Tous les ans, l’approche du 8 mars m’amène une vague de lassitude, mêlée de désespoir.
Encore un an. Encore une fois, encore un 8 mars à se rappeler que les femmes restent encore et toujours victimes de violences multiples, variées, et ce dans des proportions vertigineuses.
Encore un an où l’on me rappellera qu’en France, une femme meurt toujours tous les trois jours sous les coups de son compagnon.
Le 8 mars et son bilan toujours dramatique
Ces chiffres donnent le vertige. Plus d’une femme sur dix est toujours victime de viol. Une femme est violée toutes les 9 minutes.
Victime. Victime. Victime. J’en peux plus des 8 mars qui me rappellent que mon genre de naissance me condamne avec sursis à endurer ces violences poétiquement nommées « violences faites aux femmes ».
Depuis que la Secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, s’applique à les éradiquer, ces violences s’appellent désormais « violences sexuelles et sexistes ».
Parce qu’elles ne sont pas faites qu’aux femmes, mais qu’elles sont bel et bien perpétrées en lien avec le genre des victimes ou des agresseurs.
Le 8 mars me rappelle à ma condition de femme
Je déteste le 8 mars, parce que cette journée me rappelle à ma condition de femme, au sein d’une société où naître femme n’est toujours pas naître égale.
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Je déteste le 8 mars, sauf cette année, parce que depuis le dernier 8 mars, la terre a tremblé.
On donne souvent des noms de femmes aux tornades et autres tempêtes dévastatrices. Délicieuse ironie, car l’ouragan qui a retourné l’actualité, défait des carrières et détruit des réputations porte le nom d’un homme : Harvey.
Et c’est l’affaire Weinstein qui donne à ce 8 mars une autre saveur que les années précédentes.
Le premier 8 mars post-affaire Weinstein
Souvenez-vous : le 8 mars 2017, c’était le premier 8 mars de Donald Trump à la tête des États-Unis. C’était un sursaut pour la rébellion que forment les féministes de tous pays, c’était un douloureux rappel que nos libertés sont fragiles.
Le terrible avertissement de Simone de Beauvoir résonnait dans mes tripes, avec une gravité paralysante :
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question.
Ces droits ne seront jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes toute votre vie durant. »
Toute notre vie durant. Lutter perpétuellement pour ne pas perdre nos droits chèrement acquis, voilà l’horizon que j’avais, il y a à peine un an.
8 mars 2018 : le vent a tourné, et la vague qui m’emporte ce matin n’est plus une mélancolie qui m’engloutit et me noie, c’est un espoir qui me soulève et me pousse vers l’avant.
Car ce 8 mars 2018 est l’occasion de regarder derrière nous, et d’apprécier le chemin parcouru depuis l’année dernière.
Le 8 mars 2018 : un grand pas en avant
Certes, les chiffres sont toujours glaçants, toujours insupportables, toujours intolérables.
Mais la chute d’Harvey Weinstein a entraîné celle de tous ces agissements qu’on acceptait jadis, qu’on subissait hier, qu’on tolérait encore tant qu’on n’en parlait pas, et qui ne passent absolument plus du tout maintenant que tout le monde en est témoin.
Depuis le mois d’octobre 2017, le féminisme, ses combats et ses militantes sont à la une de l’actualité. Les femmes qui parlent sont enfin écoutées. Les sujets qu’elles amènent, qui les concernent, qui les préoccupent sont enfin considérés.
Je ne suis pas dupe, et je sais bien que le monde n’a pas changé en cinq mois, mais les lignes ont bougé, c’est manifeste.
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Pourquoi le 8 mars me déprimait
Si le 8 mars me déprime d’ordinaire, ce n’est pas parce que je suis à plaindre, c’est surtout parce que j’ai l’impression qu’on ne progresse pas, et que tout le monde s’en fout.
J’ai la sensation qu’on s’arrête pour une minute de silence sur la pierre commémorative des victimes du Patriarcat, on y dépose une gerbe, on récite un poème, puis on va boire l’apéro dans la salle des fêtes, et on se donne rendez-vous l’année prochaine, à la même date.
Demain, ce ne sera déjà plus la journée internationale des droits des femmes, on ne sera déjà plus obligé de leur faire une place sur les plateaux de télé, de radio, à la une des journaux, aux comités de direction des entreprises et des associations.
Cette année, c’est différent. Les femmes n’ont pas rendu les micros qui leur ont été tendus lors de l’affaire Weinstein. Elles continuent.
Et elles sont mes héroïnes, toutes autant qu’elles sont, celles qui parlent, celles qui osent, celles qui persévèrent, celles qui se battent, celles qui essaient, celles qui échouent et celles qui recommencent, celles qui montrent l’exemple et toutes celles qui le suivent.
Le 8 mars n’est pas et n’a jamais été la fête des gonzesses, mais bordel, cette année, le 8 mars peut vraiment être aussi la fête de toutes ces héroïnes qui font bouger les lignes, la fête de toutes celles et ceux qui nous aident à construire le monde de demain sur les ruines de l’ancien.
D’ordinaire le 8 mars me déprime, mais cette année, je suis avant tout fière du chemin parcouru, et gonflée à bloc pour affronter les défis qui se dressent encore devant nous.
Rendez-vous l’année prochaine, et je ne nous souhaite qu’une chose : qu’un jour, le 8 mars ne soit plus qu’une commémoration de ces temps révolus où la moitié de l’humanité souffrait encore de diverses oppressions en raison de son genre.
Quelle notion saugrenue…
#MaintenantOnAgit #TimesUp #MeToo #WeToo
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Les Commentaires
sinon ca me degoute schiappa qui dit se battre pour nos droit mais ferme les yeux quand des plaintes sont ouverte sur des mec des son camps et qu'en plus elle travaille avec el khomri. je l'ai pas entendue crier sur la loi travail moi schiappa.