Critiquer, en théorie, c’est facile. Dans les faits, c’est souvent délicat.
Une critique réussie fera avancer la personne qui la reçoit sans la blesser. Le problème c’est que le plus souvent, le message est mal amené, ou mal reçu, résultat tout le monde se braque, rien ne change… C’est le conflit.
À lire aussi : Comment recevoir (et mettre à profit) les critiques ?
Alors comme c’est de la merde les conflits, j’ai décidé de vous donner huit conseils issus de mes expériences et de mes lectures afin que le monde devienne meilleur (rien que ça).
Il me semble important de rappeler deux principes qui sont très bien expliqués par le site Ithaque Coaching.
Nous ne détenons pas la vérité universelle, et ce qui nous chiffone n’est pas nécessairement un problème pour l’autre, même si nous avons hérité ce principe de l’arrière-grand-père qui avait toujours raison. Nous pouvons communiquer sur nos valeurs, mais pas lui imposer nos certitudes. (…)
Il est légitime de les exprimer pour fixer des limites à un comportement inacceptable, pour faire avancer un projet etc. Le tout étant d’y mettre un peu les formes, histoire de ne pas se fâcher avec toute l’humanité.
Complimentez sans retenue
J’ai souvent entendu au cours de ma vie des gens dire à d’autres :
Je ne te dis que ce qui ne va pas parce que ce n’est pas les compliments qui te feront avancer.
Je ne suis pas d’accord : les phrases positives font du bien. Elles permettent de prendre confiance en soi. On a tou•tes croisé au cours de nos vies des gens très talentueux mais qui n’arrivaient à rien car ils/elles ne croyaient pas en eux/elles. Ces gens là ont plus besoin qu’on leur dise ce qui va que ce qui ne va pas. Et finalement, sans en être à ce point, c’est vrai pour le monde entier.
À lire aussi : Les 4 obstacles à surmonter quand on manque de confiance en soi
Les louanges sont importantes pour créer une relation ancrée dans le positif et donc saine. Tout le monde aime se faire flatter l’égo et la critique comme le compliment ont finalement le même but : encourager l’autre dans une direction.
Partant de ce constat, quand vous voulez critiquer, pensez à un compliment à placer juste avant. C’est un peu comme un lubrifiant en fait, on peut faire sans mais ça passe toujours mieux avec.
- Exemple
Un ami vous propose de lire un texte pour avoir votre avis. Il y a plein de fautes mais l’histoire est sympa.
J’ai adoré l’histoire, il y a un bon rythme (compliment). Par contre fais gaffe à l’orthographe ! (critique)
Comprenez-vous les uns les autres !
Si la personne en face de vous a un comportement qui vous agace, cherchez à comprendre ce qui l’encourage à se comporter ainsi. Est-ce qu’elle se rend compte du dérangement ? Est-ce qu’elle manque d’empathie ?
Je pars du principe que la très grande majorité des gens ne veulent pas faire le mal. À partir de là, regardez la personne d’un point de vue bienveillant et avec de l’empathie. Adaptez votre critique à ce principe : montrez-lui que vous la comprenez.
De même, votre acolyte ne saisit pas forcément ce que vous ressentez quand il agit de la sorte. Alors, rien de plus simple, exprimez-vous sur vos sentiments !
- Exemple
Un camarade tape du pied en permanence et ça vous embête. Vous lui demandez pourquoi il fait ça, il explique que ça le dé-stresse.
Je sais que ça te dé-stresse (compréhension de l’autre) mais moi ça m’énerve (expression de son ressenti). Est-ce que tu pourrais arrêter s’il te plaît ? (critique)
Ne critiquez pas sous le coup de la colère
C’est souvent au moment où on est le plus en colère qu’on veut répliquer. Ça passe alors par des cris, des insultes, du passif-aggressif…
En faisant ça, vous assouvissez votre pulsion. Le problème c’est que cette démarche n’est pas bienveillante : on agit plus comme ça par agacement que par désir que l’autre change. De son côté, la personne sur qui vous criez aura plus tendance à se dire qu’elle ne veut plus avoir affaire à vous plutôt que de développer un désir de changer. C’est un double échec.
À lire aussi : La bienveillance, le secret pour plus d’efficacité au travail
Si vous êtes en colère et que vous sentez que ce que vous allez dire dans cet état risque plus de braquer l’autre, prenez des notes. Ça permettra d’expier votre mal-être et de mettre vos idées au propre.
Revenez vers l’autre une fois calmé pour en discuter.
Ne demandez pas la perfection, laissez passer des erreurs
On rit souvent des gens qui disent en entretien que leur pire défaut est leur perfectionnisme. Dans l’art de la critique, ces gens peuvent faire beaucoup de mal.
Critiquer de manière répétée et quotidienne est vain. Même quand c’est justifié.
Rapidement, ce genre de comportement crée une relation malsaine : une personne se fait taper dessus tous les jours par une deuxième… Souvent celle/celui qui reçoit les critiques perd petit à petit confiance en elle/lui. De ce fait, elle/il fait de plus en plus d’erreurs, donnant l’occasion de se faire reprocher un nombre plus important de choses encore. Vous avez dit harcèlement ?
Alors comment faire pour ne pas tomber dans ce schéma ? Pour commencer, complimentez l’autre quand il/elle le mérite (cf point n°1). Ensuite, si vous êtes face à quelqu’un qui fait un grand nombre d’erreurs, tout simplement… Ne lui reprochez pas tout.
Oui, il est important d’être honnête. Mais avant tout, il faut se montrer humain•e. Il faut voir la personne qui fait une montagne de fautes comme un bébé — au moins dans son domaine. On ne demande pas à un bébé de savoir lire dès sa naissance, même si une fois adulte cette capacité peut sembler presque une évidence. Non, on lui apprend d’abord à marcher, à parler, à manger seul…
On repart de la base, tout simplement. Parfois ce n’est qu’une question de confiance en soi.
L’art de la formulation
Formuler correctement une critique est très important pour qu’elle soit bien reçue. Ce n’est pas la même chose de dire « t’es vraiment nul•le en maths » que « tu as des difficultés en mathématiques ». Le vocabulaire, le ton, la place des mots : chaque élément a son sens.
À ce jeu-là, essayez donc de réfléchir à la formulation la moins blessante. Quand vous voulez reprocher quelque chose à quelqu’un, ne dites pas la première chose qui vous passe par la tête. Forcez-vous à imaginer au moins trois ou quatre formulations différentes afin d’être le/la moins blessant•e possible.
Intéressez-vous à la communication non violente qui est d’une grande aide dans ces moments.
À lire aussi : La Communication NonViolente, pour prendre soin de soi et des autres
Proposez des solutions
C’est l’un des piliers de la critique constructive. Il est bien simple de médire sur un comportement. Il l’est moins de savoir comment la personne à qui on s’adresse, avec sa personnalité et sa vie, pourrait changer les choses.
La question n’est donc pas « comment moi j’agirais dans cette situation » mais « comment l’autre pourrait faire ». Toute la nuance est ici. Critiquer correctement, c’est avant tout faire preuve d’empathie.
Après la critique, laissez du temps à l’autre
Quand on critique, il ne faut pas s’attendre à un changement immédiat. Déjà parce peut-être que votre critique ne vaut rien, ce n’est que votre avis et il se peut que vous ayez tort… Et puis surtout parce qu’il faut le temps de digérer l’information.
Recevoir une critique peut mettre un petit coup à l’égo, ce qui empêche d’évoluer immédiatement. La priorité étant de le reconstruire.
De plus, changer, ça demande du temps.
Osez critiquer ! (et assumez ce que vous dites)
Enfin, dernier conseil et pas des moindres : osez critiquer ! N’ayez pas peur de dire les choses. Ne vous cachez pas derrière vos « Et si je dis n’importe quoi ». Just do it. Si vous avez quelque chose à dire, c’est que ça part d’un ressenti.
Cette impression est donc vraie, au moins pour vous. Si vous la gardez pour vous, cela pourrait créer un conflit… C’est nul !
S’affirmer, c’est dire ce que l’on pense.
Et vous, quels sont vos conseils pour formuler une bonne critique ? Venez réagir dans les commentaires !
Les Commentaires
Dans la rubrique "formulation", j'ajouterais aussi la listes des verbes/termes à proscrire : "il faut", "tu dois", "tu devrais", "à ta place", "tu ne peux pas", "il ne faut pas".... ce sont des termes très absolus qui ne permettent pas de nuancer le propos.
De manière générale, j'avais appris en formation d'encadrante à ne pas critiquer ce que l'autre est, mais ce que l'autre fait. Au lieu de dire "tu es trop colérique", plutôt dire "cela t'as énervée apparemment, saurais-tu me dire pourquoi ? ", ça permet de ne pas réduire l'autre à ses défauts.