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Comment avoir une VRAIE discussion avec ton père

Discuter avec son père, parler VRAIMENT, à cœur ouvert, ce n’est pas si facile ! Fab, du podcast Histoires de Darons, te donne ses précieux conseils.

Initialement publié le 10 mai 2019

Si tu lis Rockie ou que tu me suis sur mes réseaux sociaux, tu sais peut-être que j’ai créé un podcast intitulé Histoires de Darons il y a deux ans et demi, dans lequel je tends le micro à des pères pour parler paternité.

Quelques mois après son lancement, je cherchais un grand-père qui pourrait témoigner jusqu’à ce que je me rende compte que… mon propre père était un grand-père.

Je lui ai donc proposé de faire cette interview, sans vraiment me rendre compte sur le moment que j’allais discuter avec lui d’un sujet dont nous n’avions jamais parlé.

Et ce fut le cas de beaucoup de mes auditrices et auditeurs, si j’en crois vos nombreux messages.

J’ai vraiment discuté avec mon père pour la 1ère fois

Il faut dire que c’est particulier de demander à son père « Ça t’a fait quoi d’être mon père, de m’avoir comme enfant ? Tu l’as vécu comment, toi, tout ça ? ». C’est tout sauf naturel, alors que ça peut expliquer tant de choses…

Cet exercice permet aussi de se détacher de l’histoire familiale « toute faite », qu’on te raconte depuis des années, qui participe à une sorte de « mythe » que tu n’as peut-être jamais remis en question.

Ça aide à se rapprocher du réel vécu, des réelles émotions de ses protagonistes. (Bien sûr, tu peux faire pareil avec ta mère !)

Je tiens juste à préciser : je n’ai pas vocation à avoir la science infuse concernant les relations père-enfants. J’imagine qu’il peut y avoir autant de rapports entre un père et son môme qu’il existe d’êtres humains sur cette planète.

J’essaie ici d’être le plus exhaustif possible, mais surtout de partager ma propre expérience.

Alors voici mes conseils pour avoir une vraie discussion avec ton daron !

Préambule : tu ne dois rien à tes parents

Oui, je sais, c’est une phrase choc. Mais elle est tellement libératrice une fois qu’on l’a comprise !

J’ai mis du temps à la comprendre, en tant qu’enfant, et j’essaie de l’appliquer chaque jour en tant que parent avec mes filles.

Le principe est simple : tu n’as pas demandé à venir au monde. Cette décision vient de tes parents. Tu ne leur dois pas la vie, ou quoique ce soit, non.

Ils ont « juste » rempli leur rôle de parents, voulu le meilleur pour toi, en toutes circonstances — en tout cas, je l’espère.

Ça ne t’empêche pas de ressentir de la gratitude pour tout ce qu’ils ont pu faire pour toi. Mais en aucun cas, à mon sens, tu ne devrais te sentir redevable.

Tu es un être humain à part entière, pas juste l’enfant de tes parents.

(Oui, je sais, ça commence fort, mais suis-moi jusqu’au bout, tu comprendras peut-être mieux à la fin)

1. Tes parents ne sont que ce qu’ils sont

Grosse épiphanie pour ma part que j’avais déjà partagée dans cet article intitulé Comment se libérer de ses parents en 8 leçons : mes parents ne sont que ce qu’ils sont.

Ils ne sont pas des super-héros, ils ne sont pas des nazes, ils ne sont pas infaillibles, ils sont juste des êtres humains, avec des qualités, mais aussi des défauts. Tout comme moi. Tout comme toi. Tout comme chacun d’entre nous.

Et aussi : dans la grande majorité des cas, ils ont fait de leur mieux. Avec ces mêmes qualités, ces défauts, leur histoire, leur passé familial, personnel.

Leurs parents ont sans doute déconné avec eux, leur ont probablement même refilé des casseroles que ton père et/ou ta mère t’ont ensuite refilées aussi, inconsciemment.

Certes, leur attitude t’a sans doute abîmée à certains niveaux. Ça t’a fait du mal, ça t’a affaiblie, mais ça a aussi fait de toi la personne que tu es aujourd’hui. Avec des forces et des faiblesses.

On est, tous et toutes, la somme des erreurs de nos parents.

Ça peut faire « enfonçage de portes ouvertes », mais je crois que c’est important de remettre à plat ce point avant d’aller plus loin.

À titre personnel encore une fois, cette révélation m’a permis de rendre mes parents humains, de relativiser quelques griefs que j’avais contre eux, et de rendre cet exercice avec mon père d’autant plus « constructif » pour nous deux.

2. Pour discuter avec ton père, prends rendez-vous

Un rendez-vous, c’est d’une puissance folle. Ça pose un cadre. Ça sous-entend « ce jour-là, à cette heure-là, j’aimerais bien qu’on se parle, toi et moi ». Ça n’est pas négligeable.

Ça vous permet à tous les deux de vous préparer, de savoir de quoi vous allez parler. Et ça évite que la conversation ne sorte de nulle part, ne le prenne par surprise.

Autre paramètre d’importance : le lieu ! Sortez de votre cadre habituel — surtout si vous avez habituellement du mal à communiquer vraiment.

Changer d’endroit, c’est la meilleure façon de sortir de vos routines.

Tu peux proposer un lieu, ou tu peux le laisser décider, mais je t’invite vraiment à aller ailleurs qu’à l’endroit où vous vous retrouvez habituellement.

Allez boire un café, un verre, allez manger un morceau en restaurant, allez vous balader (oui, bon, quand on sera sortis du confinement)…

L’important — c’est mon point suivant — c’est que vous soyez en tête-à-tête.

3. Pour discuter avec ton père, prends-le en tête-à-tête

Les dynamiques de groupes sont tellement impitoyables.

Dans les groupes, que ce soit des bandes d’amis, une famille, une équipe de sport, ou dans une promo étudiante, chacun joue son rôle et c’est très dur d’en sortir.

Combien de fois tu t’es retrouvée en tête-à-tête avec une ou un pote, avec qui tu as pu avoir une discussion que tu n’aurais jamais pu avoir au sein du groupe auquel vous appartenez ?

La meilleure façon de casser la dynamique de groupe, c’est de le pulvériser, ce groupe.

En ce qui concerne ton père, les dynamiques concernent plutôt la famille. Chacun joue un rôle : tes frères et sœurs, ta mère et ton père. Le groupe peut être impitoyable avec celui ou celle qui cherche à sortir de son rôle.

Je te conseille donc de dire, quand tu prendras rendez-vous avec ton daron, de lui demander de venir seul, parce que lui parler À LUI, et pas à lui avec à ta mère par exemple. Parce que c’est important pour toi.

4. Pour discuter avec ton père, pense à sa vulnérabilité

Loin de moi l’idée de faire des généralités et de mettre tous les darons dans le même sac, mais les stérétoypes genrés, ça ne vient pas de nulle part.

En effet, la plupart des mecs (et donc des pères) ont été élevés dans une culture patriarcale, où ils doivent être DES BONHOMMES, être forts face à l’adversité, ne pas pleurer, ne pas faire part de leurs sentiments ni montrer trop d’émotion.

Pour résumer : les darons sont généralement très peu enclins à la vulnérabilité.

Si tu n’es pas familière du concept, je t’invite à regarder cette conférence TED de Brené Brown, chercheuse qui a poncé le sujet (tu peux activer les sous-titres en français) :

Ce qui m’amène à l’idée principale de cette partie : si tu veux que ton père fasse preuve de vulnérabilité, il va falloir t’y mettre en premier.

Ça pourra te paraître injuste (après tout, c’est toi, l’enfant), mais c’est comme ça.

Il va falloir lui dire ce que tu as sur le cœur, lui dire ce que tu ressens.

Il y a aussi des astuces de communication positive, qui permettent de dire les choses de la façon la plus cool possible. Dire « je » au lieu de dire « tu », par exemple, parler de la façon dont tu ressens les choses plutôt que de faire des reproches…

Tu peux en apprendre davantage dans cet article sur la communication non-violente, et celui-ci qui t’apprend à critiquer sans braquer !

Malgré tout, je ne te garantis pas le résultat. Certains hommes ont été élevés dans une telle déconnexion de leurs émotions que ton père n’aura peut-être pas la réaction attendue.

Mais dis-toi que tu auras fait ta part du boulot. Et que peut-être, un jour, il finira par s’ouvrir et à son tour faire preuve de vulnérabilité.

C’est un chemin. Pour tout le monde. Cf le point n°1 : ton père n’est que ce qu’il est.

5. Pour discuter avec ton père, écoute-le…

Si jamais ton daron se met à parler, alors là, bravo mais il va falloir faire un truc pas si évident : écouter. Vraiment. Surtout si tu lui as posé une question auparavant.

Tu auras peut-être envie de répondre, de le contredire mais ça viendra plus tard. D’abord, il faut écouter.

Écouter comme jamais tu n’as écouté. Être attentive à ce qu’il raconte. Se mettre dans ses pompes. Essayer, tout du moins.

Ouais, c’est pas facile. Mais eh, si t’as cliqué sur cet article, c’est bien que tu cherchais une solution qui venait de toi, non ?

6. …et rebondis sur ce que ton père raconte

Une fois que tu as écouté, « rebondis ». Pose des questions. Cherche à creuser, si des points te semblent obscurs. Ne passe pas direct au sujet suivant.

La communication est un concept TELLEMENT compliqué que, parfois, à partir d’un même mot, une même image, bref, un élément très « factuel » et objectif, on peut avoir deux interprétations opposées !

Le grand classique pour illustrer cette idée, c’est cette image. Qu’y vois-tu ? Une jeune femme qui détourne la tête, ou une vieille dame de profil ?

Énigme visuelle sur Enigmatum Un classique, la jeune femme ou la vieille dame_

Ça marche aussi avec Laurel ou Yanny, ou encore avec cette robe : bleue ou blanche ? Personne n’a tort ou raison. C’est juste une question de perception.

Je t’explique tout ça pour une raison simple : on peut mettre autant d’interprétations derrière un même propos qu’il y a d’êtres humains, de vécus, de ressentis, d’expériences.

Donc, il faut rebondir. Et chercher à comprendre.

Ton meilleur allié pour « rebondir », c’est la question « pourquoi ? ». C’est ma question préférée AU MONDE, parce qu’elle ouvre des portes.

Avec un « pourquoi », je cherche à comprendre ce qui se passe dans la tête de mon interlocuteur, dans quel état d’esprit il est, et le sens qu’il met derrière les mots qu’il ou elle utilise.

7. Pour discuter avec ton père, au pire, écris-lui

Enfin, si tu ne te sens pas les épaules d’affronter cette discussion avec ton daron, pour des raisons qui t’appartiennent, un dernier conseil : écris-lui.

Ça t’aidera peut-être à poser les bases de la discussion que tu souhaites avoir avec lui. Et tu pourras même la ressortir si jamais cette lettre vous amène à vous retrouver en tête-à-tête, sait-on jamais !

Une lettre peut aussi te permettre de ne pas tomber dans l’émotion si c’est quelque chose qui te fait peur.

Peut-être aussi que tu peux tout simplement lui envoyer cet article et/ou l’épisode d’Histoires de Darons que j’ai fait avec mon père, en ajoutant un simple « j’aimerais bien qu’on fasse ça ensemble ».

Certaines personnes m’ont dit qu’elles l’avaient fait, et ça a apparemment bien marché.

Quelques idées de questions à poser à ton père

Voici quelques-unes des questions « de base » que j’utilise dans mes interviews. Peut-être qu’elles pourront te servir ! N’hésite pas à les pimper en fonction de ton / votre histoire particulière.

  • Comment t’est venue l’envie de devenir père ?
  • Comment s’est passée la grossesse pour toi ?
  • T’avais envie d’avoir un garçon ou une fille ? Ça t’a fait quoi quand tu as su que j’étais une fille / un garçon ? (là, tu peux rebondir en demandant « Pourquoi ? »)
  • Comment tu as vécu l’accouchement ?
  • C’était comment, de me rencontrer pour la première fois ?
  • Tu te souviens des premiers jours / mois avec moi à la maison ?
  • Ça fait quoi, de voir son enfant grandir ?
  • C’est quoi tes 2 ou 3 plus beaux souvenirs avec moi ? (Tu peux aussi lui partager tes plus beaux souvenirs avec lui et voir s’ils coïncident, c’est marrant)
  • Tu m’imaginais comment dans le futur, quand j’étais plus jeune ?
  • C’était quoi pour toi les choses importantes à me transmettre ?
  • C’est qui ton enfant préféré parmi la fratrie ? (mdr) (non) (enfin, si, tu peux, mais à tes risques et périls)

Le plus important dans tout ça, ce n’est pas vraiment de « faire défiler » les questions, mais d’écouter l’histoire de ton père et de lui offrir l’opportunité de creuser.

Voilà pour mes conseils ! Si tu as réussi à avoir cette discussion avec ton père, avant ou après la lecture de cet article, je suis preneur de ton histoire, soit sur le forum, soit en DM sur mon Instagram perso (@fabflorent).

Pour revenir à ma propre expérience, de mon côté, j’ai appris plein de trucs lors de cette heure passée en compagnie de mon père, on a reparlé de vieilles histoires, j’ai recoupé des infos que j’avais sur lui, j’ai appris des choses aussi.

Enfin, petite coulisse de l’épisode d’Histoires de Darons : mon père a passé une grosse partie de la fin de journée à pleurer, un mélange de toutes sortes d’émotions.

Sans doute que ça avait besoin de sortir…

À lire aussi : « Ma relation avec mon père », par 10 membres de madmoiZelle


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

7
Avatar de Mimiecookies
10 mai 2020 à 18h05
Mimiecookies
Parfois j'écris des lettres... Mais pas à mon père. A vrai dire, je ne pense pas que ce genre de conseils s'applique à tout type de de personnalité. Il y a des pères plus aimants que d'autres où la discussion est plus facile.
1
Voir les 7 commentaires

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