Des « activités criminelles » qui s’apparentent presque à un système mafieux. Le dossier n’y va pas par quatre chemins. Jeudi 17 juin, une plainte a été déposée contre Mindgeek, société éditrice de Pornhub, accusée de faire sciemment du profit grâce à des vidéos de relations sexuelles non consenties.
Elles sont 34 femmes à avoir déposé plainte dans un tribunal de Californie contre le géant du porno en ligne. Certaines ont été droguées et abusées, d’autres étaient mineures au moment des faits, ou bien subissent du revenge porn (le fait de diffuser des contenus sexuels sans l’accord de la personne qui y figure). Elles viennent des États-Unis, de Colombie, ou encore de Thaïlande.
Pornhub, un système qui tire profit des viols et du revenge porn ?
Michael Bowe et Lauren Tabaksblat du cabinet Brown Rudnick LLP sont les avocats qui portent l’affaire et représentent ce qui s’apparente à une action de groupe contre le géant du porno en ligne.
« C’est une affaire qui parle de viols, pas de pornographie », peut-on lire dès les premières de la plainte. Pas question donc — pour les avocats comme pour les plaignantes — de s’engager dans une croisade anti-porno.
Pas besoin d’être anti-X pour s’attaquer à la plateforme : « Pornhub a bâti une fortune en exploitant des millions de vidéos »
, rappelle Michael Bowe, avant d’ajouter :
« Cerise sur le gâteau, ils ont un business model qui ne met aucune restriction sur le contenu, car plus ils ont de contenus, plus cela améliore leur stratégie de référencement. Personne ne sait mieux cela que Mindgeek. Ils savent que ce contenu illégal, issu de la traite d’êtres humains, est là, et ils s’en fichent.
Cette industrie est une industrie de voyous, et ils ne vont pas s’autoréguler. Ces entreprises croient que les lois ne les concernent pas. Nous, nous pensons l’inverse. »
Mindgeek se défend, qualifiant les attaques de « totalement absurdes, complètement irréfléchies et catégoriquement fausses. » Et la riposte ne s’arrête pas là : Michael Bowe est aussi accusé par l’entreprise d’être lié à des groupes d’extrême droite et à la mouvance complotiste Qanon…
Le dossier s’attaque également à d’autres agissements de Mindgeek, qui, selon Lauren Tabaksblat, a mené une campagne de dénigrement contre les victimes pour les faire taire :
« Avec cette action en justice, nous voulons mettre fin à ces attaques honteuses, donner la voix à ces victimes et aux innombrables autres, et forcer Mindgeek à adopter des pratiques pour s’assurer qu’il n’y a sur sa plateforme que des contenus où le consentement est présent. »
Les nombreuses plaintes contre Pornhub
C’est loin d’être la première affaire qui émaille la réputation du géant du X. En février, une autre plainte contre Pornhub évoquait les propos d’un community manager de la plateforme affirmant sur Reddit que mettre en place une réelle politique de vérification de l’âge des personnes qui apparaissent dans les contenus postés, afin de lutter contre la pédopornographie, serait « un désastre », car trop coûteuse… et qu’elle risquerait de réduire de moitié le trafic sur la plateforme.
« Il est temps que les entreprises et les individus qui ont tiré profit de contenu non consenti et illégal soient considérés comme responsables de leurs crimes », affirme l’une des 34 plaignantes anonymes qui a tenu à sortir du silence. Nous lui laissons le mot de la fin :
« J’ai rejoint cette action en justice pour moi, et pour les autres victimes, celles qui ne peuvent pas se manifester. »
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