Article initialement publié le 15 octobre 2019
En juin 2007, j’ai 14 ans et je tombe par hasard sur un groupe de musique indépendant composé de quatre hommes et d’une femme. À l’époque, j’habite une petite ville avec peu d’accès à la culture : les musiques que mes amis et moi écoutons sont celles qui passent à la télé et à la radio.
Être fan d’un groupe de musique à l’adolescence
Quand ce groupe inconnu au bataillon a déboulé dans ma vie, en parlant de musique, d’art et de tout un monde auquel je ne connaissais rien, j’ai été vite remplie d’admiration pour ces cinq personnes. Ils répondaient, dans cette période cruciale de ma vie, à des questions qui me tourmentaient. Vrai déclencheur pour me permettre d’affirmer mes goûts et mes idées, j’ai construit ma propre culture à partir de leurs références.
J’ai eu la chance de pouvoir les voir plusieurs fois en concert, notamment un jour où mes parents m’ont préparé une surprise : me faire louper les cours un vendredi après-midi pour monter à Paris les voir jouer dans une petite salle. Je me souviens qu’à la fin du concert, ils se sont installés au bar de la salle, mais que je n’osais pas aller les voir, avec mes boutons et mon appareil dentaire…
Dix ans plus tard, je suis installée à Paris depuis quelques années. Mon goût pour la musique ne m’a pas lâchée et je vais régulièrement à des concerts.
J’ai vécu des histoires d’amour, d’amitié, des nouveaux boulots, des nouvelles villes. Bref, il s’est passé beaucoup de choses dans ma vie, mais j’ai souvent une pensée attendrie pour ce groupe.
Rencontrer le musicien lors d’un concert
Et puis un soir de mars 2018, je tombe nez à nez avec le batteur du fameux groupe de mon adolescence, qui était venu assister au même concert que moi. Il s’arrête et me regarde. J’imagine qu’il doit voir une jeune femme en face de lui s’arrêter également, avec des yeux aussi ronds que ton oncle à Noël, et qui fait un mouvement de bouche un peu semblable à celui d’un poussin coincé dans de la glue.
Après cet échange de regard, je me suis précipitée dans les toilettes de la salle et j’ai souri bêtement, toute seule, en me disant que la vie était belle et plutôt drôle. Qui aurait cru que dix ans après mon coup de cœur musical, je croiserais cet homme ?
Une petite voix me disait dans ma tête : « C’est fou, c’est un peu grâce à lui si je mène cette vie trépidante de Parisienne, entourée de culture, affirmant mes idées et mes propres opinions si facilement ».
Après deux verres, je ne vous cache pas que mon envie de lui témoigner toute mon affection est apparue. C’est donc avec un sourire attendri que je me suis approchée de lui pour lui dire : « Tu t’appelles XXX. Tu as joué dans cette salle il y a 10 ans et j’étais là ».
J’avais envie de lui confier tout ce qu’il m’avait apporté avec son groupe et de lui dire merci. Merci d’avoir participé à faire de moi la femme que je suis aujourd’hui.
Passer la nuit à parler avec le musicien de mes rêves d’ado
Le contact est passé très rapidement et nous avons bu des verres ensemble. La soirée s’est prolongée, nous nous sommes baladés dans les rues noires de Paris et il m’a ramenée dans son appartement.
Nous avons parlé toute la nuit et je me revois encore inspecter toute sa bibliothèque. Nous avions énormément de points communs : nous aimions les mêmes auteurs et possédions les mêmes vinyles. Rien de très étonnant, vu qu’une grande partie de mes références culturelles venait de lui.
La situation commençait à devenir étrange. J’avais devant moi un homme qui me faisait rire, que je trouvais doux, gentil et très beau. Je découvrais un homme qui me plaisait, loin de l’image que j’avais pu me faire de lui et auquel, apparemment, je plaisais aussi.
Nous avons fini par nous endormir sagement l’un à côté de l’autre, puis nous avons passé la matinée à nous découvrir, à nous regarder l’un l’autre pendant de longues minutes. Dans ses yeux, j’avais l’impression d’être la plus jolie chose du monde et en même temps, je n’arrêtais pas de penser « Mon dieu, mais qu’est-ce que je fais ici ?! ».
Démarrer une histoire d’amour avec le musicien dont j’étais fan à l’adolescence
Je crois qu’on se demandait tous les deux ce qui allait se passer : est-ce qu’on allait se revoir ? Est-ce que c’était raisonnable de se revoir ?
Nous nous sommes revus quelques jours après.
Lui s’est emballé au début, sortant l’artillerie lourde du romantisme pour me séduire. Il venait de se séparer après une très longue relation et retrouvait avec moi le goût de l’aventure et l’attrait des premiers émois. Très peu habituée à vivre de jolies histoires, je me suis retrouvée à recevoir des mots doux par message, à être invitée à des rendez-vous galants et à passer des soirées à faire l’amour, puis à l’écouter me jouer du piano en buvant du vin rouge et en fumant ma cigarette nue à côté de lui…
La romance était très belle sur le papier, mais j’étais terrorisée par ce que je vivais.
Est-ce que je ressentais une forte admiration pour lui ? Est-ce que nous vivions un véritable coup de foudre ? Mon cerveau chauffait de ne pas savoir faire la différence : est-ce que je l’appréciais vraiment pour sa personnalité ou est-ce que j’étais attirée par tout ce qu’il représentait pour moi ?
Après quelques semaines à se voir et à le découvrir, j’étais enfin sûre de moi et prête à me lancer pour de bon dans cette aventure. C’est évidemment le moment qu’il a choisi pour s’éloigner.
Il a fini par me dire qu’il n’était pas prêt à s’engager de nouveau dans une relation. Par la suite, il m’a confié qu’il avait eu peur de la configuration pas banale dans laquelle nous nous trouvions.
La rupture avec le musicien que l’on a admiré à l’adolescence
J’ai longtemps été très énervée contre lui, l’accusant de tous les torts dans cette histoire. Il était plus âgé que moi, et il avait déjà vécu des histoires longues. Au vu de son engouement, je me suis confiée comme rarement avec un homme en me disant qu’il savait ce qu’il faisait.
Avec le recul, j’ai aussi mes torts dans cette affaire.
Je tentais d’être naturelle et de vivre ce début d’histoire comme tous les autres… mais dans le fond j’étais constamment à vif et je ne gérais absolument pas les émotions de l’adolescente que j’avais été qui revenaient à chaque instant.
Alors comment rebondir quand celui que vous admirez depuis votre adolescence vous déclare qu’il est l’homme le plus heureux du monde à vos côtés puis vous largue une semaine plus tard car la situation n’est pas si facile qu’il n’y paraît ? J’ai souffert de longues semaines, regrettant parfois d’avoir osé lui parler. Après pas mal de larmes et de colère, j’ai fini par faire mon deuil de cette histoire, et ne retenir que le sentiment de bien-être que j’ai ressenti en étant dans ses bras.
Les gens se rencontrent au travail, via des amis ou des passions. Les dix dernières années et l’admiration que je ressentais pour lui ont bien sûr joué dans le bonheur que j’éprouvais quand il m’embrassait… et alors ? Je sais aujourd’hui objectivement reconnaître ce qui m’a attiré chez lui. Cette rencontre était malgré tout belle et unique. Ça n’a pas duré entre nous, ce n’était pas le bon moment, tant pis, c’est la vie.
Et elle vaut le coup d’être vécue.
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