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Parentalité

Ne plus vouloir de bébés bruyants dans les lieux publics, c’est pas très féministe

Se plaindre des enfants en bas âge (et de leurs parents) dans les transports en commun ou ailleurs, c’est un grand classique. Et si cela participait malheureusement à l’exclusion des mères de l’espace public ?

À chaque vacance scolaire, c’est la même chose : ils sont de retour ! Dans les trains, les restos, à la plage ou au musée, impossible de se déplacer sans tomber sur eux. J’ai nommé, bien sûr, les regards de travers et les remarques désagréables envoyées aux lardons et à leurs adultes de référence.

Les bébés et enfants en bas âges dans les lieux publics, ainsi que leurs parents, sont très régulièrement la cible de messages de ras-le-bol (voire de haine pure) sur les réseaux sociaux, parce qu’ils ont l’outrecuidance de faire du bruit — les cadres de retour de séminaire qui s’interpellent d’un bout à l’autre du wagon, beaucoup moins, étrangement…

Mais ces critiques en ligne ou dans les lieux publics ont une conséquence très concrète : elles dissuadent les mères de sortir de chez elles.

Par peur des jugements, les mères restent chez elles

Si j’ai pu moi aussi lancer quelques regards agacés à des jeunes parents qui n’étaient pas assez proactifs à mon goût pour faire cesser les pleurs de leurs rejetons, depuis que j’ai eu un enfant, j’ai carrément regretté mon attitude précédente.

Il fallait que je le vive pour le comprendre : un bébé, ça pleure, c’est son unique mode d’expression. Et on a beau déployer tout ce qu’on peut pour le calmer, ça ne fonctionne pas toujours. En plus, les marmots sont des éponges à stress. Plus ils ressentent que leurs parents sont stressés, plus il y a de chance pour qu’ils continuent à pleurer.

Et vous savez ce qui stresse un parent ? Se taper des regards noirs parce que son enfant pleure.

En fait, j’ai même réalisé que l’idée de devoir gérer les pleurs de ma fille dans un lieu public et affronter des regards de travers ou des critiques sur ma façon d’être mère me stressait tellement qu’il m’était arrivé de renoncer à des sorties pendant mon congé maternité puis parental — ça, et le fait de devoir l’allaiter dans un lieu public, alors que mes concitoyens et concitoyennes semblent avoir encore un vrai souci avec ça…

Quand on devient mère, on se sent souvent incompétente pour prendre soin de son enfant, alors on n’a certainement pas besoin que des personnes inconnues viennent nous renvoyer dans les dents qu’on fait du #badparenting ! J’emploie ce hashtag à dessein, car c’était lui qui accompagnait un thread sur Twitter à propos des enfants bruyants à la plage, qui a causé beaucoup de réactions le week-end dernier.

Comme le rappelle Illana Weizman, autrice du livre Ceci est notre post-partum et militante féministe :

« L’état numéro un de la maternité est la culpabilité, résultat de la montagne d’injonctions et de charges qui nous incombent et qui sont tout bonnement impossibles à tenir. Souhaiter faire disparaître [les enfants] de l’espace public, c’est, en prolongement, souhaiter la même chose pour les mères. Parce que ce sont elles qui, encore en 2021, sont majoritairement responsables de la charge parentale. »

Illana Weizman, autrice et militante féministe

Même si ce n’est probablement pas le but recherché par les personnes qui postent des messages pour se plaindre du bruit des petits dans l’espace public, le résultat est que cela encourage les personnes qui s’occupent de bébés ou de bambins à rester chez elles, autrement dit les mères. Pas ultra féministe non ?

https://twitter.com/valerieCG/status/1431681829086679047

En plus, le regard porté sur les mères ou les pères dans les lieux publics n’est souvent pas le même. Un père qui s’occupe de son enfant, va tout de suite être vu de manière positive : quel excellent père, elle a de la chance sa femme ! Une mère ? Bah… c’est son job, non ?

Forcément, quand le bébé se met à pleurer, ce décalage se traduit aussi par les jugements que peuvent se prendre les mères puisqu’elles font mal leur « job », tandis qu’il n’est pas attendu des pères qu’ils soient présents auprès de leur progéniture.

« Les parents pourraient lui dire de se taire ! »

Bien sûr, passé un certain âge, les enfants sont capables de comprendre que les lieux publics sont des espaces partagés et qu’il faut donc respecter les personnes autour de soi (et ne pas donner de coup de pied dans le siège de devant, merci).

Et c’est évidemment le rôle des parents de leur transmettre cet enseignement.

Si la plupart d’entre eux jouent le jeu, il est possible que vous tombiez parfois sur des parents qui n’en ont visiblement rien à secouer. C’est dommage, mais est-ce que ça va arranger les choses de râler sur Twitter plutôt qu’aller leur demander gentiment de faire un peu moins de bruit ?

Cris des bébés dans les lieux publics et neuroatypie

Personne (et certainement pas les parents) ne niera que les cris et les pleurs des enfants en bas âge peuvent être difficiles à supporter, a fortiori par les personnes qui souffrent d’une hypersensibilité au bruit, de par leur neuroatypie ou maladie.

Mais utiliser le handicap ou la neuroatypie comme justification pour être intolérants au bruit des enfants, c’est oublier un peu vite le fait que les enfants avec un handicap et/ou neuroatypiques existent, qu’ils peuvent par moments faire (beaucoup) de bruit, mais qu’ils ont tout autant le droit d’être dans l’espace public que les autres !

Pensez-y la prochaine fois qu’un petit se roulera par terre au supermarché et que vous aurez envie de lever les yeux au ciel…

Plus généralement, je crois qu’il est bon de garder en tête qu’on ne sait jamais ce qui se passe dans la vie des jeunes enfants ou parents que l’on croise dans les lieux publics.

Cette mère qui ne propose aucune activité à ses enfants de 4 et 6 ans et les laisse se chamailler dans le TGV est peut-être en plein burn-out parental, ou seule pour les élever depuis le décès de leur père.

Ces parents qui crient sur leur fille de 16 mois parce qu’elle braille ont tort bien sûr, mais qui pourrait leur en vouloir alors qu’ils n’ont pas dormi plus de 4 heures par nuit cette semaine, à cause d’une poussée dentaire ? (Toute ressemblance avec des personnes existantes seraient purement fortuite bien sûr..)

Bref, vous voyez l’idée. Faisons plutôt preuve d’empathie envers les parents ET les enfants, avant de les juger.

Que faire face au bruit des enfants dans l’espace public ?

Face au bruit des enfants, on peut trouver des solutions collectives, en repensant l’aménagement des lieux publics et transports en commun pour qu’ils soient accessibles et agréables pour tous et toutes.

Je RÊVE, comme pas mal de parents je crois, de trains comprenant une voiture aménagée pour les jeunes enfants avec des jeux, des trucs à escalader et de la place pour se dégourdir les jambes !

En attendant, vous pouvez individuellement améliorer la situation, en faisant preuve de bienveillance. Si vous avez près de vous un parent qui peine à calmer son enfant, vous pouvez lui sourire, et si vous le sentez réceptif, engager gentiment la conversation avec l’enfant (ça peut suffire à stopper une crise), voire proposer de jouer avec si vous vous en sentez la force.

Tout ce qui pourra baisser le niveau de stress ou de tension est bon à prendre.

Et si vous n’avez pas envie d’avoir cette interaction, vous pouvez changer de place ou utiliser un casque antibruit (ou des boules Quies) pour rendre ce moment moins pénible pour vous, et in fine, pour les parents auxquels vous n’aurez pas jeté de regard noir !

À lire aussi : Depuis quand « être une bonne mère » veut dire « se sacrifier » ?

Crédit photo : Pexels


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Les Commentaires

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Avatar de Mymy Haegel
7 septembre 2021 à 15h09
Mymy Haegel
Bonjour à toutes,
Après avoir lu tout le topic et échangé avec @Clémence Boyer, nous décidons de ne pas le rouvrir : il nous semble que bien des aspects du sujet ont été largement discutés ici, et la nature sensible de la thématique fait visiblement chauffer vite les esprits. Ce serait dommage pour tout le monde de voir de nouvelles échauffourées, je pense que personne n'a à gagner à une foire d'empoigne sur le forum.
Nous vous invitons cependant à poursuivre la discussion, si vous le souhaitez et dans le calme, sur différents topics : celui des personnes childfree, celui permettant aux parents et aux childfree d'échanger, le potentiel nouveau topic « parentalité féministe » évoqué ici... ce forum est aussi votre espace, mais sachez que si ça dérape à nouveau, on interviendra à nouveau. S'il est impossible d'évoquer cette thématique sans que cela ne tourne au pugilat, c'est quand même dommage : dans une perspective féministe, la place des mères avec leurs enfants dans l'espace public est une réalité difficilement contournable. Mais ça ne veut pas dire qu'on va forcer le sujet à tout prix, alors si ça énerve tout le monde, on arrête.
Je vous demanderai cependant de rester civiles et de ne pas passer d'un topic à l'autre pour baver d'un côté sur les personnes qui vous répondent en face ou sur ce qu'elles vous disent. Faites-le en MP si vous voulez, mais pas sur un autre espace public où la Mad pourrait vous lire. Si vous n'êtes pas contentes des réponses qui vous sont faites, soit c'est hors-charte et vous les signalez, soit vous arrêtez là l'échange, tant pis. Le monde continuera à tourner et le Soleil à se lever
J'en profite pour rappeler que le topic childfree est certes un endroit où il est permis de « se défouler et râler », mais dans une certaine mesure, et contre l'injonction à procréer / la représentation de la parentalité / la pression à se reproduire, pas contre des personnes ou catégories de personnes qui font juste leurs propres choix. Les termes insultants et sexistes à l'encontre des mères de plusieurs enfants, tels que « pondeuse » évoqués ici, n'y sont donc pas plus admis qu'ailleurs sur le forum. Je mettrai ce message sur le topic concerné aussi mais je l'évoque ici car vous en avez pas mal parlé.
@iableauco pour finir, je t'adresse un avertissement, pas sur le fond (eh non, les childfree ne sont pas persécutées ici) mais sur la forme. Tu as été agressive, moqueuse, extrêmement sur la défensive, et ça n'a fait qu'envenimer le débat. Si le sujet est trop chaud pour que tu l'abordes avec calme et empathie, alors il faut l'aborder ailleurs car ce n'est pas le genre d'échange qu'on souhaite sur le forum.
J'espère que nous pourrons avoir ces discussions de façon plus apaisée. Prenez soin de vous
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