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Société

L’homophobie crée du lien. Entre Booba, Eric Zemmour et la Floride, par exemple (oui)

Il y a des alliances que l’on ne voit pas venir… Mais qui finalement ne sont pas si incohérentes que ça. En soutenant une loi homophobe américaine, Booba a trouvé de bon ton de montrer son soutien à un certain Eric Zemmour.

Aux États-Unis, la loi « Don’t Say Gay », qui interdit d’aborder les questions LGBTI+ à l’école et qui vient d’être adoptée en Floride, a fait beaucoup réagir les stars, qui n’ont pas hésité à dénoncer sa portée dangereuse.

En France, elle fait bien moins réagir… ou en tout cas, pas dans le même sens ! C’est notre Booba national qui a absolument tenu à nous dire ce qu’il en pensait — probablement puisqu’il passe une large partie de son temps en Floride, justement, à Miami.

La semaine dernière, le rappeur nous a donc donné son avis de parent inquiet (que personne ne lui avait demandé) et y allait de son petit commentaire pour dénoncer ce qu’il qualifie d’« endoctrinement », s’offusquant que l’on parle d’une loi « homophobe ».

La protection des enfants, c’est un ressort qui fonctionne à merveille quand une personne veut affirmer qu’elle n’a « rien contre les homosexuels », mais que, quand même, « on devrait laisser les plus jeunes en dehors de ça ».

Quid de certains enfants qui se savent différents dès le plus jeune âge ? De ceux qui grandissent dans des familles homoparentales ? Visiblement, on préfère faire comme s’ils n’existaient pas ou comme s’ils étaient quantité négligeable.

Booba, papa homophobe inquiet… au point de soutenir Zemmour

Booba a décidé de ne pas lâcher le morceau sur cette idée d’endoctrinement. D’ailleurs, il a carrément jeté son dévolu sur un candidat à la présidentielle qui manie le même vocabulaire que lui : Eric Zemmour.

Un soutien au premier abord complètement improbable, qui en a surpris plus d’un.

tweet booba zemmour

« On demande à des enfants de 8 ans, de 10 ans, s’ils se sentent garçons ou filles, je n’admets pas que on les pousse ensuite vers des blocages de puberté par des médicaments, je trouve ça ignoble » déclare le candidat à la présidentielle dans cet extrait d’une interview de Brut.

De la « théorie du genre » aux transitions forcées, la désinformation transphobe circule

Comme en 2014, en pleine psychose sur la théorie du genre prétendument enseignée à l’école et le programme des ABCD de l’égalité, les mêmes propos sont répétés à l’envi pour discréditer la lutte contre les discriminations et contre les stéréotypes de genre.

Ici, les arguments repris par Eric Zemmour et applaudis par Booba sont ceux de l’extrême droite pour s’opposer à la prise en charge des mineurs trans et leur permettre un suivi avant d’envisager par la suite un traitement hormonal — mais on les retrouve aussi dans les discours tenus par des militantes féministes transphobes qui soutiennent notamment l’idée que les jeunes lesbiennes subissent aujourd’hui des pressions pour transitionner.

En ligne, la chanteuse Hoshi, qui s’était déjà mobilisée pour soutenir la loi contre les thérapies de conversion, a raillé cette idée d’endoctrinement, bien pratique pour étaler son homophobie sans en avoir l’air sous prétexte de vouloir protéger les enfants.

Derrière ce crossover de l’enfer entre Booba et Eric Zemmour, il y a finalement cette idée que les LGBTIphobies permettent parfois à des gens qui n’ont pas grand chose en commun de se réunir dans la même haine.

À lire aussi : Le suicide de Fouad, lycéenne trans, montre à quel point l’école française est démunie

Crédit photo : Thesupermat, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons


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Les Commentaires

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Avatar de Horion
8 avril 2022 à 18h04
Horion
@Camility Jane
C'est exactement ça la reformulation c'est la où un topic de discussion entre personne cis et trans est utile car je me rends compte aussi que pour la majorité des personnes qui ne font pas de transition, ils ne savent pas ce qu'est la SOFECT. Qui a pris un autre nom aujourd'hui (trans santé ou FPATH : French Professionnal Association For Transgender Health, avec évidement aucune personne trans dedans. C'est comme si un.e médecin crée une association pour la santé des femmes avec que des hommes quoi).
Je me permets un post plus complet et explicatif.
Petit historique déjà.
Ça a été créé en France par une médecin psychiatre psychanalyste vers 2010, quand elle s'est rendu compte qu'il n'y avait pas vraiment de structure existante pour encadrer la transition des personnes trans.
Le but c'était de créer des équipes dans les CHU avec un.e psychiatre, un.e endocrinologue et des chirurgien.nes.
Le parcours type avant que la transidentité ne soit plus considéré comme une pathologie psy, c'était
- un rendez vous avec le psychiatre de l'équipe qui évalue si lae personne est bien transgenre (sur des critères très arbitraires que je vais détailler plus bas). Le rendez vous fait suite à un suivi de deux ans minimum avant d'obtenir des hormones.
- au bout de deux ans, le dossier du patient passe devant une commission pluridisciplinaire (avec les autres médecins de l'équipe) pour évaluer de la qualité de la motivation et de si lae personne est bien trans.
- si l'aval est donné, lae patient a accès à un rdv avec l'endocrinologue pour obtenir une prescription d'hormones puis par la suite aux chirurgien.nes de l'équipe (avec une grosse pression pour effectuer ce qu'ils appellent le "parcours complet" soit toutes les chirurgies, ce que pleins de personnes trans ne veulent pas forcément. On change que ce qui nous donne de la souffrance.
- pour obtenir un changement d'état civil, il fallait se faire stériliser obligatoirement (hystérectomie pour les hommes trans et orchidectomie (ablation des testicules) pour les femmes trans). En sachant que la conservation de gamettes ne servaient à rien (et sert toujours à rien car si on a effectué nos changements d'etats civils, on a plus accès à nos gamettes).
Les critères plutôt arbitraires de ces équipes au fil des ans (en sachant qu'avec trans santé, il faut noter une amélioration à force que les associations trans et aussi les médecins trans mettent en place des campagnes d'informations, certains chu ont fini par écouter un peu pour améliorer la prise en charge). De plus certains chirurgien.nes des équipes opèrent aussi en privé sans demander les suivis de deux ans (qui depuis 2016 ne sont plus obligatoires mais qui continuent d'être la norme). C'est un moyen de se faire aussi de l'argent sur notre dos (oui en privé ce n'est pas remboursé ou très peu, j'en parlerais plus bas et ça peut monter jusqu'à 5500 euros pour une mammectomie, contre gratuit dans les équipes pluridisciplinaires).
- savoir qu'on est une personne trans depuis l'enfance : soit à quoi on jouait, comment on voulait s'habiller, bref très basé sur les stéréotypes de genre (qui ont au final rien à voir avec la transidentité).
- demander la sexualité du patient. Pour eux, c'est plus logique d'être une femme lesbienne masculine qui veut transitionner ou un homme gay féminin qui veut transitionner. Ce qui déroge se voit rallonger leur parcours psy ou doivent faire preuve de pas mal d'excuses.
- regarder l'âge. Les équipes n'aiment pas trop les patients trop âgés. Pour eux, on devrait être suivi depuis la fin de l'adolescence/début de l'âge adulte pour être crédible. C'est pas logique pour eux qu'on a pu vivre dans une autre identité autant de temps
- ça passe très peu de fois quand un patient a déjà eu des enfants et les à porté. Pour eux, si tu as pu porter des enfants, tu n'es pas trans car la dysphorie aurait dû te l'empêcher (alors qu'il y a pleins de papas trans qui portent leur bébé en pleine transition)
- les pathologies psy, même des troubles comme le TSA, le TDAH, la dépression qui n'ont rien à voir. D'ailleurs la dépression est courante car entraînée par la dysphorie et la société transphobe. C'est un critère qui peut t'exclure
- la grossophobie (on a des témoignages horribles de personnes trans qu'on a fait attendre des hormones durant trois ans et on leur dit non car ils sont trop "gros". Sous prétexte de risques, les risques étant les mêmes que les personnes cis des hormones qu'on prend. D'ailleurs on a des surveillances régulière car comme tout traitement, il y a des effets secondaires et en médecine comme disait @Peace&Love&It;3 , on applique la balance bénéfice risque.
Je refais un parallèle avec la chirurgie esthétique mais il y a des risques aussi à faire des injonctions dans le visage et pourtant personne voit un psy.
- on exige des personnes trans qu'elles vivent avant les hormones dans leur identité de genre en reproduisant les stéréotypes. Ce qui met en danger les personnes trans car on va pas se mentir mais voir une personne d'apparence "homme" porter tous les stéréotypes de genre féminin dans la rue, vous vous doutez bien que la personne trans à de forts risques d'agression augmentées (agressions pour la plupart homophobe car elles sont perçues souvent comme gays efféminés ou travestie, et autre joyeux mots...).
Le soucis de la SOFECT
- c'est qu'elle a créé de gros liens avec l'ordre des médecins qui s'appuie sur ses recommandations en fac de médecine
- à créé des gros liens avec la CPAM. En théorie la transition est censée être remboursée. Quand on ne passe pas par le parcours officiel (et qu'on ne justifie pas des deux ans de suivis psy malgré le fait que cest plus obligatoire), la cpam refuse très souvent la prise en charge des chirurgies. Qui donc sont payantes de nos poches (c'est pour ça que vous voyez souvent des cagnottes sur les réseaux).
Il est possible d'avoir des recours en saisissant le Défenseur des Droits mais la procédure est très longue (parfois plusieurs années) et beaucoup n'ont pas le courage de le faire.
- la plupart des médecins qui nous suivent dans le privé exigent d'avoir une attestation d'un psychiatre qui dit qu'on a pas d'altération du jugement. Car certains médecins ont eu des procès de la part de la sofect et de famille de personne trans MAJEUR, en lien avec l'ordre des médecins (qu'ils ont gagné car c'était base sur du vent mais c'est contraignant). Pour éviter cela, les médecins ne demandent pas deux ans de suivis mais l'attestation (que certains psychiatre donnent rapidement car ils sont contre ce qu'on nous demande mais alors ils se comptent sur une poignée de main en France).
Vous vous doutez bien que dans ce contexte la, la prise de bloqueurs d'hormones et d'hormones tout court est extrêmement difficile d'accès pour les personnes mineurs (qui sont quasi toute obligé d'être suivi par la SOFECT car quasiment aucun médecin du privé ne veut prendre le risque de suivre des patients mineurs).
Quasiment tous les pays occidentaux ont une organisation semblable à la SOFECT. Le royaume Unis étant le pire. Il y a à ce jour 7 ans d'attente pour avoir accès à un rendez vous avec un psychiatre d'une de ces équipes. Je vous laisse imaginer la souffrance de vivre 7 ans d'attente. Rien que pour être reçu.
J'imagine que beaucoup de rumeurs sur les stéréotypes de genre des personnes trans viennent en fait d'organisation tenue par des personnes cis. C'est pas pour rien que les associations trans en France luttent activement contre la Sofect et ses descendants. Car pour nous, stéréotypes de genre n'a rien à voir avec transidentité.
Une femme masculine (qui peut-être hetero aussi) n'est pas forcément un mec trans. Juste une femme masculine.
D'ailleurs ces organisations sont aussi très souvent pas très féministes
Du coup nos revendications se portent
- sur notre accès à la PMA, vu que si on fait notre changement d'état civil, on y a plus accès...or il y a pleins de personnes trans qui veulent pouvoir être parents.
- la destruction (ou l'encadrement par des assos) de Trans Santé (anciennement SOFECT). Certaines assos ont créé leur propre formation sur le sujet en se basant que des recommandations de l'OMS, Dew dernières avancées en terme d'études, etc. Malheureusement toutes les équipes ne veulent pas de nos formations, en estimant qu'ils s'y connaissent mieux que nous.
- un vrai remboursement des soins de transitions (et pas avec les deux ans de suivis psy demandes encore aujourd'hui)
- facilité l'accès à nos changements administratifs (c'est parfois la croix et la bannière malgré le jugement en main pour faire changer cela. Et pas que l'état civil, juste le prénom). ¹
- faciliter et promouvoir l'accès à la santé des personnes trans (on a beaucoup de gens, dont moi, qui n'osons plus consulter de nouveaux médecins car on se prend parfois de la transphobie très violente donc un refus de soin). Dernièrement, j'ai lu un témoignage qui date du week-end dernier, une pharmacie à refusé de délivrer de la testostérone à un patient trans et à déchiré l'ordonnance devant ses yeux (ordonnances conformes puisque seul des médecins endocrinologue ou avec une formation supplémentaire en endocrinologie peuvent prescrire de la testostérone). Le médecin a renvoyé l'ordonnance au patient et a entamé des démarches pour porter plainte contre cette pharmacie. Voilà ce qu'on peut vivre au quotidien dans le milieu médical.
Bref juste des droits pour avoir accès à un niveau de vie semblable à d'autres. Et nos luttes sont conjointes avec les féministes car au final, si un médecin est transphobe il y a de fortes chances qu'il soit aussi misogyne et Cie.
Beaucoup d'oppression découlent du patriarcat.
Sorry de l'apparté mais le poste de Camility m'a fait prendre conscience que c'était important d'expliquer nos parcours aussi.
Et j'aimerais vraiment, malgré les informations données ici, que ce sujet ne tourne pas qu'autour de la transidentité
Après tout c'est un sujet pour TOUS les LGBTQIA+ et ce qu'une loi comme ça en France entraînerait (le fait de plus pouvoir du tout parler de sujets lgbtqia+).
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