Des pancartes, des cris et surtout de la colère… La foule réunie devant la Cour suprême de Washington, le 3 mai 2022, partage la même revendication : protéger coûte que coûte le droit à l’avortement aux Etats-Unis.
Parmi les manifestants pro-choix, une femme en veste rose et lunettes de soleil aux verres sombres vocifère sa colère. Elle est sénatrice démocrate, ex-candidate aux primaires démocrates pour la présidentielle de 2020, et surtout, une fervente défenseuse de ce droit fondamental des femmes.
« Je m’appelle Elizabeth Warren et je suis folle de rage ! »
Un recul du droit à l’avortement en perspective ?
Un tsunami de colère qui ne cesse de s’intensifier depuis qu’un document interne assurant qu’une majorité des juges de la Cour suprême serait prête à revenir sur l’arrêt historique Roe v. Wade de 1973, a fait l’objet d’une fuite inédite, la veille, sur le site Politico. Cette décision, majeure dans le droit des femmes, confère aux étatsuniennes le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Malheureusement, la Cour suprême a bien confirmé l’existence et l’authenticité du texte, un projet d’arrêt daté de février, tout en ajoutant, que pour le moment, il ne représentait pas encore, une « décision finale ».
Dans l’hypothèse où cet arrêté serait adopté, chacun des 50 Etats américains seraient libres ou non d’interdire l’avortement sur son sol. Et les dernières estimations sont effrayantes : une moitié d’entre eux, principalement dans le Sud et le Centre conservateurs et religieux, pourrait suivre cette terrible décision.
Elizabeth Warren bat le pavé « folle de rage »
« Je suis ici aujourd’hui parce que je suis en colère contre ce qui s’est passé, mais aussi parce que je suis déterminée à ne pas laisser cette décision perdurer », déclame Elizabeth Warren, parmi les milliers de contestataires amassés devant la Cour suprême dès le lendemain de la fuite dans la presse.
Gestuelle exaltée et ton tranchant, l’élue de 72 ans s’en prend au parti conservateur, majoritaire à la haute juridiction et les accuse d’avoir « comploté » pour l’instauration d’une mesure que la majorité de la population ne désire pas.
Les femmes en situation de précarité seront les premières victimes
Et dans le viseur d’Elizabeth Warren, il y a une personne en particulier qu’elle juge responsable de cette décision : Amy Coney Barrett, la magistrate conservatrice nommée sous le mandat de Donald Trump, au siège de la féministe, Ruth Bader Ginsburg, après le décès de cette dernière.
Surtout, la sénatrice démocrate, lucide, s’inquiète des conséquences d’une telle décision sur les femmes en situation de précarité :
« Je suis en colère pour celles qui vont devoir en payer le prix. Ce ne sera pas les femmes riches. Les femmes riches peuvent monter dans un avion, elles peuvent aller dans un autre État, dans un autre pays. Elles peuvent avoir la protection dont elles ont besoin. Ça va tomber sur les femmes les plus pauvres de notre pays, les jeunes femmes qui ont été abusées, qui ont été victimes d’inceste. Ça va tomber sur des adultes qui ont été violées. »
Les élections législatives de mi-mandat pour seul espoir
Le Président étatsunien, Joe Biden, s’est dit, lui aussi, inquiet face à cette situation. Sans même attendre de connaître la décision définitive de la Cour suprême — qui aura lieu le 30 juin — Kevin Stitt, le gouverneur de l’Oklahoma a proclamé, dans la foulée le 3 mai, une loi interdisant aux femmes de son État d’avorter après six semaines de grossesse.
Mais existe-t-il une solution pour sortir de cette impasse ? Joe Biden appelle les Étatsuniens à « choisir des candidats » favorables au droit à l’avortement lors des élections législatives de mi-mandat en novembre prochain 2022.
Elizabeth Warren, quant à elle, continuera sa lutte en proclamant haut et fort : « On ne reviendra jamais en arrière, non jamais ». Un leitmotiv repris par les sympathisants pro-choix amassés à ses côtés. Leur slogan, ils l’ont trouvé. Car d’un cri de ralliement, ils en ont besoin dans une Amérique où les femmes sont définitivement malmenées.
Kamala Harris déclare que « les droits des femmes en Amérique sont menacés »
La vice-présidente américaine Kamala Harris a fustigé, lors d’un gala de charité à Washington, le 3 mai, le projet de décision de la Cour suprême, qui annulerait près de 50 ans de droit à l’avortement aux États-Unis.
« Les droits des femmes en Amérique sont menacés. (…) Si la Cour renverse (l’arrêt) Roe v. Wade, ce sera une atteinte directe contre la liberté. Sur le droit fondamental à l’autodétermination auquel tous les Américains ont droit. Roe (l’arrêt Roe v. Wade) protège le droit d’accès à l’avortement. Il protège également le droit d’une femme à prendre des décisions sur ce qu’elle fait de son propre corps. »
Le combat pour préserver le droit à l’avortement outre-atlantique continue. Rappelons qu’en septembre 2021, le gouvernement de Joe Biden avait même déposé plainte, contre l’entrée en vigueur au Texas d’une loi interdisant l’avortement après six semaines de grossesse. Une lutte de longue haleine qui n’a pas fini de surprendre avec de nouveaux rebondissements… Affaire à suivre.
À lire aussi : La fin du droit à l’avortement aux Etats-Unis est-elle pour début juillet ?
Image en Une : © Elizabeth Warren – Twitter
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