La photo illustrant l’article appartient à @jayfranzone et @arielledross
Jay Franzone a donné son sang. Et c’est très important de le souligner car c’est hypothétiquement la première fois depuis des décennies qu’un homme gay a fait ce geste qui paraît de prime abord assez banal.
Think Progress, d’où nous vient l’information, souligne ce qui fait de cet évènement un acte important. Aux États-Unis, si tu es un homme gay et que tu veux donner ton sang, il te faut d’abord passer par un an d’abstinence sexuelle.
Revenons brièvement en arrière. En 1985, durant l’épidémie du SIDA, la FDA (Food and Drug Administration) interdit alors tout homme ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes de donner son sang. Une interdiction qui est restée en place jusqu’en 2015.
Date à laquelle la FDA a remplacé cette loi par une autre tout aussi discriminante, malgré, entre autres, les avancées considérables autour de la maladie et le fait que le sang prélevé soit testé ou que l’on puisse être rapidement dépisté.
Revenons donc en 2017 où Jay, 21 ans, a décidé de respecter cette loi. Il a ultérieurement écrit un bilan de son expérience pour le New York Times, dans le but d’expliciter sa démarche et de montrer à quel point cette loi discriminante était ridicule.
Il explique à la chaîne HBO, qui était présente lors de ce moment quasi historique :
« Je n’ai même pas pratiqué de fellation. C’est un risque minuscule, incalculable. Donc je n’ai pas eu du tout de sexe oral pendant un an.
Mais mon meilleur pote, lui, peut coucher avec huit femmes différentes en une semaine et aller donner son sang. Pas de problème. […] Il y a quelque chose de fondamentalement inadmissible là-dedans. »
L’an passé, après la tragique tuerie d’Orlando, de nombreux hommes gays ou bisexuels ont voulu donner leur sang mais ont été renvoyés chez eux à cause de cette loi.
Le membre du congrès — et ouvertement gay — Jared Polish est fermement contre cette interdiction et déclarait au magazine Think Progress après cette tragédie :
« Ça perpétue la fiction que les personnes gay sont différentes, que notre sang n’est pas aussi bon que celui des autres. C’est juste un autre exemple de discrimination sans base scientifique. »
Côté français, la même interdiction mise en place en 1983 a été levée le 11 juillet 2016, et les hommes gays ou bisexuels sont actuellement soumis à la même législation.
Toujours dans son rapport au NY Times, Jay explique qu’en Italie et en Espagne, l’autorisation du don est entre autres basée sur une analyse au cas par cas, au travers d’entretiens individuels avec des personnes formées qui détermineront si les potentiels donneurs ont eu des rapports à hauts risques.
Tant que la FDA ne suivra pas cet exemple, le jeune homme continuera à lutter contre cette interdiction avec l’association National Gay Blood Drive où il travaille à la communication. Son abstinence, quant à elle, ne devrait pas se prolonger, du moins pas volontairement.
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