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Missguided a beau être rachetée, des familles d’ouvrières textile au Pakistan ont eu le temps de sombrer
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Missguided a beau être rachetée, des centaines d’ouvrières textile au Pakistan ont eu le temps de sombrer

Après une requête en liquidation de la part de ses fournisseurs suite à sa faillite, la marque de fast fashion Missguided a finalement été rachetée par Frasers Group (Sport Direct). Mais entre temps, plusieurs familles au Pakistan ont sombré, faute de commandes.

Pour afficher des prix si rikiki, la plupart des marques de fast-fashion occidentales sous-traitent la confection de vêtements à l’autre bout du monde, où la main d’oeuvre s’avère bien moins chère et les droits sociaux plus rares. C’est le cas de Missguided qui faisait appel à plusieurs usines textile au Pakistan.

Sauf qu’entre la pandémie et le Brexit, cette griffe britannique a accumulé plus de 17 millions de dettes auprès de ses fournisseurs, au point de faire faillite. Si la marque vient d’être rachetée début juin 2022 par Frasers Group (entreprise qui détient notamment Sports Direct), elle a eu le temps de laisser sur le carreau des centaines d’ouvrières textile, source importante de revenus pour leur famille, au Pakistan.

Le compte Instagram de Missguided ne publie plus rien depuis le 30 mai 2022, soit une éternité pour une marque de fast-fashion. © Capture d'écran Instagram.
Le compte Instagram de Missguided ne publie plus rien depuis le 30 mai 2022, soit une éternité pour une marque de fast-fashion. © Capture d’écran Instagram.

« Se suicider ou devenir un voleur ? »

Comme le rapporte le Guardian, cela faisait au moins 4 mois que Missguided n’honorait plus ses paiements auprès de centaines d’ouvrières textile au Pakistan qui exécutaient ses commandes. Le grand quotidien britannique cite l’exemple de plusieurs travailleuses d’une usine à Faisalabad (l’une des villes majeures dans la confection textile), Bismillah Clothing, qui fabriquent exclusivement des vêtements pour Missguided depuis 2017.

Plusieurs racontent souffrir de sévère dépression, en plus de la faim, car elles sont souvent une source importante de revenu pour leur famille. Une seule ose avouer s’être mise à mendier. Un employé estime auprès du Guardian :

« Nous ne savons pas quoi faire dans cette situation. Que ce soit se suicider ou devenir un voleur. Je ne peux pas survivre sans recevoir un salaire chaque mois, mais cela fait plus de quatre mois. Missguided et le gouvernement britannique devraient nous aider ou le gouvernement devrait forcer l’entreprise à payer pour l’usine de Bismillah. »

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« Nous n’avons pas d’autre choix que de licencier les travailleurs »

Nadeem Siddique, le propriétaire de l’usine Bismillah Clothing, explique comment ce désastre économique et sociale a pu se produire :

« Ils ne m’ont jamais dit qu’ils étaient confrontés à une crise financière, Missguided nous a tenus dans l’ignorance. [Au cours des derniers mois], nous avons expédié des centaines de milliers de vêtements qu’ils ont commandés et des milliers d’autres sont bloqués dans nos entrepôts et notre port pour être expédiés. Nous n’avons pas [reçu] un seul dollar pour ces vêtements. Nous n’avons pas d’autre choix que de licencier les travailleurs et travailleuses. »

Alors que Missguided devrait plus de 2 millions de livres sterling (soit 2,3 millions d’euros) à Bismillah Clothing, d’autres usines se retrouvent dans un pétrin similaire, comme Spry Sports. Shams Ghulam, son propriétaire, résume avec fatalité, toujours auprès du Guardian :

« Les pays occidentaux disent qu’ils sont civilisés et qu’ils se soucient des travailleurs et des droits du travail, mais pouvez-vous demander à ces entreprises, que doit faire un fournisseur pour payer ses travailleurs et travailleuses ? Est-ce ma faute si je n’ai pas payé mes ouvriers et ouvrières ? Non. »

Avec le rachat de Missguided par Frasers Group (pour 20 millions de livres, soit environ 23,5 millions d’euros), l’avenir des employées de ces usines au Pakistan reste incertain. La plupart a déjà été licenciée.

Si cela peut sembler être un cas extrême, cette histoire reste représentative des contre-coups économiques et sociaux d’une industrie mondialisée de la mode, toujours plus avide et avare. Et ce sont souvent des femmes racisées précaires qui se retrouvent à en payer le prix fort.

À lire aussi : La pandémie n’a fait qu’aggraver les conditions de vie des Indiennes qui fabriquent nos vêtements, alerte une ONG

Crédit photo de Une : pexels-azraq-al-rezoan-12420357


Les Commentaires

2
Avatar de Dragonfena
15 juin 2022 à 15h06
Dragonfena
Comment faire?
Il est clair que la production de masse de vêtements ne sera pas relocalisée dans les pays riches. Si on veut pouvoir acheter son jean 49€, malheureusement il faut le produire dans un pays où il ne coûte que 0,49€.
Est-ce que les marques qui passent les commandes peuvent travailler avec des usines qui ont un fonctionnement atypique et moderne pour le pays?
Horaires de travail moins étendus, meilleur salaire pour les salariés, pause déjeuner etc.
Je ne vais pas faire une analyse financière mais est-ce qu'augmenter de 50 centimes le prix des vêtements en Europe pourrait permettre aux marques de choisir des ateliers qui rémunèrent mieux?
Après si les marques se mettent à faire faillite c'est peut-être dû au rapide désintérêt que les consommateurs ont pour ce type de vêtements. La mode change très vite. Si avant on pouvait identifier des styles en fonction des décennies (le style années 30, style années 60, style années 80 etc.) de nos jours la mode change chaque année.
C'est le modèle économique des marques de fast fashion qu'il faut revoir :
Créer des pièces en série limitée pour éviter la lassitude et le manque à gagner. Ça permettrait aussi d'augmenter les prix et d'éviter les situations de faillite. Le tout permettrait aux usines d'Asie de continuer à tourner pour leur économie (s'ils vivent de ça je ne vois pas pourquoi on devrait leur supprimer ce travail. Il faut pouvoir cela dit améliorer leurs conditions de travail. Ça passe par une très petite augmentation des prix et de stratégies pour éviter que la clientèle achète ailleurs)
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