Le dernier rapport du GIEC publié ce lundi 4 avril rappelle l’urgence d’agir collectivement pour conserver un monde vivable. Urgent comment ? Urgent comme avant 3 ans.
António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, a déclaré : « Les militants écologistes ont parfois été décrits comme de dangereux extrémistes, mais les vrais dangereux extrémistes sont les pays qui ont continué à augmenter leur production d’énergie fossile » — propos inédits qui vont à l’encontre de la répression policière mise en place par l’État envers les activistes pour le climat.
Face à la catastrophe climatique, à l’effondrement de la biodiversité, aux injustices sociales et aux rapports scientifiques qui peuvent parfois sembler déconnectés de la réalité de nos vies et alors que les gouvernants ont prouvé leur inaction, leur manque de volonté et leur incapacité à prendre les mesures nécessaires, il n’est pas toujours facile de trouver des pistes d’actions efficaces et pertinentes.
Pourtant, comme je l’indiquais dans mon article précédent consacré à l’impasse de se focaliser sur l’écologie individuelle :
« De multiples actions sont possibles en fonction de sa situation matérielle personnelle et de sa sensibilité individuelle, et une multitude de chemins sont envisageables dans l’écologie collective, à échelle plus ou moins locale : lutte contre les projets destructeurs et les industries polluantes, pour la végétalisation de son alimentation/contre l’exploitation animale, pour une agriculture respectueuse des sols, pour un logement digne pour tous et toutes, contre le racisme, pour les droits de toutes les personnes minorisées qui sont les premières victimes du dérèglement climatique, etc. »
L’action politique ne se résume évidemment pas à glisser un bulletin de vote dans les urnes tous les cinq ans : elle est possible — et souhaitable — au quotidien, elle permet de retrouver sa capacité d’agir et de sortir de la résignation.
C’est le printemps, et si on profitait de ce symbole de renouveau pour agir ensemble, par la base, avec des valeurs communes et essayer de défendre, de protéger ce qui peut l’être, et de construire des alternatives ?
Rejoindre des collectifs ou organisations pour s’émanciper, soutenir les collectifs ou organisations locales, créer sa propre organisation collective à échelle locale, s’organiser entre amis, amies et imaginer ses propres actions…
Une tonne d’options sont possibles ; elles permettent de se réapproprier les luttes sociales et environnementales, et de s’émanciper, alors profitons-en !
Voici 5 pistes à portée de main qui peuvent vous permettre de transformer votre colère ou votre sentiment d’impuissance en action.
1. Participer aux mobilisations ou actions collectives écolo
On croit souvent que participer à des manifestations ou les mobilisations dites de « désobéissance civile » est l’action militante suprême.
Pourtant, même si les manifestations pour les luttes environnementales et sociales sont évidemment essentielles et doivent être soutenues, la répression fréquente des manifestations, le manque de capacités physiques ou psychologiques, la volonté de participer avec des enfants, etc., peuvent nous faire peur ou nous empêcher d’aller manifester…
Heureusement, d’autres types d’événements militants existent ! Ils ont lieu régulièrement et vous pouvez également participer à les organiser. Repas solidaires, concerts, maraudes, festivals militants… différents formats permettent de soutenir les luttes sans forcément prendre des risques.
2. Mettre ses compétences et/ou ses envies à disposition des collectifs
Nous savons tous et toutes faire des choses utiles aux luttes, ou nous pouvons apprendre toute notre vie à les réaliser ensemble — qu’il s’agisse d’écrire des textes, de réaliser des affiches, d’aller les coller, de donner de la visibilité aux combats sur les réseaux sociaux, de participer à des collectes de dons, de soutenir des militants et militantes, d’aider à l’organisation de mobilisations, de donner son avis à des réunions pour faire entendre sa voix…
Mettre à profit ses compétences et/ou ses envies quelques heures (ou quelques minutes) par mois auprès de collectifs locaux est un excellent moyen d’aider. Plus nous sommes nombreux et nombreuses à le faire, plus nous pouvons instituer un rapport de force politique autour de chez nous pour mieux lutter à échelle globale !
Piste d’action concrète, rien que pour vous : se renseigner quels sont les collectifs militants autour de chez vous ou les causes qui vous parlent et qui ont surement besoin d’un coup de main… Reporterre recense par exemple les luttes contre les projets destructeurs sur une carte accessible.
Comment trouver d’autres collectifs ? Se renseigner auprès des collectifs féministes comme les collages contre les féminicides peut être une bonne porte d’entrée par exemple ! Ces activistes animent souvent des pages Facebook ou comptes Instagram, et ont généralement une bonne connaissance des collectifs féministes locaux et des collectifs sur d’autres thématiques.
3. Soutenir financièrement des collectifs et organisations locales (si on le peut)
De nombreux collectifs militants (féministes, écologistes, anti-racistes, anti-validisme, en lutte contre la précarité, animalistes, etc.) locaux ont des besoins financiers pour poursuivre leurs actions — imprimer des affiches et des tracts, financer des moyens de défense juridique…
Malheureusement, ils sont parfois oubliés au profit de plus grandes organisations.
Alors si vous avez quelques euros en trop, n’hésitez pas à soutenir les collectifs qui vous tiennent à coeur ou à organiser des collectes de fonds auprès de vos proches ! (Avantage supplémentaire : ces euros ne serviront plus à financer les énergies fossiles sur votre compte en banque, chouette.)
4. S’organiser entre amis et amies pour mener des actions écolo
Vous partagez un sentiment d’inaction, des opinions politiques communes et une envie d’agir avec des amis, amies, ou des proches ?
Pourquoi ne pas réfléchir ensemble à des actions autour de chez vous ? À plusieurs, on a plus d’idées et de moyens de les mettre en œuvre !
Si nous sommes souvent capables de d’organiser des évènements intimes, nous pouvons aussi mettre en commun notre temps et nos énergies pour réfléchir ensemble à des moyens d’actions en fonction de nos capacités. S’organiser et agir entre potes, voilà une idée cool et qui permet de joindre l’utile à l’agréable !
Quelques actions écolo concrètes
Quelques idées d’actions concrètes pour ne pas transformer des brainstorming écolo en apéro anxiogènes ?
- Organiser des collectes de fonds pour des collectifs locaux en proposant des boissons ou des gâteaux à prix libre
- Écrire des tracts pour sensibiliser à des thématiques écologistes et sociales et aller les distribuer
- Militer contre la publicité et la surconsommation
- Réaliser des affiches de sensibilisation et aller les coller autour de chez vous
- Aller faire du wwoofing dans des fermes en agro-écologie et transmettre ce que vous avez appris autour de vous
- Repérer des bâtiments inoccupés autour de chez vous, informer des collectifs en aide contre la précarité ou participer à réquisitionner ces bâtiments pour loger des personnes mal-logées ou sans-logement
- Faire des écoutes collectives de podcast comme celui de Désobéissance Écolo et faire un débrief
- Inviter des activistes à parler de leurs convictions et de leurs actions
5. S’éduquer ensemble
Agriculture, énergie(s), alimentation, artificialisation des sols, question de genre(s), rapport aux médias, démocratie… Bien des sujets nous paraissent complexes ou hors de notre portée. Il faut bien avouer qu’il est souvent difficile de s’y retrouver entre les différents discours politiques et médiatiques !
Mettre en commun ses réflexions et ses supports de compréhension, organiser des lectures et restitutions collectives via des techniques d’éducation populaire peut être un moyen convivial de développer son esprit critique, de sortir des dogmes et de s’émanciper à échelle individuelle et collective !
Le site infokiosques.net regorge par exemple de brochures passionnantes à imprimer, lire collectivement, partager ou à laisser trainer style de rien dans ses toilettes pour les visiteurs et visiteuses curieuses.
Vous avez d’autres idées d’actions concrètes et accessibles à proposer ? N’hésitez pas à les partager en commentaires, nous ferons de notre mieux pour les recenser dans un prochain article !
À lire aussi : L’écologie à l’épreuve du patriarcat : la planète aussi a besoin du féminisme
Crédit de une : Mat Napo / Unsplash
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Pensez à aller voter dimanche : on a pu que 3 ans pour agir !!!