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Culture

Elles ont testé pour vous… la capoeira, un sport qui allie chant et danse

Lizie et Poildecarrot font toutes les deux de la capoeira. Elles nous racontent à quel point cela représente pour elles bien plus qu’une simple pratique sportive.

Les deux madmoiZelles ont été attirées par la capoeira un peu par amour de l’inédit. Lizzie explique ainsi :

« J’ai découvert la capoeira il y a bien longtemps grâce à un film qui s’appelle Only The Strong (qui est même disponible en anglais sur YouTube). À l’époque la capoeira n’était pas vraiment connue en France, et il n’y avait pas de cours près de chez moi. J’ai donc dû abandonner l’idée. Et puis des années plus tard, la capoeira s’est développée et a fini par devenir assez populaire !

Au début je n’osais pas trop me lancer, même si j’ai toujours été attirée par les nouveaux concepts et sports peu connus par le public, par ce qui sort de l’ordinaire. Mais j’ai quand même fini par en parler à une amie, et il s’est trouvé qu’elle avait un ami qui donnait des cours. Cela fait un an et demi, et je ne m’arrête plus. Il n’y a pas vraiment de contre-indication pour pratiquer la capoeira, mais il ne faut quand même pas oublier que cela reste un art martial et qu’il y a un risque de coups. Et bien sûr cela dépend de chacun•e : un problème de dos, par exemple, risque d’être embêtant. »

C’était un peu le même schéma pour Poildecarrot :

« Je n’ai jamais été très sportive. Dans mes jeunes années, je me suis essayée au basket et au yoseikan budo (un art martial japonais), mais sans grande conviction. Quand j’ai quitté ma bourgade et que je suis arrivée à Lyon, j’ai découvert que la fac proposait un choix énorme de sports, et étant friande de découvertes, j’ai coché la case « capoeira ». Je savais que c’était une sorte d’art martial brésilien couplé à de la danse, mais tout ça restait flou dans mon esprit.

Dès le premier cours, j’ai adoré mon prof : des dreadlocks jusqu’aux fesses, la peau mate et un petit accent qui faisait qu’on ne comprenait pas toujours tout ce qu’il nous racontait. Puis le cours a débuté, et ce fut le coup de cœur, un véritable coup de foudre culturel. D’un seul coup, je venais de découvrir non seulement un sport, mais toute une culture, une énorme communauté qui m’accueillait les bras ouverts ! »

Qu’est-ce que c’est exactement ?

On entend souvent parler de la capoeira, mais le concept reste flou pour beaucoup. Poildecarrot nous explique d’où vient ce sport pas comme les autres :

« Mélange de combat, de danse et de jeu, la capoeira est l’art de lutter en dansant et de danser en luttant. Elle vient à l’origine de danses africaines pratiquées par différents peuples, mais elle a été développée au Brésil dans les camps d’esclaves. Elle était le moyen de s’entraîner au combat discretos, en déguisant le côté martial grâce aux chants et à la musique. Les maîtres d’esclaves pensaient donc que ces derniers faisaient tout le temps la nouba alors qu’en fait, ils s’entraînaient à leur péter la gueule !

Après l’abolition de l’esclavage, la capoeira était mal perçue car elle était pratiquées par des malfrats et servait de moyen pour régler les comptes entre les bandes rivales, parfois de manière sanglante. Elle est donc interdite en 1890, devient passable de prison et de travaux forcés. Mais les capoeiristes ne se laissent pas abattre ! La capoeira devient confidentielle, et ce statut va être intégré dans les codes : chaque capoeiriste se voit attribuer un apelido (un surnom) pour ne pas être reconnu, et les instruments sont légers, faciles à transporter et à cacher. 

Puis, à partir de 1930, des écoles de capoeira ont été ouvertes, cette danse a de nouveau été autorisée et elle s’est propagée à travers le monde. »

Cette petite vidéo d’un festival lyonnais (c’est mes copains !) vous montre de quoi il retourne.

La capoeira met ainsi en scène des rencontres un peu particulières. Lizie nous l’explique :

« Il s’agit d’un jeu qui se pratique à deux dans la « roda » (ronde de jeu) entourée par tous les autres capoeiristas qui tapent des mains au rythme de la musique jouée et chantée par le reste du groupe. On fait des kicks, des escapes, des acrobaties ; il faut savoir être malicieux et « piéger » son adversaire dans la roda, mais toujours dans un esprit amical. Il y en a qui la pratiquent pour se battre, mais d’une manière générale ça reste plutôt « taquin ».

L’une des premières chose qui m’a marquée (et même plutôt intimidée, il faut bien le dire !), c’est que pendant chaque jeu dans la roda, tu ne dois pas quitter ton adversaire des yeux pour pouvoir anticiper chaque mouvement. Vous vous regardez droit dans les yeux à TOUT moment (beaucoup d’entre nous ont déjà joué à qui baissera les yeux en premier•e avec un•e inconnu•e dans le métro ; moi je n’ai pas pu baisser le regard avec mon beau professeur sur qui j’avais craqué !). »

Bien plus qu’un sport

Pour faire de la capoeira, il faut aussi chanter, et pas n’importe quels chants, comme Lizie l’explique :

« Si la capoeira est un sport très physique (accessible à tous), le coeur de ce sport se retrouve dans la musique et les chansons chantées par chaque capoeirista autour des deux autres joueurs. Ce sont des chansons chantées en choeur et menées par le « mestre » (maître) de la ronde du jeu, accompagnées de plusieurs instruments, dont le berimbau, instrument-clé de la capoeira. Des chansons qui racontent l’épopée mais surtout l’histoire de cette culture des opprimés, de ce combat pour la rendre légale, du parcours des grands noms de la capoeira, de l’arrivée des femmes au sein de ce sport, du respect, de la vie et d’un style de vie. Des chansons qui te prennent par les tripes tellement elles sont forgées d’une histoire forte.

La musique est une partie vitale de ce sport. Alors oui, c’est vrai qu’au début on fait plutôt semblant de chanter, déjà parce que c’est en portugais et aussi parce que qui peu de gens n’ont pas honte de chanter devant des inconnus ! Mais ça nous apprend autre chose du coup ; le dépassement de soi. Et on oublie surtout le regard des autres. On apprend une langue, on apprend une culture, une histoire, et surtout on ressent cette histoire à travers son jeu. »

capoeira1

Moi avec le berimbau.

C’est beau, mais ce n’est franchement évident de tout faire en même temps. Poildecarrot fait comme elle peut :

« Je trouve que la capoeira est vraiment un sport magnifique à regarder. Pour les cours, on travaille généralement les mouvements tous ensemble avec le professeur puis par groupes de deux, toujours avec de la musique car c’est elle qui rythme la cadence (souvent sur CD pendant les entraînements).

Lors des rencontres, on forme une roda (une ronde) avec la bateria (les musiciens, qui peuvent jouer assis ou debout) et tout le monde doit chanter EN PORTUGAIS et taper des mains EN MÊME TEMPS. Alors oui, c’est beau, mais ce n’est franchement pas évident… Du coup je chante souvent du yaourt! »

La discipline a par ailleurs ses propres traditions, comme Lizie a pu l’observer :

« Il y a plein d’autre choses à apprendre de la capoeira ; ton niveau est par exemple reconnu par une corde (comme une ceinture) de couleur que tu reçois pendant un batizado (baptême), et ils ont cette tradition marrante de te donner un surnom selon ton style, ta coupe de cheveux, ou ta personnalité. J’ai hâte d’avoir le mien ! »

Poildecarrot a quant à elle été surnommée Coral, d’après la couleur de ses cheveux.

Une intensité variable

Tout comme c’est une pratique qui demande un travail dans plusieurs domaines, le rythme de travail est variable. Lizie est assidue :

« Les cours durent 1h30 et je m’y rends deux fois par semaine. Je m’entraîne aussi à la maison, car pour vraiment progresser, les trois heures de cours par semaine ne sont pas grand-chose. Par contre, les bases sont très importantes ; les acrobaties, c’est plus pour le « show ». Un bon capoeirista te jugera d’abord sur tes bases plutôt que sur tes sauts périlleux. Et puis les chansons en portugais et l’apprentissage des instruments ne se font pas non plus tout seuls !

La capoeira ce n’est pas seulement le show « physique » dans la roda, c’est un ensemble. C’est la combinaison de ta technique, de la musique, de ta connaissance de son histoire qui fait de toi un bon capoeirista et qui donne une âme à ton jeu. »

L’apprentissage n’a donc pas de fin :

« Pour moi, l’une des forces de la capoeira, c’est qu’il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre, même après des dizaines d’années de pratique. Il y a sans cesse de nouvelles chansons, de nouveaux instruments à maitriser, de nouvelles techniques, de nouveaux enchaînements, de nouvelles acrobaties. Je suis régulièrement bluffée par quelque chose de nouveau. Bon, vous me direz, cela ne fait qu’un an et demi que je pratique. Mais c’est ce que j’ai pu observer. »

Une ouverture sur le monde

Les bénéfices de la caporeira sont nombreux, et ils doivent beaucoup à l’ouverture d’esprit de la discipline. Lizie en apprécie toutes les dimensions :

« Il n’y a pas du tout de sexisme dans ce sport, énormément de femmes le pratiquent ; il y a même des femmes mestre (le plus haut niveau que l’on peut atteindre). Il n’y a vraiment aucune différence entre hommes et femmes. On se retrouve tous au même niveau, le respect est le même.

Par ailleurs, être un capoeirista c’est faire partir d’une communauté, c’est savoir qu’en allant d’un pays à un autre, tu parleras le même langage qu’un capoeirista italien, israélien, allemand ou chinois. La magie de la capoeira efface toutes les frontières et tous les langages. J’aime ce sport car il m’a apporté de la confiance en moi, de l’assurance, mais aussi de l’agilité, une ouverture sur les autres. La capoeira m’a accompagnée dans des moments difficiles et m’a aussi sortie de mon trou. Et puis elle m’a aussi apporté… un nouveau copain par la même occasion (Mon beau prof ! Ça, c’était du bonus). »

Poildecarrot en apprécie également la mentalité et l’ambiance :

« Ce qui me plaît tout particulièrement dans la capoeira, c’est qu’on parle de jeu, et non pas de combat. Bien sûr, on apprend des coups de pieds retournés, des projections qui peuvent être dangereuses, mais les cours et les festivals se font toujours dans une ambiance détendue et amicale.

On ne se limite pas à la pratique sportive, on s’intéresse aussi à la culture brésilienne, on apprend des chants magnifiques, on apprend à jouer des instruments, on apprend des danses comme le makulele ou le forro (ça c’est pour pécho), on voyage dans nos têtes mais aussi dans la vie, pour aller aux festivals organisés dans les autres villes, et parfois même dans les autres pays. Et on fait beaucoup la fête aussi ! La capoeira réunit des gens d’horizons très différents autour d’une même passion. »

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Les Commentaires

5
Avatar de WhimsyNanou
21 janvier 2015 à 17h01
WhimsyNanou
Je trouve qu'une roda Madmoizelle est une super bonne idée! En tout cas si possible j'en serai Je n'ai jamais fait de roda uniquement féminine mais ça peut être sympa !

Mon groupe organise un événement féminin au mois d'avril, je te tiendrai informée si tu veux, c'est ouvert à tous :-) Mais mis à part ça, si on un nombre de participants intéressant (7-10), je peux m'occuper de la salle et des instruments

Quant au sexisme, je suis d'accord avec toi aussi...sinon il y aurait beaucoup plus de femmes contramestre et mestre. Certains disent qu'elles s'arrêtent pour fonder une famille... je n'en suis pas si sûre, il y a probablement une part de lassitude face aux obstacles qu'elles rencontrent
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