Aux États-Unis, des milliers de filles sont légalement mariées chaque année

Aux États-Unis, 300 000 filles ont été mariées entre 2000 et 2018. Outre-Atlantique, ces mariages sont facilement célébrés et garantissent aux époux et aux familles complices une impunité totale, au péril d’enfants mineures. Un podcast bouleversant diffusé le 5 mars sur France Inter donne la parole à ces petites filles devenues épouses. Ces témoignages glaçants relatent l’absence totale de cadre juridique et les violences quotidiennes, perpétrées en toute légalité.

Si aucune loi aux États-Unis n’encourage les adultes à épouser des enfants, l’absence de régulations spécifiques ouvre la porte à de graves dérives : 43 des 50 États du pays autorisent les mineures à se marier sous condition de fournir un accord parental. Légalement, un mineur peut se marier dès 16 ans avec une autorisation parentale et même dessous avec une autorisation du juge. Dans neuf États, cette autorisation se donne sans limites d’âge et une petite fille peut être unie à un adulte pour peu que la justice l’autorise. Et les autorités donnent souvent ces certificats sans poser de question. Aux États-Unis, les lobbies qui défendent les libertés individuelles sont puissants et ne font aucune moindre concession, même s’il faut pour cela sacrifier la vie de filles.

Condamner des filles au profit de leurs agresseurs

En fait, aux États-Unis, le cadre légal qu’offre le mariage permet de décriminaliser des actes sexuels impliquant des enfants, comme le rapporte l’université McGill à Montréal. Si la loi interdit les relations sexuelles entre des personnes qui n’auraient pas atteint la majorité sexuelle et des adultes, elle ne s’applique pas dans le cadre légal du mariage : un adulte peut donc avoir des relations sexuelles avec une enfant s’il s’agit de son épouse.

L’Unicef estime que 12 millions de mineures sont mariées chaque année dans le monde. Ces mariages ont des répercussions terribles sur les épouses concernées et leurs communautés. Les jeunes filles sont très exposées aux risques de violences domestiques et sexuelles. Par ailleurs, les grossesses précoces compte comme à risque selon Plan international, qui vient en aide aux enfants, estime qu’il s’agit de la première cause de mortalité chez les 15-19 ans. L’ONG rappelle par ailleurs que ces unions s’accompagnent presque toujours de déscolarisation.

Si les pays affirment leur désir de lutter contre ces unions, les lois sont rarement du côté des victimes. Par exemple, en France, l’âge légal du mariage est fixé à 18 ans, mais il est possible d’obtenir une dérogation si les parents l’autorisent et que le procureur de la République estime que ce mariage répond à un motif impérieux.