Mise à jour du 12 septembre — Ornella Fleury a consacré sa météo du 12 septembre à Jonah Hill.
En effet, sa chronique du 9 septembre avait conduit l’acteur américain à annuler ses interviews au festival de Deauville (lire ci-dessous).
Lundi soir, la comédienne est revenue sur cet incident, en s’excusant de sa blague et de sa chute. Elle met d’ailleurs bien le doigt sur le problème :
« Je pensais déconner avec un pote. Mais la réalité, c’est qu’on n’est pas potes. »
Effectivement, le genre de vannes qui peut passer crème à quatre dans son appart’ autour de l’apéro ne fonctionne pas forcément sur un plateau de télévision. C’est d’ailleurs une partie de la différence entre les humoristes professionnels et les comiques de salon…
Pour autant, je ne suis pas d’accord avec Ornella lorsqu’elle poursuit son idée, en dépréciant son mérite professionnel à côté de celui de Jonah Hill :
« La réalité, c’est que tu as deux nominations aux Oscars et moi, deux vidéos sur mon compte YouTube. Toi, tu as tourné avec Scorsese et Tarantino, et moi je me suis fait recaler d’une pub pour Spontex »
Et alors ? On peut bien avoir été recalé•e d’une pub Spontex et avoir du talent, comme on peut être un acteur oscarisé et être fort peu recommandable. Rien à voir avec la choucroute.
D’ailleurs, peu importe le pedigree, aucun parcours ni aucune carrière n’est une assurance infaillible contre les erreurs. Espérons que ces excuses soient un pas vers la fin de cette « culture de l’humiliation » encore trop présente à la télévision.
Jonah Hill, humilié au Grand Journal, annule ses interviews à Deauville
Le 10 septembre 2016
L’humour est un art délicat. Il y a mille façons de faire rire, mais toutes n’ont pas la même élégance. Si les spectateurs du Grand Journal ont eu l’air de bien se fendre la poire en écoutant la chronique d’Ornella Fleury, la nouvelle Miss Météo, ça n’a pas été le cas de Jonah Hill.
Pourtant, c’est un excellent acteur comique, c’est dire s’il s’y connaît en humour, ce garçon. Et comme l’a d’ailleurs rappelé la chroniqueuse, il ne manque pas d’auto-dérision, à en juger par ses précédents rôles : la Miss Météo rappelle en effet une scène du film Superbad, où son personnage se retrouve avec du sang menstruel sur le pantalon (le ressort comique était qu’il y a environ zéro drame dans cette situation, donc également zéro raison pour le personnage de paniquer comme il le fait).
Le fantasme d’Ornella Fleury, humiliant pour Jonah Hill
Jonah Hill est donc plutôt une grosse pointure comique, mais il n’a pas le physique parfaitement normé d’un Brad Pitt ou d’un Leo DiCaprio. Et c’est sur ce point que la Miss Météo a basé la chute de sa chronique « humoristique », à revoir chez Les Inrocks :
« J’ai un fantasme avec vous Jonah. […]
On se retrouve tous les deux dans une chambre d’hôtel le soir. On discute, vous me faites rire, vous me faites beaucoup rire, et là, d’un coup, vous ramenez vos potes DiCaprio et Brad Pitt… Et vous partez. »
BONNE VANNE DITES DONC.
Et chez CANAL+, on en était fier… Jusqu’à ce que l’acteur annule toutes ses interviews au festival de Deauville : Fabien Randanne, journaliste culture et médias chez 20 minutes, a tweeté l’info.
https://twitter.com/fabrandanne/status/774560659342237696
Personnellement, je le comprends. Il aurait dû, au choix : s’attendre à un milliard de questions sur cette fameuse météo et ce qu’il en a pensé (et revivre ce moment à l’infini serait la dernière de mes envies), et risquer de s’exposer à davantage de tentatives d’humour confondues dans la moquerie et l’humiliation.
Tiens, ça ferait un bon « Tu préfères » de merde, ce dilemme.
La différence entre rire avec, et rire de
On y revient toujours : faire rire, c’est pas très compliqué, mais faire rire les bonnes personnes dans le bon sens, ça demande un minimum de talent.
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Se moquer du physique/ de l’apparence de Jonah Hill, où est l’humour ? On dirait la bonne vieille technique de l’humiliation publique pour faire marrer la galerie, grosse ficelle du harcèlement scolaire, et aussi de « l’humour à la D8 » (suivez mon regard mon lien).
Pourquoi les producteurs du Grand Journal ont-ils laissé passer une telle vanne ? Faut-il s’attendre à ce que la tranche claire de CANAL+ devienne un équivalent de D8 ? On doit trouver « marrant » d’humilier des invités prestigieux ? La formule va cartonner, la preuve : me voici en train d’écrire un article sur une chronique météo hautement médiocre, qui ne mérite pas de passer à la postérité.
Ça fait parler du Grand Journal, c’te histoire… Pas sûre cependant que l’émission survive longtemps à cette culture du malaise et de l’humiliation.
Surtout que la patte impertinente de CANAL+ était plutôt de bousculer comme il faut les invités qu’il faut : on se souvient des excellentes prestations d’Alison Wheeler face à Robert Ménard, ou spéciale Manif Pour Tous.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Mais du coup, comment ça se fait qu'on lui confie l'accueil des personnalités et des chroniques, si elle est aussi préparée à ça que l'est le balayeur ? unno: pas étonnant que ça soit un fiasco du coup.