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Crédit photo : Pexels / Kindel Media
Parentalité

« Petits enfants, petits problèmes… », vrai ou faux ?

« Petits enfants, petits problèmes, grands enfants, grands problèmes », voilà un adage que l’on rabâche souvent aux parents de très jeunes enfants, et qui peut vite devenir horripilant, voire effrayant. Mais est-il vraiment le reflet de la réalité ?

Lorsque l’on a un bébé, et que l’on a la tête dans le guidon, des cernes jusqu’aux genoux, le pire est-il encore à venir ? L’adolescence amène-t-elle forcément son lot de problèmes ? Deux mères d’ados et une psychologue spécialiste en développement de l’enfant et de l’adolescent nous en disent plus.

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Une phrase difficilement audible par les parents de jeunes enfants

« Quand mon aîné était petit, je n’avais pas de recul sur ma situation et les problèmes que je rencontrais avec lui. Il dormait mal et peu, était très intense et demandeur, je trouvais cette première parentalité super dure », raconte Gwendoline, mère de trois garçons de 14 ans, 2 ans, et 5 mois.

« Je voyais dans la phrase « Petits enfants, petits problèmes, grands enfants, grands problèmes » beaucoup de mépris, je me sentais regardée de haut, comme si les personnes qui utilisaient cette phrase toute faite avaient oublié ce qu’est d’être parent d’un tout petit. On peut vite se sentir submergé par la fragilité d’un bébé, ou par les enjeux éducatifs d’un bambin qui se construit, que ce soit un premier enfant ou non. L’affirmation de la personnalité et la crise des deux ans, je trouve que ça peut être un sacré défi parental, on peut y mettre de gros enjeux et vivre ça de façon terriblement dure… », rappelle-t-elle.

« Le facteur fatigue qui joue beaucoup chez les jeunes parents est ultra-vulnérabilisant les premiers mois, voire les premières années » explique Marie Danet, docteure en psychologie et maîtresse de conférences en psychologie du développement à l’université de Lille. « Ce n’est pas simple pour les parents, et ce genre de message quand on est épuisé, et même stressé que cela puisse ne jamais s’arrêter, est assez inaudible. Quand on est dedans, c’est compliqué de pouvoir prendre du recul. »

Diane, professeure des écoles en maternelle, est mère de trois grands enfants de 24, 20 et 16 ans, et elle a un autre avis sur le sujet. « Quand ils étaient petits, je ne connaissais pas l’adage, je ne l’avais jamais entendu. C’est bien dommage, j’aurais pu me préparer ! Et relativiser les petits soucis du quotidien, le sommeil, la propreté, les repas, tout ça. C’est facilement gérable et cadrable, quand on y pense. »

15 ans plus tard, la difficulté ne se situe plus au même niveau

« Avec un adolescent, ce n’est plus la question de la fatigue qui est en jeu, mais celle de devoir faire confiance » explique Marie Danet. « Les personnes qui usent de cet adage auprès des jeunes parents ressentent peut-être un peu de nostalgie. Quand leurs enfants étaient petits, ils se sentaient un peu débordés, mais finalement avec le recul, ils se disent que c’était une époque où il y avait une proximité avec l’enfant qu’ils n’ont plus forcément, ou qui est en tout cas différente. »

Un sentiment que Diane confirme. « Avec le recul, et trois enfants ado ou jeunes adultes, je ne peux que constater, dans mon cas au moins, la véracité de cet adage. Mes deux grands m’ont causé des soucis à nul autre pareil entre leurs 16 et 20 ans… ça se calme un peu maintenant, mais je n’étais clairement pas prête sur le moment. C’était une étape à franchir pour eux : braver les interdits, se confronter aux autres, etc. Mais en tant que parent qui se doit d’aider à réparer les pots cassés, ou d’entendre des appels à l’aide sur des sujets inconfortables, j’aurais aimé savoir avant, que quand ils sont autonomes, ils le sont aussi pour faire absolument n’importe quoi»

« Quand les enfants sont grands, leurs parents ont moins la main sur ce qu’il se passe dans leurs vies, il y a une impression de perte de contrôle » confirme Marie Danet. « Les adolescents commencent à prendre leurs propres décisions, cela donne une impression de problèmes plus importants. Ce n’est plus uniquement le parent qui guide, le champ social augmente et les influences potentielles aussi, les ados prennent des décisions qui peuvent être contraires à ce que leurs parents préconisent. »

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Gwendoline a un avis plus réservé sur la question. « Depuis que j’ai un ado, je dirais que cet adage n’est pas juste. Je comprends qu’on puisse l’utiliser, mais je continue à y voir une forme de mépris, et de validisme aussi, ayant été confronté au handicap de mon aîné dès ses 4-5 ans. J’ai maintenant un ado et deux enfants en bas âge, et il ne me viendrait pas à l’esprit de hiérarchiser les problèmes que je rencontre dans leur éducation en fonction de leur âge. »

Cet adage dit-il vrai ?

Pour Diane, la réponse est oui. « Honnêtement, je pense qu’il faut avoir le cœur bien accroché quand ils arrivent vers 15-16 ans. Surtout quand on leur a consciencieusement appris à être autonomes, ils peuvent avoir cette fausse impression qu’ils sont déjà adultes, et que toutes leurs décisions sont valables, alors, qu’ils se mettent en danger. »

Gwendoline pense, elle, que la réponse n’est pas si évidente. « De ce que j’observe autour de moi, la difficulté d’élever un ado dépend surtout des parents et du rapport qu’on a avec sa propre adolescence, entre autres. Pour moi par exemple, c’est difficile parce que je ne parviens pas à reconnaître dans mon aîné l’ado que j’ai été : ses problématiques ne sont pas celles que j’ai rencontrées. Et surtout, je crois que ce qui change à l’adolescence, ce sont les enjeux : je dis souvent à mon aîné ‘tu te rends compte des conséquences si tu fais ça en tant qu’adulte / dans le monde du travail ?’ »

Pour Marie Danet, tout dépend du point de vue selon lequel on se place. « Les problèmes liés à l’éducation des enfants varient selon l’âge. Lorsque les enfants sont petits, on peut davantage les contrôler, ils sont parfois dans l’opposition, mais cela peut facilement être contourné. Avec les adolescents, cela ne fonctionne plus vraiment. Et on connaît à peu près toutes les expériences vécues par ses enfants lorsqu’ils sont petits, du fait de leur environnement assez restreint, ce n’est plus vrai par la suite. »

Pourquoi continue-t-on à rabâcher cet adage ?

« Pour certains parents, cet adage est une menace prophétique, mais il n’y a pas de volonté de faire peur, je pense. C’est assez contre-productif de dire cela à de jeunes parents, mais certains y voient un conseil nécessaire, en se disant que si eux avaient su que ce serait plus compliqué par la suite, ils auraient davantage profité de la petite enfance. » explique Marie Danet.

Alors, comment rassurer les parents de jeunes enfants qui appréhendent l’adolescence, et ses problématiques, qui se profilent au loin ? « Il ne faut pas forcément tenir compte de ce qu’il va se passer dans le futur » conseille la docteure en psychologie. « Chaque période a ses challenges et ses bons moments, il vaut mieux se concentrer sur la construction de la relation dans le présent. Plus elle est sécure et équilibrée, plus cela aidera dans les relations futures. »

Est-il possible d’avoir des ados sans problèmes ? « Il y a, en effet, des ados pour qui l’adolescence n’est pas très bruyante, cette période d’opposition est très variable d’un enfant à un autre, et même d’une année à l’autre. Mais ce n’est pas forcément bien que les ados soient ultra-conciliants avec leurs parents, et les parents doivent aussi accepter que leur adolescent n’est plus un enfant. »

Il ne semble donc pas y avoir de réponse universelle à cette question. Si chaque période présente son lot de difficultés, et que les actuelles paraissent toujours pires que celles passées, elles doivent toutes être prises en considération, et ne pas être hiérarchisées, même si la tentation est grande !


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Les Commentaires

1
Avatar de Gringo
16 novembre 2023 à 16h11
Gringo
Pour moi c'est vrai dans la mesure où on parle des problématiques de l'enfant, pas de la façon dont ça impacte la vie de l'adulte (parce que ça peut être aussi crève coeur d'entendre son bébé hurler le martyr sans savoir pourquoi, que de stresser parce qu'il est parti en scooter avec un pote, que de stresser parce que la maison qu'il a acheté est plein de vices cachés et qu'il ne sait pas comment financer les travaux).
C'est juste que les problématique d'un enfant de 4 ans sont bien plus gérables et résolvables facilement que les problématiques d'un enfant de 15 ans qui elles-même sont bien plus résolvables facilement que celles d'un enfant de 40 ans.
Si votre enfant de 40 ans vous appelle pour vous dire que ça ne va pas, ça va être pour bien plus grave que machine qui lui a piqué son stylo ou parce qu'il a foiré son épreuve de maths.
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