« Je suis tout ce que Donald Trump déteste ! », déclamait avec fierté Karine Jean-Pierre en 2018, dans une vidéo pour l’organisation MoveOn, dont elle fut une des figures les plus influentes. Nommée le 5 mai 2022 porte-parole du gouvernement Biden, elle devient la première femme noire et ouvertement lesbienne à occuper ce poste aussi prestigieux que redoutablement exposé.
A partir du 13 mai, d’après un communiqué de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre remplacera Jen Paski, dont elle était l’adjointe. Le président démocrate Joe Biden s’est dit « fier » de cette nomination, tout en louant, « l’expérience, le talent et l’honnêteté » de sa futur porte-parole.
Un « moment historique » dans l’histoire des États-Unis
Sa prédécesseuse, Jen Psaki, avait assuré depuis le début qu’elle passerait la main au cours de son mandat et devrait rejoindre prochainement la chaîne d’orientation progressiste, MSNBC, selon les médias étatsuniens.
Le 5 mai, lors de la conférences de presse hebdomadaire avec les journalistes accrédités à la Maison Blanche, elle a loué, avec émotion et entre deux étreintes, les qualités de son adjointe :
« Elle sera la première femme noire et ouvertement LGBTQ+. Elle donnera une voix à de nombreuses personnes et elle permettra à beaucoup d’avoir de grands rêves »
Très émue, la nouvelle « Press Secretary » a conscience que sa nomination marque un progrès considérable dans l’histoire politique étatsunienne :
« C’est un moment historique et je m’en rends bien compte. Je comprends combien c’est important pour tant de gens »
Avant Karine Jean-Pierre, en 1991, une seule autre femme noire, Judy Smith avait été, sous la présidence de George W. Bush, porte-parole adjointe de la Maison Blanche.
Karine Jean-Pierre, incarnation du « rêve américain » ?
Karine Jean-Pierre, 44 ans, a souvent raconté combien le parcours de sa famille, emblématique du « rêve américain » selon elle, avait été déterminant pour sa carrière.
Née en Martinique de parents haïtiens, qui ont ensuite émigré aux États-Unis, elle a grandi à New-York, où son père était chauffeur de taxi et sa mère soignante à domicile.
Brillante, elle a eu la chance d’étudier puis d’être diplômée de la prestigieuse université de Columbia avant de s’engager dans le monde associatif et politique.
La jeune femme francophone, qui partage sa vie avec une journaliste de CNN et leur fille, a collaboré sur les deux campagnes présidentielles de Barack Obama (2008 et 2012) puis celle de Joe Biden en 2020 avant de rejoindre son équipe à Washington.
Une militante pour l’abolition des préjugés sur la santé mentale
Une sucess-story politique qui ne lui a pas fait oublier ses engagements premiers : Karine Jean-Pierre milite pour abolir les préjugés en matière de santé mentale. Elle n’a pas hésité à confier publiquement qu’elle avait été victime d’agression sexuelle dans son enfance et avoir souffert d’une telle dépression qu’elle avait même tenté de se suicider.
Lors de sa nomination, le 5 mai, questionnée sur le message qu’elle aimerait livrer aux jeunes filles américaines — à une heure où le droit à l’avortement est menacé outre-Atlantique – « et aux garçons», s’est-elle empressée d’ajouter, elle a solennellement déclaré :
« Si vous travaillez très dur pour un objectif, cela arrivera. Oui, vous subirez des coups durs, vous traverserez des moments difficiles et cela ne sera pas toujours facile, mais la récompense sera incroyable, surtout si vous restez fidèles à ce que vous êtes. »
Comme dirait la pionnière qui lui a ouvert la voie jusqu’à ce poste si prestigieux à la Maison Blanche, Judy Smith :
« Si votre réponse à un problème ou à un scandale n’est pas authentique, les gens le sentiront. Et rappelez-vous, en ne disant rien, vous dites quelque chose. »
Par ce qu’elle défend et incarne, Karine Jean-Pierre a déjà définitivement marquée l’histoire de la politique étatsunienne. En espérant que son « American dream » ne fasse que commencer…
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Image en Une : © Karine Jean-Pierre – Instagram
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