Pourquoi cette mannequin asiatique a été photoshoppée pour paraître blanche

« J’ai récemment défilé pour Michael Costello. Mais ce n’est pas moi qu’il a posté en story Instagram. Michael est un grand designer avec plus de 1,7 million d’abonnés [Instagram]. Éditer mon visage et changer ma race sociale est complètement irrespectueux », raconte la mannequin taïwanaise-américaine Shereen Wu dans un TikTok posté le 10 octobre 2023, captures d’écran à l’appui.

On y voit d’abord une vraie photo de la top en train de défiler. Puis une version photoshoppée d’elle postée par le designer en story Instagram où sa tête semble avoir été filtrée pour ressembler à une sœur perdue du clan Kardashian-Jenner. La mannequin montre ensuite qu’elle a interrogé le designer concernant cette photo lourdement retouchée, la rendant méconnaissable. Michael Costello lui a répondu qu’il s’agit d’une retouche faite par un photographe ou un fan. Shereen Wu s’est alors tourné vers le photographe en question qui a nié les faits, présentant des captures d’écran de ses échanges avec le designer qui a en fait effacé tous ses récents messages. La mannequin a ensuite interrogé une collègue proche du designer. Celle-ci lui a répondu qu’il s’agissait d’un fanart fait par Intelligence Artificielle.

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La précarité des mannequins, déjà aggravée par l’intelligence artificielle

Shereen Wu sait bien qu’elle s’avère plus que remplaçable, et qu’elle a défilé gratuitement pour ce designer en échange de visibilité, poursuit-elle. Or, si son visage devient méconnaissable, cela devient de l’exploitation. La mannequin présente ensuite plusieurs articles dénonçant des agissements racistes, grossophobes et même du harcèlement sexuel de la part de Michael Costello par le passé. Avant de conclure : « Peut-être que je fais une montagne d’une broutille, et que ça va ruiner ma carrière de mannequin, mais je pense que cela vaut le coup de me révolter. » Entre-temps, le compte Instagram de la mannequin a été supprimé plusieurs fois par l’entreprise du groupe Meta, sans explications,’ lui faisant perdre la maigre influence qu’elle y avait gagné et de nombreuses opportunités professionnelles. Heureusement, subsiste son compte TikTok où sa vidéo a déjà été vue plus de 1,8 million de fois depuis sa publication.

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Cette histoire illustre, non seulement la précarité des mannequins quasi anonymes face à des designers surpuissants, mais aussi combien elle risque de s’aggraver avec les progrès de l’intelligence artificielle. Ceux-ci rendent de moins en moins utiles le recours à des humains et le respect du maigre droit du travail, a fortiori aux États-Unis. Alors que la grève à Hollywood alerte justement sur ce genre de dérives, l’industrie de la mode devrait peut-être davantage s’inquiéter elle aussi.

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