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Société

Les Américaines racisées accouchent de plus en plus hors hôpital, contraintes par la précarité

Faute de moyen, de plus en plus de femmes racisées aux États-Unis cherchent des alternatives aux hôpitaux pour accoucher. Car mauvaise nouvelle : chez ces femmes, la morbidité maternelle a nettement augmenté ces dernières années… 

Outre-Atlantique, de plus en plus de femmes racisées ont recours à des alternatives loin des hôpitaux pour accoucher, selon le nouveau rapport de National Partnership for women & families, publié le 29 avril. 

+20% de naissances à domiciles ou dans des centres de naissances communautaires

Cette organisation à but non lucratif qui se concentre sur les politiques publiques concernant les femmes et les familles aux États-Unis, a constaté que les naissances dites communautaires, soit des naissances effectuées à domiciles ou dans des centres de naissance communautaires, ont augmenté de 20% entre 2019 et 2020.

Et ces augmentations concernent principalement les femmes racisées. De 2019 à 2020, plus de 30% des femmes noires non hispaniques, 26% des Natives-Américaines, 24% des femmes hispaniques, et 18% de femmes asiatiques et blanches ont donné la vie hors d’un hôpital. Chez les femmes hawaïennes ou insulaires du Pacifique, les naissances communautaires ont quant à elles augmenté de 13%. 

Les femmes noires trois fois plus victime de morbidité maternelle 

Cette étude révèle aussi qu’au cours des dernières années, la morbidité maternelle  a augmenté globalement et notamment parmi les personnes racisées. La morbidité maternelle est définie par l’Organisation Mondiale de la Santé comme l’émergence pendant la grossesse, l’accouchement ou dans les 42 jours suivant la délivrance, d’un état pathologique mettant en jeu le pronostic vital maternel mais avec survie de la patiente.

De 2014 à 2017, les femmes noires étaient trois fois plus susceptibles de connaître des décès liés à la grossesse que les femmes blanches non hispaniques.  Pour les femmes autochtones, ce risque de décès en couche est deux fois plus probable. 

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© Igordoon Primus – Unsplash

Les obstacles limitant l’accès aux soins dans les lieux d’accouchements communautaires 

Dans son rapport, le NPWF cite divers obstacles limitant l’accès aux soins dans les lieux d’accouchements communautaires : peu de sages-femmes disponibles, les coûts nécessaires pour établir et exploiter des centres de naissance, le remboursement quasi impossible de Medicaid (programme disponible aux États-Unis pour permettre de payer les soins de santé aux personnes ayant peu de ressources financières ), l’absence de licence et de centre de naissance dans tous les états. 

Le NPWF a dressé alors une liste de considérations politiques à destination des décideurs étatiques et fédéraux afin d’élargir l’accès à l’accouchement communautaire. 

« Les centres de naissance et les accouchements à domicile sont des options sûres pour que les femmes accouchent en bonne santé. Les prestataires de naissances communautaires doivent être intégrés au système de soins de maternité. Ces soins à destination des femmes noires, autochtones, ou encore de couleur sont une approche cruciale pour répondre aux besoins des communautés touchées par le racisme structurel et d’autres formes de discrimination. » 

Les recommandations politiques pour lutter contre la morbidité maternelle 

Les recommandations politiques de la NPWF incluent la garantie de la couverture financière des services des centres de naissance et de leurs sages-femmes par tous les prestataires fédéraux et les investisseurs des services de maternité. Le rapport recommande aussi l’inclusion de fonds dans les projets de loi de crédits afin d’augmenter l’offre de sages-femmes titulaires de trois diplômes reconnus à l’échelle nationale. 

La NPWF exhorte aussi les décideurs des États-Unis et des territoires à promulguer un permis de centre de naissance sans restrictions juridiques inutiles limitant l’accès dans les États qui ne disposent pas actuellement de centres de naissance réguliers. Elle recommande aussi aux patrons d’entreprise à informer leurs employées sur les avantages des soins dirigés par une sage-femme dans les centres d’accouchement communautaires. 

Sinsi Hernandez-Cancio, co-autrice du rapport et vice-présidente du NPWF pour les initiatives santé, a alerté sur l’urgence de la situation, dans les colonnes du Washington Post

« Maintenant, plus que jamais, il est important de trouver des moyens de soutenir ces choix de plusieurs manières qui pourraient sauver des vies. La plupart des personnes qui accouchent peuvent accoucher en toute sécurité dans un centre de naissance mais la disponibilité est aujourd’hui encore très limitée. » 

À lire aussi : Un symbole de la lutte pour les droits des femmes est menacé : la maternité des Lilas, « conservatoire de l’humanité »

Image en Une : © Dexswaggerboy – Unsplash


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Les Commentaires

3
Avatar de Nytaas
3 mai 2022 à 09h05
Nytaas
@Gringo en tant que médecin oui mais aussi aide soignant.e, toutes les personnes qui vont graviter autour de la femme pendant l'accouchement.
Je me demande à quel point la sensation qu'elles ne vont pas être prises au sérieux et pas écoutées à cause de leur couleur de peau pousse les mères en dehors des hôpitaux.
Et je suis totalement d'accord le prix des actes médicaux de façon générale est une discrimination énorme. Par contre quitte à raquer autant garantir le même niveau de soin à tout le monde
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Voir les 3 commentaires

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