Le 18 novembre 2021, ils et elles étaient une dizaine présents et présentes devant l’ambassade de Chine, pour dérouler devant ses portes une banderole :
« STOP UYGHUR GENOCIDE – 3 millions de Ouïghours dans les camps de concentration chinois ».
Une manière de briser le silence qui entoure, encore en 2022, les crimes perpétrés dans la province du Xinjiang depuis plusieurs années. La France s’apprête-t-elle à franchir un cap sur leur reconnaissance ?
Cet après-midi à l’Assemblée nationale, une proposition de résolution va être examinée en séance, pour « la reconnaissance et la condamnation du caractère génocidaire des violences politiques systématiques ainsi que des crimes contre l’humanité actuellement perpétrés par la République populaire de Chine à l’égard des Ouïghours ».
Une reconnaissance symbolique et porteuse d’espoir
Elle est portée par 35 députés, qui ont écouté la diaspora ouïghoure et veulent que la France reconnaisse le génocide, mais aussi intervienne auprès de la communauté internationale et à l’égard du gouvernement chinois pour faire cesser ces atrocités.
Internement dans des camps, programmes de rééducation, travaux forcés, stérilisation de masse, mais aussi tortures et exactions… La liste des violences commises à l’égard des communautés musulmanes du Xinjiang est longue.
Pour les parlementaires qui défendent la résolution, elles sont précisément documentées depuis des années, par des rapports, par des témoignages, et démontrent bien « une intention de détruire l’identité, les liens communautaires ouïghours, les possibilités de filiation et les liens entre générations, et plus généralement de détruire les Ouïghours, y compris biologiquement, en tant que groupe à part entière ».
Dans Le Monde, trois femmes en appellent aux députés pour voter cette résolution : l’activiste Dilnur Reyhan, mais aussi deux rescapées des camps de concentration chinois, Gulbahar Jalilova et Gulbahar Haitiwaji :
« Cette reconnaissance est symbolique, et nous sommes bien conscientes qu’elle ne va pas immédiatement faire fermer les camps de concentration et les camps de travail forcé. Mais les symboles comptent. »
Si elle est adoptée, la résolution sera aussi porteuse d’« espoir » selon elles :
« La France est le seul pays au monde où la jeunesse s’est mobilisée aussi massivement contre le génocide ouïgour, et nous attendons qu’elle devienne, le 20 janvier, le huitième pays démocratique à reconnaître ce génocide. Ce vote est historique. Ce jour-là, vous ferez le choix de marquer l’histoire : soit par votre vote favorable, signalant votre volonté de contribuer à stopper ce génocide et la souffrance d’un peuple ; soit, au contraire, par votre absence, votre abstention ou votre vote défavorable, qui signalera votre lâcheté ou votre soutien à ce génocide. »
Le rappeur Médine a appelé lui aussi au vote de la résolution sur les réseaux sociaux :
Un rappel de la situation des Ouïghours, à l’approche des Jeux olympiques d’hiver
Alors que la Chine accueille les Jeux olympiques d’hiver à compter du 4 février, la mobilisation pour alerter sur le sort des Ouighours va-t-elle être occultée au profit de la grande célébration sportive ?
Les États-Unis ont annoncé dès décembre qu’aucun représentant officiel n’assistera à la compétition olympique, dénonçant les crimes contre l’humanité en cours au Xinjiang. Ils ont été rejoint dans ce boycott diplomatique par l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, ainsi que le Canada.
La France, elle, n’a pas rejoint ce mouvement.
À lire aussi : « Je n’ai pas de mot pour décrire ce que j’ai vécu » : une rescapée des camps d’internement en Chine témoigne
Crédit photo : Steven De Magalhaes pour l’Institut ouïghour d’Europe
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