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Faut-il laisser pleurer les bébés ? On fait le point dans Débats de parc, notre nouvelle rubrique !

« Laisse-le pleurer », entend-on souvent… et ça fait débat. Laisser or not laisser pleurer un bébé, telle est la question, alors on y répond !

Dans cette toute nouvelle rubrique, Débats de parc, on fait le point sur les grands débats de la petite enfance, parfois clivants !

Lorsque l’on est jeune parent, on est noyé sous les informations et on n’est pas toujours d’accord avec sa famille, qui tente d’imposer ses vues. Par ces articles, on vous donne des billes pour tenter d’y voir plus clair et décider vous-mêmes de ce que vous voulez faire, en âme et conscience.

Paroles d’anciens

Vous avez déjà peut-être entendu ces phrases : « il faut laisser pleurer les bébés, ça leur ouvre les poumons ! » ou encore « il faut les laisser pleurer un peu, c’est comme ça qu’ils s’endorment. »

Ces paroles – qui viennent souvent de gens plus âgés – peuvent semer le doute… et un certain trouble. Personne n’a envie de laisser pleurer son bébé, qui visiblement demande de l’aide (sauf lorsque l’on est à bout, ce qui peut bien entendu arriver !).

Les vieilles croyances ont la vie dure et on se sent bien souvent un peu désemparée face aux injonctions contraires. Doit-on attendre un peu avant de se précipiter à leur chevet dès que les décibels montent en volume ? On vous explique.

Des pleurs difficiles à supporter pour les parents

Les bébés pleurent souvent beaucoup, c’est un fait ! Mais il faut se rassurer : c’est normal et la plupart du temps, cela n’indique pas de problème grave. Sur le site que le gouvernement consacre aux 1000 premiers jours de l’enfant, mis au point par des professionnels de la petite enfance, il est écrit :

« C’est autour de l’âge de 6 semaines que les bébés pleurent le plus : en moyenne, un bébé peut pleurer jusqu’à 2 heures par jour, en temps cumulé, même quand il est en parfaite santé.

Certains bébés peuvent pleurer plus de 3 heures par jour, plusieurs fois par semaine et c’est souvent très angoissant et difficile à vivre pour les parents, surtout quand la fatigue s’accumule. »

Pour les parents, ça peut être très dur à supporter. Et quand on voit la prunelle de nos yeux souffrir, ça brise le cœur. Personnellement, j’avais l’impression de mourir de l’intérieur dès que l’un de mes bébés pleurait plus de 5 minutes. Ce qui arrivait très souvent…

On se liquéfie, on encaisse, on tente de calmer le jeu comme on peut, sans bien souvent comprendre l’origine de ces cris. Empathie puissance 1 000 ou fragilités liées à la période du post-partum, les raisons pour lesquels ces pleurs sont difficiles à supporter pour les parents sont toutes valables.

En tant que parents, on n’est pas forcément préparés à vivre cela. Alice Legendre, créatrice d’ateliers d’écriture pour les mères, l’écrivait sur son compte Instagram.

« Dans ce que j’aurais aimé savoir de la maternité, dans ce que j’aurais aimé savoir de moi, c’est à quel point les pleurs de mon enfant allaient me transpercer la peau et les os et les entrailles. Je sais pas comment on fait avec ça. Je sais pas comment on s’y fait et ne pas m’y faire, jamais, je trouve ça redoutable, ça fait de chaque pleur, un pleur qui déchire mon coeur, un coeur qui déchire le monde en entier… »

Comprendre pourquoi bébé pleure

Analysons dans un premier les différents types de pleurs.

Les pleurs de cause définie

La faim, la fatigue, besoin de changer la couche, trop chaud, trop froid : ce sont des besoins fondamentaux que le bébé indique. Dans ces cas-là, les remèdes, une fois la cause des pleurs identifiée, sont simples. Et il faut agir dès que possible.

Les pleurs peuvent aussi être dus à des douleurs et à des maladies, il faut consulter alors un ou une pédiatre. C’est le cas par exemple lorsque le bébé a des reflux gastro-œsophagiens (RGO). Cela peut être très douloureux et il existe des méthodes et des médicaments pour apaiser l’enfant. Dans ces cas-là, on peut aussi apporter son soutien en tentant de le rassurer et en le prenant dans les bras.

Les pleurs de cause non définie

Les coliques

Il s’agit de maux de ventre dus à l’immaturité du système digestif. Tous les bébés n’en souffrent pas. Les pédiatres l’indiquent souvent quand le bébé se tortille en pleurant et qu’il n’y a pas d’autre cause. Héloïse Junier, psychologue spécialiste du jeune enfant et journaliste scientifique, nous explique :

« Les pleurs excessifs ou prolongés sont souvent interprétés par les praticiens comme des « coliques ». Or, le terme de « colique » – qui ne représente en réalité qu’une manière de décrire des pleurs prolongés, ne correspond en réalité à aucune entité clinique distincte. »

On ne sait pas vraiment à quoi sont dus ces douleurs et ces pleurs. Il existe cependant des solutions, comme l’indique le site des 1 000 premiers jours :

« Le placer à plat ventre sur notre avant-bras, son dos contre notre ventre, sa tête dans le creux de notre coude et notre main entre ses jambes. C’est souvent une position apaisante pour le bébé, et qui peut le soulager en cas de mal de ventre. »

On peut aussi voir avec le ou la pédiatre si des remèdes à base de plantes ou des probiotiques peuvent être utiles. Il n’existe pas de solution miracle, malheureusement ! Cela passe avec le temps, il faut prendre son mal en patience.

Les pleurs de décharge

Le bébé ne se calme pas dans les bras, il a besoin d’extérioriser. Ce sont des larmes d’émotions, fréquentes en fin de journée notamment. Pour Héloïse Junier, le contact est là aussi est nécessaire :

« On préconise de ne pas laisser l’enfant pleurer seul mais de ne pas l’interrompre à tout prix non plus. »

Grâce au contact avec les parents ou un adulte, le niveau de stress baisse :

« L’ocytocine est apportée, antidote du cortisol (hormone du stress). C’est vraiment intéressant de le garder dans les bras quand il pleure. »

L’idée est donc, dans le cas des pleurs de décharge, de prendre l’enfant dans ses bras ou en portage, si cela est possible. Les muscles deviennent nos meilleurs alliés pour tenter de calmer le bébé. Il reste aussi le tour de poussette ! Voilà pourquoi beaucoup de parents de nourrissons sont dans la rue à la nuit tombante…

Et les caprices ?

Lorsque l’on parle de caprices, cela ne peut pas être le cas pour les bébés. Héloïse Junier nous précise qu’à partir de 6 ou 7 ans seulement, l’enfant peut commencer à essayer de manipuler l’adulte.

Les larmes sont toujours des signaux de quelque chose. Héloïse Junier nous l’explique :

« La sécrétion des larmes humaines se fait via le système nerveux autonome. Notre pensée n’a pas d’action dessus. — comme le rythme cardiaque par exemple. À moins d’être acteur, on ne peut pas agir dessus. Aucun enfant ne peut pleurer sur commande. »

Donc idéalement, il faut répondre aux pleurs, et cela toute la vie finalement. À chaque âge, ses problèmes de frustrations. Même si lorsque l’on est enfant, on peine beaucoup plus à se calmer seul. Dans tous les cas, c’est une vraie émotion qui les traverse.

Il ne faut pas laisser un bébé pleurer seul, dans la mesure du possible…

Quand un bébé pleure, il faut réagir avec calme mais assez rapidement, afin qu’il garde confiance, qu’il se sente dans une univers sécurisant. Si par le passé, des professionnels ont pu dire qu’il était bon de laisser pleurer les bébés, ce n’est plus le cas maintenant. Sur le site 1000 premiers jours, il est ainsi expliqué :

« On entend parfois qu’il faut laisser pleurer bébé pour qu’il se calme tout seul. C’est une idée fausse ! Quand bébé pleure, il a besoin que ses parents réagissent rapidement et calmement. On peut le prendre dans ses bras, le consoler et répondre au besoin qu’il a voulu exprimer. On vérifie aussi s’il n’y a rien d’inquiétant. 

Grâce à cette réaction, bébé se sent aimé et en sécurité, il prend confiance en nous. Cette confiance lui crée des repères et l’aide à se construire. En plus, on se rend souvent compte que bébé est plus facile à calmer quand on réagit dès qu’il commence à pleurer. »

Pour essayer de le calmer, on peut le prendre dans les bras, le bercer, diminuer la lumière, le toucher, lui parler, chantonner…

Cela permet à l’enfant de créer un attachement sécure. Même si bien sûr, ce n’est pas toujours si simple, et qu’il s’agit de préconisations, à appliquer lorsque cela est possible.

Laisser pleurer un bébé, c’est dangereux ?

L’enfant ne parvient pas à se calmer seul, comme Héloïse Junier nous l’explique :

« Quand on parle de la théorie de l’attachement, quand l’enfant se met à pleurer, c’est qu’il y a un système d’alarme qui se met en route. Quelque chose dysfonctionne dans son cerveau, une perte d’homéostasie hormonale. Il a besoin de l’adulte pour retrouver le calme.

Le système d’alarme du bébé humain appelle la présence de l’adulte, au rapprochement physique. On évite de laisser le bébé pleurer pour pas qu’il ne surchauffe, qu’il ne stresse trop, pour pas que son amygdale cérébrale surchauffe. »

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(© Unsplash/Katie Smith)

Le risque en cas de pleurs non pris en compte de façon répétée est aussi une perte de confiance en l’adulte, comme elle nous l’explique :

« Si le bébé pleure trop longtemps et trop souvent tout seul, les premiers mois de sa vie, ça risque de créer un lien insécure, de type évitant. L’enfant désactive ses signaux d’attachement. Ce n’est pas parce qu’il a moins de besoins, mais il les manifestera moins. C’est plus compliqué ensuite pour la sphère relationnelle de l’enfant. »

Il en va donc de son bien-être et de son bon développement. Mais on parle ici de répétitions et de durée : si l’enfant pleure faiblement, plutôt sous forme de râle, quelques minutes avant de s’endormir ou si vous ne pouvez pas vous rendre immédiatement auprès de votre nourrisson qui commence à pleurer, il n’y aura pas de conséquences.

On fait ce que l’on peut : on ne va, dans tous les cas, pas casser son bébé !

L’accompagnement vers le sommeil

Comme on le voyait ci-dessus, le bébé peut pleurer de fatigue. Il est alors bon de le coucher rapidement pour ne pas louper la fenêtre d’endormissement et d’essayer, si besoin, de l’accompagner. Dans son livre Pour ou contre ?, Héloïse Junier, explique :

« Si pleurer dans les bras chaleureux et bourrés d’ocytocine d’un adulte permet à l’enfant de se libérer de ses tensions avant de s’endormir, pleurer seul dans son lit crée l’effet inverse : cela expose son petit cerveau en construction à de violentes décharges de cortisol. »

On peut donc lui tenir un peu compagnie ou le bercer dans un environnement calme. Les bébés sont plus ou moins autonomes pour l’endormissement. Cela s’acquière aussi avec le temps.

Pouroucontre
Ce livre est plutôt à destination des professionnels de la petite enfance mais pourra aussi être très instructif pour les parents.

Pour l’acheter, c’est par ici !

Des méthodes controversées

La technique de l’attente progressive (aussi appelée 5-10-15 ou extinction graduelle) a été conçue par le pédiatre américain Richard Ferber. Si l’enfant pleure le soir et même la nuit, le parent attend d’abord 5 minutes avant de venir puis au fil du temps 10 mn et 15 mn. Cette méthode très controversé a fait l’objet d’études aux résultats différents.

Pour une étude néo-zélandaise sérieuse publiée en 2012 dans la revue Early Human Development, les chercheurs ont appliqué cette méthode. Lorsque les bébés pleuraient la nuit, le niveau de cortisol (hormone du stress) recueilli dans la salive était élevé. Au bout de trois jours, les bébés ne pleuraient plus mais le niveau de cortisol restait tout de même élevé.

Cela suggère que si cette méthode « fonctionne » car les bébés arrêtent de pleurer, ils continueraient d’être stressés mais ne demanderaient plus d’aide.

Pour Héloïse Junier, qui reprend cette étude dans son livre, « cette méthode, c’est de la torture psychologique ».

Le bien-être des parents, à prendre en compte

Évidemment, toutes ces recommandations constituent un idéal : il faut prendre en compte aussi le bien-être des parents, qui rejaillira sur le bébé.

On a beau l’aimer et le chérir, parfois, la fatigue aidant, c’en est trop ! On n’y arrive plus… Et plutôt que d’arriver à des extrémités, comme s’énerver ou même le secouer (on sait maintenant les ravages que cela peut entraîner), autant aller s’isoler un peu, confier le bébé à quelqu’un d’autre si cela est possible, s’éloigner des cris, aller boire un verre (d’eau ou d’alcool, pas de jugements !) dans la cuisine.

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© maman.memes

Les injonctions sont nombreuses pour les parents et le fait de ne pas laisser pleurer peut sembler en être une supplémentaire. C’est pour cela qu’il faut agir, dans la mesure de ses capacités, à l’instant T, et ne pas se ronger le cerveau lorsque l’on a besoin de faire une petite pause.

Dans son livre Libérées, la journaliste Titiou Lecoq exprimait ce qu’elle avait ressenti de la peur et de la culpabilité, après la lecture d’un article très discutable, qui mettait en garde les parents contre les conséquences de laisser pleurer son bébé :

« Le problème, c’est que cet article, sous des dehors pseudo-scientifiques, ne fait pas la distinction entre laisser son enfant pleurer quelques minutes et l’abandonner totalement. En gros, il ose nous dire que laisser pleurer un bébé cinq minutes après l’avoir couché avant d’aller lui refaire un câlin peut endommager son système nerveux. »

On comprend le stress engendré par ce genre d’affirmations et il faut donc agir avec mesure et raison garder.

Pour résumer, il faut d’abord essayer de comprendre les pleurs pour y répondre au mieux. Mais il n’y a pas toujours de cause. Dans tous les cas, il est toujours bon de tenter de rassurer le bébé et de lui montrer sa présence, possiblement en le prenant dans les bras. Il s’agit de bonnes pratiques, à essayer d’appliquer avec régularité, mais chacun et chacune compose comme il peut avec son quotidien et ses contraintes. Aucun bébé n’est maltraité s’il pleure quelques minutes seul !

À lire aussi : À chaque fois que vous dites « dormir comme un bébé », un parent pleure des larmes de sang

Image en une : © Getty Images

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Les Commentaires

6
Avatar de Aichathegypsy
13 décembre 2021 à 10h12
Aichathegypsy
De même que certaines Madz, je ne supporte pas les gens qui disent qu'il faut laisser pleurer les bébés. Déja que je ne peux pas ignorer les miaulements de mes chats lorsqu'ils veulent sortir la nuit, mais pour mon fils, c'est encore pire !
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Voir les 6 commentaires

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