploi, promesse de campagne macroniste consistant à atteindre 5 % de chômage en 2027 ». Poursuivi par le Parquet national financier pour des faits supposés de « favoritisme » remontant à 2009 alors qu’il était maire en Ardèche, il sera fixé sur son sort le 17 janvier prochain.
Catherine Colonna quitte le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de France, après un passage peu remarqué.
Rima Abdul-Malak. L’ancienne ministre semble avoir fait les frais de son désaccord avec le Président au sujet de l’affaire Gérard Depardieu. Celle-ci avait déclaré, suite à la diffusion d’un numéro de Complément d’Enquête édifiant, que l’acteur faisait « honte à la France ». Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron, reçu sur le plateau de C à Vous, avait défendu bec et ongle l’acteur, mis en cause par des dizaines de femmes et visé par trois plaintes pour viols et agressions sexuelles.
Franck Riester cède sa place de ministre déléguée des relations avec le Parlement à Marie Lebec, députée Renaissance des Yvelines, qui devient la première femme depuis 1943 à occuper ce poste. Comme le retrace Libération, « elle vient de la droite : engagée dans sa commune de Louveciennes (Yvelines), elle a milité avec les Jeunes populaires de l’UMP pour la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 ».
Clément Beaune perd sa place au ministère des Transports. Possible conséquence de ses réticences affichées au sujet de la loi immigration.
Olivier Véran cède son rôle de ministre déléguée auprès du Premier ministre et de porte-parole du gouvernement à Prisca Thévenot. Il est pressenti pour être tête de liste Renaissance lors des élections européennes qui se tiendront le 9 juin prochain.
Bérangère Couillard est débarquée après un passage éclair de six mois au ministère délégué à l’Egalité femmes-hommes et à la Lutte contre les discriminations. Elle y avait été nommée malgré les pressions des associations qui réclamaient le maintien de sa prédécesseuse, Isabelle Lonvis-Rome.
Ceux qui restent
L’exécutif a fait le choix de reconduire plusieurs poids lourds du gouvernement. À noter qu’aucune femme n’a été nommée aux postes régaliens.
Bruno Le Maire est reconduit en tant ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
Gérald Darmanin reste ministre de l’Intérieur et des Outre-mer. En 2017, il avait fait l’objet d’une plainte déposée pour viol, harcèlement sexuel et abus de confiance, par Sophie Patterson-Spatz, qui a abouti à un non-lieu.
Eric Dupond-Moretti reste Garde des sceaux, ministre de la Justice.
Sébastien Lecornu est maintenu à son poste de ministre des Armées.
Marc Fesneau conserve son poste de ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
Christophe Béchu conserve son portefeuille au ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Cependant, comme l’indique Libération, « plusieurs ONG, à l’image du WWF, s’inquiètent de « sa relégation l’avant-dernier rang des ministres » ». En 2012, il s’était également fermement opposé au Mariage pour tous, comme ses confrères Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu, allant jusqu’à faire retirer dans sa ville des affiches de prévention contre le VIH en 2016, qui montraient deux hommes s’enlaçant. Il avait alors jugé que celles-ci constituaient « une forme de trouble à l’ordre public ».
Sylvie Retailleau est reconduite au poste de ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Ceux qui bougent
Gabriel Attal devient Premier ministre et prend également en charge la Planification écologique et énergétique. Reçu jeudi soir sur le plateau de TF1, il a précisé ses attentes au sujet du nouveau gouvernement : « Moi, ce que je veux, c’est de l’action, de l’action, de l’action » et « des résultats, des résultats, des résultats » afin de « répondre aux problèmes des Français » avec « efficacité ».
Amélie Oudéa-Castera est un exemple de cette nouvelle formule « resserrée » du gouvernement. En plus de garder ses fonctions de ministre des Sports et des JO de Paris 2024, elle reprend les rênes du ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse, à la place de Gabriel Attal. Une double casquette qui inquiète les syndicats d’enseignants. Sur franceinfo, la secrétaire générale du Snes-FSU, Sophie Vénétitay, a ainsi déploré ce choix : « On vit une crise sans précédent, on a du mal à recruter des profs, les profs démissionnent et on va avoir une ministre à mi-temps, qui ne va pas pouvoir s’occuper de l’Education nationale à temps plein ». Un choix qui témoigne, selon elle, du peu de considération porté par l’exécutif à l’Éducation nationale.
Prisca Thévenot. L’ex-secrétaire d’État chargée de la jeunesse reprend les fonctions d’Olivier Véran, devenant ainsi porte-parole du gouvernement et Ministre déléguée chargée du Renouveau démocratique.
Aurore Bergé. L’ancienne ministre des Solidarités et des Familles a été nommée ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, et de la Lutte contre les discriminations. Une nomination qui fait craindre le pire pour les droits des femmes et de toutes les minorités. Outre ses prises de positions ouvertement transphobes, visant notamment à exclure les hommes trans du projet de constitutionnalisation du droit à l’IVG, la ministre a enchainé les polémiques ces derniers mois. Elle s’est attiré les foudres des associations de familles monoparentales après avoir annoncé la mise en place de « travaux d’intérêt général pour les parents défaillants », suite au meurtre à bout portant de Nahel, 17 ans, par les forces de l’ordre en juin dernier. Elle avait aussi souhaité la création d’une commission parentalité, dont plusieurs membres avaient démissionné, dénonçant l’approche « répressive ». Autre fait d’armes : son souhait de créer un congé parental « plus court, mais mieux indemnisé, pour laisser un vrai choix aux familles », vivement critiqué.
Ceux qui arrivent
Catherine Vautrin. En 2022, elle avait été pressentie au poste de Première ministre, avant que ce titre ne soit finalement réservé à Elisabeth Borne. Catherine Vautrin vient d’être nommée à la tête d’un ministère élargi du Travail, de la Santé et des Solidarités. Elle reprend ainsi une partie des fonctions d’Aurore Bergé, ex-ministre des Solidarités et des Familles qui vient d’être nommée ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, d’Agnès Firmin Le Bodo, ex-ministre de la Santé débarquée et d’Olivier Dussopt au ministère du Travail. Comme le précise franceinfo, « l’ancienne vice-présidente de l’Assemblée nationale, longtemps encartée à droite, actuelle présidente de la métropole de Reims, sera secondée par Agnès Pannier-Runacher. L’ancienne ministre de la Transition Energétique sera nommée ministre déléguée à la Santé en début de semaine prochaine ». Farouchement opposée au mariage pour tous en 2013, sa nomination inquiète fortement les associations de protection des droits des personnes LGBTQI+.
Rachida Dati est nommée ministre de la Culture. C’est la surprise de ce remaniement. L’ancienne ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy et maire du 7ème arrondissement depuis 2008 est connue pour son style offensif et ses punchlines acerbes. Elle est aussi empêtrée dans deux affaires judiciaires, dont une qui lui vaut une mise en examen, comme le retrace Libération :
L’ancienne députée européenne (2009-2019) est lestée de boulets judiciaires, une situation qui risque – une fois de plus – d’embarrasser l’exécutif lors de développements ultérieurs qui ne manqueront pas de se produire. L’affaire la plus gênante pour la nouvelle ministre est déjà ancienne, mais elle s’approche de son dénouement : le dossier Carlos Ghosn. Elle a été mise en examen, en juillet 2021, pour « corruption passive », « trafic d’influence passif » et « recel d’abus de pouvoir » dans cette affaire ouverte au Parquet national financier dans la foulée des découvertes sur la gestion du patron de Renault-Nissan.
Sa rivale historique, Anne Hidalgo, n’a pas tardé à réagir à la nomination de Rachida Dati : « Je souhaite bon courage aux acteurs du monde de la culture compte tenu des épreuves qu’ils vont traverse ». L’entourage de la maire de Paris soupçonne d’ailleurs qu’un accord soit derrière la nomination de Rachida Dati : « Si Rachida Dati a accepté de rentrer dans ce gouvernement, c’est qu’elle a passé un accord avec Renaissance pour les municipales de 2026 afin d’être candidate », avance un conseiller de la majorité d’Anne Hidalgo auprès de nos confrères de Challenges.
Dans la foulée de sa nomination, le président des Républicains, Éric Ciotti, a annoncé son expulsion du parti.
Comme le souligne Têtu, Rachida Dati rejoint la très longue liste des ministres nommés « qui se sont opposés à l’avancée de droits LGBTQI+ ». En 2012, elle s’était fermement opposée à la légalisation de la GPA et à l’ouverture de la PMA.
Stéphane Séjourné le chef de file des eurodéputés macronistes, fidèle du Président depuis ses débuts, prend la place de Catherine Colonna en tant que ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.
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