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Psycho-sexo

Je ne suis attirée que par les machos : cela fait-il de moi une mauvaise féministe ?

Pour ce premier numéro de Sex & the Shitty, Charlotte répond à une internaute qui n’est attirée que par les machos, et ce malgré ses convictions féministes. 

Deux fois par mois, Charlotte répond aux questions anonymes de nos lectrices et lecteurs et débunk les clichés liés à nos vies amoureuses.

 Une question ? Écris-nous à [email protected]

Bonjour Charlotte, 

Je suis une jeune femme célibataire de 26 ans et je me considère comme féministe depuis toute petite. D’aussi loin que je me souvienne, je m’intéresse aux droits des femmes et à l’égalité des genres. Côté perso, je suis très attachée à ma vie de femme indépendante. Seulement voilà : depuis quelques années, j’enchaîne les déceptions amoureuses. La raison, c’est que je ne suis attirée que par des bad boys et je souffre de ce décalage entre mes convictions et celles des hommes que je choisis. En plus, je culpabilise à mort, car j’ai l’impression d’être la pire arnaque du siècle en matière de féminisme. Alors, aujourd’hui, je pose ma question haut et fort : pourquoi je continue à être attirée par les bad boys et est-ce que ça fait de moi une mauvaise féministe ?

Chère anonyme, 

Commençons par dire les termes : les mauvaises féministes n’existent pas. À moins qu’il existe un Dieu – ou une déesse, tant qu’à faire – du féminisme qui ait le monopole sur la question et qui soit à même de juger notre militantisme. Mais à ma connaissance, cela n’existe pas – ou du moins, pas encore, alors profitons tant qu’il en est encore temps.

Un concept pour nous faire culpabiliser

La mauvaise féministe, c’est juste un énième concept inventé pour dénigrer les femmes et les mettre en compétition les unes avec les autres – et oui, désolée de vous décevoir, mais il y a encore du boulot. En réalité, il n’existe que des féministes qui souhaitent mettre fin à un monde où les femmes sont dominées, exploitées et violentées chaque jour qui passe. Chacun.e milite à son échelle, fait de son mieux avec les moyens qu’ielle a, qu’il s’agisse de moyens matériels ou immatériels. Séparer les bonnes des mauvaises féministes n’a aucun intérêt à part nous faire culpabiliser, et surtout, c’est juste une preuve supplémentaire que l’on vit dans un monde misogyne qui ne cesse de comparer les femmes entre elles et de les classer de la meilleure à la moins bonne (sans mauvais jeu de mot).

Pour ce qui est de ton attirance en tant que féministe pour les hommes machos, ne dit-on pas que les opposés s’attirent ? Et même en oubliant les dictons datant d’un autre siècle, sache que, peu importe ce pour quoi tu milites, tu as le droit d’être attirée par qui tu le souhaites, et cela ne change en rien ta valeur. De plus, les paradoxes font partie de l’être humain, alors celui que tu portes en toi aujourd’hui ne te rend que plus humaines.

S’interroger sur la manière dont on conçoit les relations amoureuses

Je n’ai pas de réponse toute faite pour expliquer ton attirance, car ce sont des choses qui ne s’expliquent pas. En revanche, je peux te dire que – même si tu le sais peut-être déjà – nous nous sommes construits pour la grande majorité d’entre nous à travers des clichés sexistes dans une société hétéronormée. En d’autres termes, on nous a appris à nous, les femmes, à être douces, soumises, et surtout, à être attirées par les hommes, aka ceux qui doivent être l’incarnation de la force et de la domination. Alors, il n’y a rien d’étonnant que ces schémas se soient immiscés jusque dans nos fantasmes et nos sexualités, et qu’ils persistent malgré nos tentatives de déconstruction.

Une des pistes de réflexion serait de t’interroger sur ta conception des relations amoureuses de manière générale : pour avoir de la valeur, ces dernières doivent-elles être « pimentées » « chaotiques », ou encore « dramatiques » ? Si je pose la question, c’est parce que nos imaginaires se sont aussi façonnés au fil du temps à travers les dessins animés, les films et les séries à l’eau de rose (gros bisous à tous les fans de Sex & The City).

Revoir ces conceptions

Ces derniers nous ont souvent véhiculé une conception assez problématique de ce que nos amours doivent être : une princesse désespérée sauvée par un prince charmant, une femme amoureuse d’un homme toxique mais qui finit par changer d’avis et se ranger… Peut-être qu’il est temps de revoir ces conceptions et, plutôt que d’opter pour une histoire d’amour soi-disant « passionnelle », se lancer dans une relation où ce sont des valeurs plus proches des tiennes qui priment – comme l’écoute, le respect, la bienveillance. Au premier abord, ça peut sembler un peu chiant, mais si tu expérimentes ce que ça fait de se sentir comprise et alignée avec son désir d’égalité, tu finiras peut-être par changer d’avis. Sinon, il y a toujours l’option du célibat, ou encore du lesbianisme politique.

Ces questions ne sont qu’une piste de réflexion ; à toi de trouver tes propres réponses et de composer avec. Mais n’oublie jamais une chose : tu as le droit d’être attirée par qui tu le souhaites et cela ne change en rien ta valeur en tant que personne, ni en tant que féministe.

Sex & the Shitty, c’est la rubrique bimensuelle qui répond à tes problématiques pour débunker les injonctions autour de la sexualité et de la vie amoureuse ! Dépose-nous tes tracas ou questions anonymement et notre experte prendra le soin de te répondre. Interrogations existentielles, questions pratiques, sujets tabous… Ici, le mot d’ordre, c’est pas de jugement ni d’injonctions, que de l’information et de la bienveillance !

Une question ? Écris-nous à, [email protected], avec l’objet « Sex & the Shitty » !


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

4
Avatar de Elfianni
8 mai 2024 à 23h05
Elfianni
J'ai été dans un cas un peu similaire, sauf que pour moi, c'était les hommes autoritaires et hermétiques aux sentiments. Il a fallu que je tombe sur un qui m'en a fait baver au point d'envisager le suicide ou d'espérer qu'il meure pour me sevrer.
Ça a été radical. Désormais je suis heureuse en couple avec quelqu'un qui est son inverse en tout point de vue.
2
Voir les 4 commentaires

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