L’adulescence, un entre-deux un peu gênant
Je ne sais pas pour vous, mais moi on m’a toujours répété que la vingtaine, c’était la plus belle période de la vie. Que c’était l’insouciance, l’innocence tout en commençant à découvrir les trucs cool de la vie, les années de l’espoir et des tendres illusions… Mouais. Moi, ma vingtaine, c’est pas trop comme ça que je la ressens.
On m’a toujours répété que la vingtaine, c’était la plus belle période de la vie
Entre 18 et 25 ans (à peu près, ce ne sont que mes estimations personnelles), on est ce que certain•e•s appellent un•e adulescent•e. C’est-à-dire qu’on n’est plus un•e ado… mais qu’on ne nous considère pas encore comme adulte à part entière. On se retrouve donc coincé•e entre ces deux groupes, et il devient parfois difficile de trouver sa place.
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Une insouciance bien factice
Ce que je trouve le plus énervant, c’est que les adulescent•e•s ne sont pas pris•e•s au sérieux. C’est très vexant d’avoir terminé l’école (c’est-à-dire avoir survécu, pour la plupart d’entre nous, à pas moins de douze années d’apprentissage intensif), d’avoir eu son bac (ou pas — mais d’avoir, pour la plupart, essayé), d’avoir commencé et parfois fini ses études, son apprentissage, ou toute autre activité après laquelle, concrètement, on se met à chercher un boulot… en somme, d’avoir fait tout ça, et de n’être pris•e encore que pour un•e gamin•e ! D’être traité•e comme si on ne connaissait rien à la vie, comme si on avait zéro expérience, comme si on était aussi peu au fait des choses qu’un bébé qui vient de naître.
Une opinion politique ? « Tu es bien crédule, tu verras, tu vas vite t’apercevoir qu’en politique, y sont tous pourris ». Une orientation sexuelle qui n’est pas l’hétérosexualité ? « Tu es trop jeune pour savoir, attends d’avoir expérimenté ». Un avis sur avoir ou pas des enfants ? « Tu verras, tu changeras vite d’avis ». Etc. Oui, c’est fatigant. Non, ce n’est pas justifié.
Ça ne veut pas dire que que nos avis importent moins que d’autres
Bien sûr, à 23 ans, on n’a pas encore la maturité ni l’expérience de quelqu’un qui en a cinquante ou soixante. Mais ça ne veut certainement pas dire que nos expériences déjà vécues ne valent rien, ou que nos avis importent moins que ceux d’adultes consacrés ! Toute personne évolue à son rythme, avec ses propres expériences, parfois très dures, et je n’ai pas peur d’affirmer qu’une personne de 20 ans peut être plus mature qu’une personne de 40 ans.
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La jeunesse a parfois une vie plus facile au niveau matériel qu’il y a vingt ou trentre ans (et encore : pas partout ni dans tous les foyers). Mais la jeunesse d’aujourd’hui expérimente également plus de stress et de responsabilités qu’autrefois. Il est nécessaire de savoir très vite se prendre en main pour s’adapter à ce que le monde exige de nous, et cela n’est pas forcément facile.
Je pense à toutes les sources d’angoisse qui jalonnent la vie d’un•e adulescent•e : le stress des études et/ou du premier emploi, voire de monter sa propre entreprise, le spectre du chômage qui plane constamment au-dessus de nos têtes comme un nuage noir, la question de l’orientation, c’est-à-dire du choix de ce que l’on va faire de sa vie, les relations amoureuses qui prennent souvent une dimension déjà très importante et qui doivent être gérées en même temps que le reste… sans compter que le soutien de la famille n’est pas toujours au rendez-vous, pour des milliers de raisons différentes.
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Je ne qualifierais donc certainement pas la vie de la jeunesse d’aujourd’hui d’« insouciante ». Je la dirais plutôt agitée, incertaine, menacée… Bien sûr, il y a des milliers de trucs géniaux comme le prix accessible du chocolat, les réseaux sociaux, et la coupe menstruelle connectée. Mais ça ne suffit pas à assurer une jeunesse délivrée de toute inquiétude, loin de là !
La nécessité de se faire prendre au sérieux
C’est aussi à vous, adultes, de nous entendre
Ceci est donc un petit coup de gueule, pour demander à ce que les adulescent•e•s soient respecté•e•s, pris•e•s au sérieux, et qu’on nous aide à mûrir et à nous épanouir au lieu de nous dénigrer !
Nous ne sommes plus des enfants. Notre avis importe, nos actions ont du sens et un impact : c’est nous le futur de cette planète et de la société humaine, je vous rappelle ! Si vous ne nous faites pas confiance pour nous prendre en main, comment pourrons-nous jamais avoir confiance en nous et les uns en les autres ? Comment pourrons-nous construire une société solide, basée sur le respect et l’écoute, sur la prise en compte de l’avis de chacun•e ?
C’est à nous de nous affirmer. Mais c’est aussi à vous, adultes, de nous entendre. Respectez-nous et traitez-nous en égaux et égales.
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Les Commentaires
Le problème est que dès que tu ne rentres pas dans le moule de l'adulte type, tu es marginale, et il faut sans cesse se justifier. Si biologiquement, physiquement, je suis adulte, je ne me sens pas adulte, mais pas adolescente non plus, c'est un entre-deux qui n'a pas vraiment de nom (je n'aime pas non plus le terme "adulescent" ni de considération et c'est agaçant de ne pas être prise au sérieux juste parce que je ne suis pas dans la norme des "Adultes" qui m'entourent.