Bella Hadid fait partie, avec sa soeur Gigi, des supermodels des temps modernes. Collaborations avec des marques, défilés… considérée comme la Carla Bruni du millénaire, elle est ultra demandée.
Mais cette grande sollicitation s’accompagne aussi d’un lourd bilan pour la star qui, à 25 ans, est déjà passée par de nombreuses difficultés liées à son image comme elle l’explique dans une interview accordée au Vogue américain datant du 15 mars dernier.
Des codes de féminité toxiques ancrés dès le plus jeune âge
Les difficultés rencontrées par Bella Hadid ont commencé très tôt, plus précisément aux alentour de 14 ans — âge durant lequel elle a décidé de se faire refaire le nez pour soulager un complexe.
Une décision très prématurée selon le docteur Gerbault, professeur auprès de l’International Society Of Asthetic Plastic Surgery, qui explique dans les colonnes de Santé Magazine qu’il est préférable d’attendre que le visage ait terminé sa croissance osseuse et cartilagineuse, vers 16-18 ans. Mais ce dernier avoue tout de même qu’il peut « exceptionnellement opérer une adolescence de 14 ans, avec l’accord des parents, si le nez pose un réel problème psychologique. »
Quant à elle, Bella Hadid avoue regretter cette opération aujourd’hui, preuve que sa détermination de l’époque faisait davantage écho à une pression esthétique :
« J’aurais dû garder le nez de mes ancêtres. Je crois que je m’y serais faite en grandissant. »
Concernant les rumeurs selon lesquelles elle aurait fait d’autres opérations de chirurgie esthétique, Bella tient à être claire :
« Les gens pensent que j’ai touché à mon visage à cause d’une photo de moi adolescente sur laquelle j’étais bouffie… Je n’ai jamais fait de fillers. Je n’ai rien contre, mais ce n’est pas pour moi. Ceux qui pensent que je me suis fait lifter les yeux ou autre chose : j’utilise du ruban de lifting du visage ! La plus vieille astuce du monde… »
« La soeur la plus laide »
Si Bella se considère comme « la soeur la plus laide » selon ses dires, c’est parce qu’elle a longtemps souffert de comparaison avec sa soeur Gigi, qui a débuté sa carrière dans le mannequinat très jeune — notamment dans une campagne Guess enfant.
Pendant l’enfance, Bella confie notamment avoir eu des problèmes de santé mentale et avoir développé, à la période du lycée, de l’anorexie. Heureusement, elle estime aujourd’hui entretenir une relation saine avec la nourriture. Mais l’acharnement dont elle a fait preuve concernant son physique tout au long de sa carrière et ce, depuis ses débuts, a fait naître un sentiment d’imposture en elle :
« J’ai eu le syndrome de l’imposteur car les gens m’ont donné l’impression que je ne méritais rien de tout ce que j’avais. Ils ont toujours quelque chose à dire, mais ce que j’ai à affirmer, c’est que j’ai toujours été incomprise dans mon industrie et par les personnes qui m’entourent. »
Elle poursuit en posant ce qui est peut-être LA question :
« Je me demande toujours comment une fille avec des insécurités incroyables, de l’anxiété, de la dépression, des problèmes d’image corporelle, des problèmes d’alimentation, qui déteste être touchée et qui souffre d’anxiété sociale intense, a pu entrer dans cette industrie ? »
Les mannequins, premières victimes des idéaux féminins
« Chacun de nous peut se servir de son corps comme d’une galerie d’art ambulante », écrit l’historienne italienne Grazietta Butazzi en 1983 dans son livre La mode: art, histoire & société.
Mais à quel point ce concept peut-il être nocif et toxique pour les femmes, soumises au quotidien aux clichés irréalistes publiés sur Instagram et aux idéaux que les marques utilisent pour vendre ?
Bella Hadid et bien d’autres mannequins ont révélé que derrière la magie des podiums se cachait, en réalité, un monde bien moins glamour qu’il n’y paraît et dont les modèles sont souvent les premières victimes. Si bien que certaines d’entre elles, comme Bella, souffrent de dysmorphophobie. C’est d’ailleurs le sujet du podcast Madmoizelle Mon corps, ce poids, créé et animé par Victoire Dauxerre, ancienne mannequin.
Malheureusement, ces dernières sont souvent victimes d’un système qui tend à se mordre la queue puisqu’elles deviennent les actrices de ce dernier, en correspondant point par point à ces clichés de perfections qu’elles dénoncent pour rester sur le devant de la scène. Et Bella Hadid, dont le physique fait la une des magazines, en est l’illustration type.
En se livrant sur ce qu’elle a vécu, elle va néanmoins à l’encontre d’une idée reçue de « perfection » physique « sans effort » ni douleur : si Bella Hadid est qui elle est, c’est aussi parce qu’elle a traversé des dangers liés aux standards de beauté féminins. Comme quoi, tout le monde gagnerait à les envoyer valser…
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Crédits de l’image de une : @bellahadid.
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