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Comment choisit-on notre vote ?

À l’approche des élections présidentielles, Justine vous explique ce qui nous pousse à voter pour un•e candidat•e plutôt qu’un•e autre.

Savez-vous ce qui pousse les États-uniens à voter pour Donald Trump ou Hillary Clinton ? Pourquoi choisissons-nous un•e candidat•e plutôt qu’un•e autre ? Quels facteurs forment nos décisions et envies électorales ?

En psychologie politique, plusieurs modèles proposent d’expliquer ce qui nous mène à glisser ce petit papier-là, plutôt qu’un autre, dans l’urne.

Le modèle sociologique : le poids des facteurs socio-économiques

En 1940, le sociologue Paul Lazarsfeld profite de l’élection présidentielle états-unienne (opposant Willkie à Roosevelt) pour étudier l’effet des campagnes politiques sur les choix électoraux. À plusieurs reprises (avant, pendant et après le vote), son équipe de chercheur•ses interrogent un panel d’habitants — leurs conclusions peuvent surprendre : la campagne aurait un effet très limité sur les choix électoraux.

Selon cette expérience, les citoyen•nes ont déjà choisi leur poulain bien avant le démarrage de la campagne !

Si les campagnes n’ont que peu d’effet sur nos intentions de vote, quels autres facteurs peuvent intervenir ?

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Selon cette expérience, les citoyen•ne•s ont déjà choisi leur poulain bien avant le démarrage de la campagne !

D’après les analyses de Paul Lazarsfeld, l’orientation de nos votes pourrait bien être liée à des facteurs socio-économiques, à notre appartenance à certains groupes sociaux — c’est-à-dire à notre genre, notre âge, notre activité, notre diplôme, notre religion, notre statut socioprofessionnel…

En d’autres termes, en observant notre groupe d’appartenance, nos votes seraient relativement prédictibles !

Par exemple, lors des dernières élections présidentielles françaises, l’électorat des candidat•es présentait des différences sociologiques : pour schématiser, au premier tour, François Hollande a bénéficié du vote des jeunes et des actif•ves, alors que Nicolas Sarkozy a capté les voix des personnes plus âgées et des inactif•ves…

Le modèle de l’université du Michigan : l’identification partisane

Deux décennies après l’expérience de Lazarsfeld, des chercheur•ses de l’université du Michigan formulent l’hypothèse que le vote serait en fait un acte « politique » — ou plutôt un acte lié à notre perception de la vie politique et des partis.

Angus Campbell, Philip Converse, Warren Miller et Donald Stokes ont interrogé un panel de volontaires sur leur orientation politique (démocrate vs. républicain) et sur l’intensité de cette orientation (sont-ils peu, moyennement, très, méga-démocrate — et vice-versa)…

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Les réponses permettent aux chercheur•ses de mesurer l’attachement des participant•es au parti démocrate ou au parti républicain — et cet attachement serait durable dans le temps. Selon l’équipe de chercheur•ses, notre « identification partisane » (le degré auquel nous nous identifions et sommes attachés au parti) nous pousserait à percevoir le monde au travers d’un filtre, comme une sorte de voile cognitif : automatiquement, nous serions plus favorables au candidat de « notre » parti.

Automatiquement, nous serions plus favorables au candidat de « notre » parti.

Si vous voulez, cela fonctionne un peu comme lorsqu’on achète un nouveau téléphone : les partisan•nes d’Apple

auront forcément l’impression que le dernier Iphone est mieux que le Samsung (et inversement).

Le modèle de l’université du Michigan diffère du modèle sociologique parce qu’il valorise des facteurs psychologiques individuels (l’attachement à un parti), mais on peut apercevoir une similitude : l’identification partisane se forme par le biais de notre éducation, de notre milieu social (par exemple, les « minorités » se déclareraient plus proches du parti démocrate)… L’identification partisane ne serait donc pas exempte de déterminismes sociaux !

Le modèle de l’électeur rationnel

Pour certain•es, les deux modèles précédents ne sont pas satisfaisants : l’électeur•trice serait perçu•e comme une petite chose fragile et sans idée propre — et ces modèles accorderaient trop d’importance aux déterminants sociaux.

On choisit un candidat comme on choisit une paire de lunettes, un téléphone, un parquet de Kinder. 

Le modèle de « l’électeur rationnel », apparu notamment avec Valdimer Key, propose de voir l’électeur comme un individu rationnel, dont le vote fonctionne comme une décision économique : on choisit un candidat comme on choisit une paire de lunettes, un téléphone, un parquet de Kinder. On juge ce qu’apporte les produits, leurs bénéfices, leurs coûts… On écoute les promesses d’untel•le, les envolées lyriques d’un•e autre, on pense au passé des candidat•es, à leurs décisions précédentes…

Ce modèle s’appuie sur l’idée de la « volatilité » des votes : nous, électeur•trices, pouvons avoir un vote volatile, c’est-à-dire que nous pouvons (plus ou moins) changer d’orientation politique en fonction des échéances électorales.

 

Le modèle reste particulièrement controversé : il est d’une part difficilement mesurable de façon empirique et, d’autre part, il nie l’existence d’autres facteurs.

L’économiste Anthony Downs est allé plus loin dans la réflexion : selon son « paradoxe de l’énigme de la participation », le fait même d’aller voter ne serait pas une décision rationnelle.

Si l’on considère que notre toute petite voix ne représente pas grand-chose dans l’élection, et qu’elle n’a pas très peu de chances de faire varier le résultat, le bénéfice de l’acte est donc minime. En revanche, le coût est important : il faut s’inscrire sur les listes, s’informer pour prendre sa décision, se déplacer jusqu’au bureau de vote…

Si nous n’allons pas voter par rationalité, pourquoi allons-nous jusqu’aux urnes ? Pour certain•es, cette décision serait liée à un bénéfice social et psychologique — apporter sa contribution au fonctionnement collectif, exprimer sa position…

Et donc ?

Les trois modèles précédents proposent des explications pour mieux comprendre la manière dont nous votons.

D’autres facteurs peuvent jouer sur nos décisions électorales — c’est le cas de quelques biais cognitifs : on sait par exemple que la tête du ou de la candidat•e pourra jouer dans notre décision (c’est lié à « l’heuristique de représentativité », une tendance à privilégier ce qui nous semble représentatif d’une généralité — dans notre cas, nous voterions plutôt pour les candidat•es à la tête « compétente »), que l’avis des autres peut nous influencer.

Toutes ces hypothèses montrent des corrélations, pas de lien de causalité : autrement dit, ce n’est pas parce que vous habitez à la campagne que vous votez Front National, ou parce que vous êtes jeunes que vous votez François Hollande — ce sont deux choses qui apparaissent en même temps, qui permettent de donner des probabilités de vote et d’envisager des explications.

Et si toutes ces idées étaient complémentaires ? Nous ne sommes ni complètement libres, ni complètement emprisonné•es dans nos déterminismes sociaux. Si l’on choisit de voter, c’est peut-être justement nos déterminismes que l’on doit avoir en tête au moment de former notre décision — cette réflexion pourrait nous aider à faire un choix électoral éclairé !

Pour aller plus loin :


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