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Polyamour entre deux femmes et un homme // Source : Photo de Darina Belonogova/Pexels
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« Le polyamour est souvent réduit au sexe » : rencontre avec l’autrice Erika Boyer

Ce 12 avril sortait le dernier roman d’Erika Boyer « Ce qu’il reste de nous » aux éditions Hugo Publishing. Une romance sur fond de polyamour et de communauté gitane que vous ne lirez nulle part ailleurs.

Si vous êtes adepte de la New Romance en littérature, vous n’avez pas pu passer à côté l’autrice Erika Boyer. Extrêmement active depuis 2016, Ce qu’il reste de nous est son vingtième roman. Touche à tout, passionnée par les histoires d’amour et l’écriture sous toutes ses formes, Erika Boyer mène ses combats avec sa plume. Tous ses écrits soulèvent les problèmes de société ou le manque de représentation des minorités.

L’autrice tient à ce que l’entièreté de ses lectrices et lecteurs se sentent représentés dans ses « histoires de vie ». Il était donc tout naturel pour elle d’aborder les relations polyamoureuses avec Ce qu’il reste de nous.

Madmoizelle a rencontré l’autrice pour lui demander pourquoi il était important à son sens de mettre en avant les relations plurielles qui sortent des cadres traditionnels, mais aussi quelles avaient été ses inspirations pour écrire ce dernier roman.

« Ce qu’il reste de nous » est disponible juste ici

Une autrice engagée qui repense la New Romance

Madmoizelle. Votre bibliographie compte des histoires d’amour qui mélangent les genres, les époques, les âges, d’où cela vient ?

Erika Boyer. J’ai une passion pour l’amour de manière général (rires). Et pas seulement l’amour romantique, puisque l’amitié, la passion ou l’amour de soi compte aussi beaucoup pour moi. Si je fais attention à inclure de la diversité, c’est parce que j’appartiens à plusieurs minorités : je suis queer, handicapé et neuro-atypique, donc hors case (rires). Quand j’étais plus jeune, je ne trouvais pas beaucoup de lectures auxquelles m’identifier et j’ai décidé que j’allais écrire ce que j’avais envie de lire. Aujourd’hui, j’écris en pensant à la personne que j’ai été et je pense à toutes les autres personnes autour de moi qui ont besoin de choses qui les représentent.

Madmoizelle. Dans l’idéal, à quoi devrait ressembler le courant de la New Romance aujourd’hui selon vous ?

Erika Boyer. Je ne sais pas si ça devrait être comme ça, mais j’aimerais qu’il y ait bien plus de diversité. J’aimerais que les autrices et les auteurs du genre suivent moins les codes habituels des romances à l’américaine. Par diversité, j’entends des personnages racisés, queer, handicapés ou neuro-atypiques. Dans le meilleur des mondes, la New Romance mettrait en scène des personnages de différentes confessions religieuses aussi pour que tout le monde puisse se retrouver à l’intérieur.

Le genre est en train d’évoluer, mais les intrigues s’inscrivent dans un schéma plutôt traditionnel avec des hommes, femmes, blancs, cisgenres et hétérosexuels. Je suis peut-être allée un tout petit peu trop vite par rapport à l’évolution, mais je pense que ce serait bien qu’il y ait plus de diversité, dans la New Romance. Ce ne sont pas tant les histoires en elles-mêmes qui ont besoin d’évoluer parce que je pense qu’elles sont géniales, mais plutôt les personnages qui portent ces histoires.

« Ce qu'il reste de nous » d'Erika Boyer // Source : Hugo Publishing
« Ce qu’il reste de nous » d’Erika Boyer aux édition Hugo Publishing // Source : Hugo Publishing

Madmoizelle. En quoi est-ce important de donner cette visibilité-là en littérature ?

Erika Boyer. Lorsque j’étais plus jeune, je ne me retrouvais pas dans les écrits, je pensais que je n’étais pas normal, voire bizarre. Je me sentais seule et la société et les objets culturels me faisaient ressentir un sentiment de rejet… Donner de la visibilité aux personnes qui sont minoritaires, ça aide aussi pour les personnes qui ne sont pas concernées à voir qu’on existe. D’ailleurs, je n’aime pas trop ce mot. Parce que quand on nous met tous ensemble, toutes catégories confondues, je pense qu’on est majoritaires (rires).

Aujourd’hui, je pense que s’il y a tant de problèmes au niveau du racisme, de l’homophobie et autres. C’est très lié au fait qu’il y a un problème d’information autour de ces sujets et malheureusement l’inconnu effraie. S’il y avait plus de visibilité dans les films, les livres ou autres, il y aurait une certaine normalisation, ce qui mènerait à moins de discrimination. Il n’y aurait plus d’excuse pour être raciste ou homophobe, puisque voir les minorités dans les objets culturels donnerait une forme de validation à certains. Je pense que ça peut aider à faire changer doucement les mentalités.

Aborder le polyamour sous le prisme romantique et non sexuel

Madmoizelle. C’est la première fois que vous traitez du polyamour, avec « Ce qu’il reste de nous » quelle a été votre motivation ?

Erika Boyer. Je l’avais vu exploité dans certains livres, mais le mot polyamour n’était pas utilisé et les intrigues étaient axées sur l’aspect charnel ou sexuel. Je trouve ça génial, c’est quelque chose que j’exploite beaucoup, notamment la sexualité féminine, mais je trouvais qu’à force de mettre en avant le côté sexuel, le polyamour était seulement réduit au sexe. Alors qu’il existe des personnes asexuelles qui vont être amoureuses. C’est un peu comme définir l’amour romantique par le sexe, c’est très réducteur.

Tous les couples n’ont pas de rapports sexuels (rires). C’était important de le montrer parce que c’est typiquement une façon d’aimer qui est méconnue. On n’en parle pas beaucoup et tout le monde pense qu’il s’agit de la polygamie, de libertinage ou de tromperie. Dans mon cercle, certaines personnes à qui j’en parle ne savent pas de quoi il s’agit et dans ces cas-là, j’ai la possibilité de leur expliquer. Mais pour faire passer le message à d’autres personnes en dehors de mon entourage, écrire un livre qui traite du sujet de manière fictionnelle peut être un premier pas pour éduquer.

« Ce qu’il reste de nous » est disponible juste ici

Madmoizelle. Est-ce que vous avez expérimenté vous-même le polyamour, pour donner plus de vraisemblance à l’intrigue ?

Erika Boyer. Plusieurs personnes de mon entourage sont concernées, j’ai pu leur poser toutes les questions que je voulais, c’était pratique. Pour ma part, je pense que l’expérimentation émotionnelle du polyamour n’inclut pas forcément de relation. On peut être polyamoureux sans être dans des relations amoureuses. Je me considère polyamoureuse : je suis capable de tomber amoureuse de plusieurs personnes en même temps.

Madmoizelle. Pensez-vous aborder de manière plus régulière des relations polyamoureuses ou d’autres types de relations amoureuses à l’avenir ?

Erika Boyer. À vrai dire, Ce qu’il reste de nous rentre s’inscrit dans un univers qui a déjà commencé. En premier, les deux tomes de Promesse tenue qui met en scène une romance hétéro genrée. Ensuite, il y a eu les deux tomes Encre du passé, qui parle d’histoire d’amour entre deux hommes. Et enfin Pile ou face qui est à nouveau une romance hétéro genrée. Et en fait toute la bande de personnage initiale est un groupe avec des membres qui ont chacun leur propre façon de vivre, d’être et différentes sexualités.

Il y a le personnage de Clément dans Encre du passé qui est homosexuel ou Danny dans Promesse tenue qui n’utilise pas d’étiquette, mais qui d’après les définitions est pansexuel. Je respecte quand on ne veut pas mettre d’étiquette, mais pour expliquer les choses, je suis obligée d’en trouver (rires). Riley est asexuel et romantique. Je ne vais pas écrire des histoires sur tous les personnages, mais il y a déjà plusieurs tomes qui abordent les différents types d’amour. En revanche, il n’y aura pas de suite à Ce qu’il reste de nous, c’est un tome unique. J’exploiterai à nouveau le polyamour dans un autre roman plus tard.

Lire les premières pages de « Ce qu’il nous reste » en exclu !

Suivez ce lien pour avoir accès au prologue et au premier chapitre du roman

Pour conclure cette interview, l’autrice confie un dernier argument pour convaincre les lectrices et lecteurs de Madmoizelle : il s’agit d’une histoire que vous n’aurez l’occasion de lire nulle part ailleurs qui vous poussera à remettre en question les schémas bien ancrés à propos des relations amoureuses. Pour Erika Boyer, l’important est de faire réfléchir et grandir ses lecteurs. Rendez-vous en librairie pour dévorer Ce qu’il nous reste aux éditions Hugo Publishing.

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