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Vie quotidienne

Mes cheveux crépus VS la malveillance des autres

Sarah a 17 ans, elle est métisse, et a les cheveux crépus. Pendant son adolescence, son entourage n’a pas manqué de la faire complexer sur ses derniers, perçus comme anormaux.

Publié le 7 avril 2019

Je m’appelle Sarah, j’ai 17 ans et j’ai les cheveux crépus. Jusque-là, rien de particulier, du moins en apparence.

Et pourtant, je rédige cet article pour raconter tout ce qu’« ils » m’ont fait endurer.

Ma relation compliquée avec mes cheveux crépus

Bien sûr, eux n’y sont pour rien, ce ne sont que des cheveux après tout. Mais avoir des bouclettes sur la tête peut devenir un véritable problème dans notre société.

Je suis métisse : ma mère est blanche et mon père est noir. Il est né en Afrique et a émigré en France il y a une vingtaine d’années.

Je n’ai eu pratiquement aucun contact avec sa famille, je n’avais donc pas de femmes noires dans mon entourage lorsque j’étais petite.

J’ai donc évolué dans une famille où tout le monde avait les cheveux plus ou moins lisses, et cela n’a pas changé quand je suis entrée à l’école.

Je voyais toutes ces petites filles avec de jolies coiffures et je voulais leur ressembler. Moi aussi, je voulais que le vent fasse bouger mes cheveux quand je courais !

Mais heureusement, cette phase n’a pas duré très longtemps, et j’ai très vite commencé à accepter et à aimer mes cheveux.

Sauf que mon entourage ne m’a pas laissée faire.

Comment mes cheveux crépus sont devenus un problème pour les autres

Toute ma vie, j’ai subi les remarques et commentaires désobligeants de mes camarades de classe, ou même de gens que je ne connaissais pas.

Cela a commencé par des paroles en apparence inoffensives :

« T’as les cheveux en pétard !

« On dirait qu’elle a mis les doigts dans la prise… »

Puis mes camarades se sont mis à me toucher les cheveux sans mon accord sous prétexte que c’était marrant.

À lire aussi : Comprendre le racisme ordinaire en six leçons

Cela ne me dérangeait pas quand il s’agissait de mes amies, qui avaient toujours la politesse de me demander avant si elles pouvaient.

Mais beaucoup plus quand cela venait de personnes qui m’étaient désagréables, ou même d’un inconnu dans la rue (oui, c’est arrivé une fois)…

Ces cheveux qui, pour moi, ne représentaient rien de spécial, devenaient source d’interrogations et de moqueries.

Et à chaque fois que je déménageais, je devais répondre aux multiples questions sur cette chevelure si « mystérieuse ».

Mes cheveux crépus, des moqueries à la violence physique

Souvent, on me demandait si ma chevelure était une perruque !

Un jour, une camarade de classe m’a posé cette question pour la énième fois, à laquelle j’ai répondu une énième fois par la négative, avant de me détourner de la conversation.

Et d’un coup j’ai senti que cette fille me tirait les cheveux comme jamais on ne me les avait tirés (et si vous avez les cheveux crépus, vous savez à quel point le démêlage peut faire mal, alors imaginez) !

Horrifiée, le crâne endolori, je me suis retournée vers elle pour la voir, hilare, me dire qu’elle avait voulu vérifier la véracité de mes propos…

Je trouve cette anecdote symptomatique d’une problématique intéressante. Cette jeune fille n’avait jamais vu de cheveux crépus, elle en a donc conclu que je mentais et que c’était forcément une perruque.

Ainsi donc, ce qui est différent et qui nous est inconnu ne peut pas exister ? Est-ce cela qui, inconsciemment peut-être, a traversé son esprit ? C’est une question que je me pose.

Pourquoi parler de mes cheveux crépus

J’aurais beaucoup d’autres souvenirs à raconter, comme la fois où j’ai laissé mes cheveux lâchés au lycée (spoiler : j’ai fini la journée en pleurs), mais je vais m’arrêter là.

Il y a un an, j’ai déménagé dans un des départements d’Outre-Mer français. Je suis arrivée sur un territoire où la majorité de la population est noire et a donc les cheveux crépus !

Pour la première fois, mes cheveux sont « la norme ». Pour la première fois, on m’en parle de façon « normale », et non pour savoir s’ils sont réels ou non !

C’est ce changement qui m’a motivée à écrire ce témoignage, et qui m’a permis de prendre beaucoup de recul sur ma chevelure, par rapport à moi et aux gens qui m’entourent.

Pendant cette année, j’ai développé l’envie d’expérimenter des choses capillairement parlant. D’ailleurs, l’arrivée de Manu à la rubrique Beauté de madmoiZelle m’a bien aidée dans ce cheminement !

À toi qui as les cheveux crépus, tes cheveux sont beaux et ils méritent tout ton amour !

Et à toi qui ne les as pas, tes cheveux aussi sont beaux… et si jamais quelqu’un de ton entourage a les cheveux crépus, évite de fourrer ta main dedans sans lui demander, même si ça a l’air très moelleux !

À lire aussi : Chère moi de 17 ans qui n’aime pas ses cheveux roux…

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Les Commentaires

29
Avatar de Kalena
20 août 2019 à 17h08
Kalena
Je compatis très fortement madmoizelle, j'ai vécu la même chose mais dans le contexte opposé. Caucasienne, blanche aux cheveux blonds j'ai grandi en outre-mer et je me faisais sans cesse tripoter les cheveux par des inconnus (je garde un super souvenir des files d'attentes devant la cantine au collège).
Ce ne sont que des cheveux, ça paraît anodin mais c'est très embarrassant !
2
Voir les 29 commentaires

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