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Je suis franco-marocaine, et je ne veux pas choisir

Franco-marocaine, Mymy est le fruit d’un drôle de mélange, entre les clochers alsaciens et les mosquées de Marrakech. Cette double identité fait partie d’elle, même si ça ne se voit pas forcément.

Le 29 décembre 2016

— T’es d’où, toi ? T’as l’air un peu méditerranéenne… espagnole peut-être ? Grecque ? Italienne ?

Les gènes de mes parents ont bien bossé pour se mélanger : personne ne devine jamais mes origines.

Ma peau pas tout à fait pâle et mon nez, disons, de caractère lancent les curieux sur une piste pas 100% franco-française, mais je suis la moins typée de ma fratrie.

Je suis franco-marocaine

Ma mère marocaine a rencontré mon père alsacien dans le Sud-Est de la France (pas tout à fait à mi-chemin mais pas loin) et ils ne se sont plus quittés.

De cette belle union sont nés trois lardons : mes deux sœurs et moi.

De ma mère, elles ont pris une peau un peu plus mate, de belles boucles brunes ; moi j’ai hérité du châtain alsacien, et d’un tarin qui fait la fierté familiale.

À lire aussi : J’ai testé pour vous… avoir un père marocain

Et même si je n’ai jamais vécu au Maroc, et passé seulement les premières années de ma vie près de Colmar, ces deux origines font partie de moi, irrémédiablement.

Franco-marocaine : Haut-Rhin d’hiver, Casablanca d’été

Les souvenirs liés à mes deux patries sont très différents.

Déjà, ce sont des souvenirs de longues vacances en famille ; je me rappelle de mon incrédulité quand des potes de primaire allaient déjeuner chez leur grand-mère.

Moi, mes grands-mères, elles étaient à des centaines de kilomètres de chez moi, et pas dans la même direction en plus !

mamies-mymy

Noël, c’était l’Alsace : la famille étendue réunie autour du sapin, le repas de fêtes avec une pièce de gibier ou un plat traditionnel, les petits bretzels de l’apéro, la montagne de cadeaux.

Parfois il neigeait, ça sentait la soupe et le pain de campagne, et on finissait par s’écrouler, repu•es, sous des édredons de plumes.

À lire aussi : Les marchés de Noël en Alsace, de Strasbourg à Kaysersberg

En été, le rituel était immuable : 36h de route dans une voiture pleine à craquer pour rallier Casablanca avec tous et toutes les autres immigrées qui revenaient au pays pour quelques semaines.

Une fois reposées et décrassées, on passait un mois au bled, à rendre visite à tout le monde, à jouer sur la plage, à manger du maïs grillé face à l’océan, à se pomponner au hammam.

Pas exactement ça mais pas loin.

Je n’ai jamais vu Marrakech en hiver, et rarement vu Mulhouse en été.

À chaque origine sa période de l’année, c’était le plus pratique et ça faisait un rituel réconfortant qui me permettait de savourer tout autant le thé à la menthe que le jus de pomme artisanal rangé au sec dans la cave de mon grand-père.

À lire aussi : Mon grand-père est mort (et c’est vachement triste)

Franco-marocaine : « Mais tu te sens plus française ou marocaine ? »

Dans mon collège, il y avait plein d’élèves de plein d’origines. Des Marocains, des Tunisiennes, des Sénégalais, des Espagnoles…

Ou plutôt des « descendants et descendantes de », puisque la grande majorité étaient, comme moi, les enfants d’un ou de deux immigrés.

Tout ce beau monde discutait de ses origines, de sa sensibilité, de ses fiertés, avec les mots maladroits d’ados qui se cherchent.

Et moi, au milieu de tout ça, je me sens principalement française (c’est ma nationalité, c’est ici que j’ai vécu toute ma vie)… Mais clairement pas française « de souche », pas à 100%.

Le tajine fait autant partie de mes amours culinaires que la blanquette de veau, et je me sens autant chez moi à Casablanca qu’à Mulhouse.

Je partage avec bien d’autres enfants d’immigrés des habitudes, des souvenirs, des rituels que ne connaissaient pas mes copains allant déjeuner chez leur grand-mère.

Et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai adoré L’Arabe du Futur ♥

Franco-marocaine : mon identité ancrée… et fluctuante

Mon identité, la façon dont je me perçois, ce n’est pas d’être française, ni d’être marocaine. C’est d’être franco-marocaine.

Plutôt que de choisir mon camp, je savoure ce mélange, les opportunités et l’ouverture d’esprit qu’il m’apporte, la diversité des expériences qu’il m’offre.

Il y a des choses que je regrette, comme le fait que je ne parle pas arabe ou que je n’ai pas vécu longtemps en Alsace.

Mais ce n’est rien face au bonheur d’avoir deux patries, deux pays et deux cultures à découvrir et enrichir, deux langues dans mes oreilles en vacances, deux familles riches dans leurs différences comme dans l’amour qui les rassemble.

À lire aussi : « Samarcande », d’Amin Maalouf, un roman qui fait voyager dans le monde… et dans le temps

J’ai fini par encrer ces réflexions dans ma peau, en passant sous le dermographe pour mon premier tatouage.

Le motif, qui a mûri tranquillement dans mon cerveau avant de finir sur mon bras, réunit mes deux racines.

Une maison alsacienne posée dans le désert marocain, surmontée d’une cigogne, oiseau symbolique qui passe la moitié de sa vie en Alsace et l’autre en Afrique du Nord, posant son nid au sommet des minarets et des clochers.

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Franco-marocaine : être arabe… incognito

J’ai donc les gènes de mon père, et avec mes cheveux colorés (en vert puis rose puis bleu), personne ne soupçonne que je suis arabe.

Je ne souffre pas de racisme et c’est plutôt cool parce que le sexisme me casse déjà bien les ovaires. J’ai des origines… invisibles.

Parfois, cette invisibilité me blesse un peu.

Quand je suis avec des personnes d’origine maghrébine qui se sentent obligés de m’expliquer leurs références. Quand des gens regrettent qu’il n’y ait « que des blanches » chez madmoiZelle.

Quand zozo au bar se sent assez à l’aise pour me faire part d’une réflexion raciste sans se douter que ma Marocaine de mère vaut mille fois sa petite personne méprisable…

Parfois, ça me fait du bien de côtoyer d’autres descendantes d’immigrés maghrébins et de parler de nos expériences en commun, de plaisanter sur toutes ces petites choses qui font partie de notre vie.

C’est un peu comme rencontrer une Française alors qu’on passe du temps à l’étranger : d’un coup, on se sent un peu chez soi !

Au final, je suis vraiment heureuse de ces deux origines. Je trouve que le métissage est un vrai plus, une richesse intellectuelle et humaine que je n’échangerais pour rien au monde.

Et jamais je n’utiliserai le deuxième prénom, à consonance « franco-française », que mes parents nous ont donné à toutes les trois « au cas où » avoir un nom un peu typé nous pose souci… même si je l’aime beaucoup.

Je suis moitié arabe, moitié alsacienne. Et je n’y vois que du positif !


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Les Commentaires

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Avatar de MesangeBleue
22 juillet 2019 à 04h07
MesangeBleue
@haricotbleu je me reconnais dans ce que tu dis. Je n'ai pas grandi entourée de personnes métissé.es mais ayant eut une vie sociale essentiellement sur le net pendant l'adolescence et m'étant toujours intéressé à des sujets comme l'Islam, le militantisme écolo ou féministe, j'ai ressenti aussi cet embarras, quand on me demande mes origines j'ai toujours un peu honte d'être "juste" française, et la crainte d'être prise pour une raciste si je dis que je suis "de souche" (pourtant je crois qu'on peut guère faire plus ancré territorialement que ma famille de fermiers pauvres où les migrations les plus lointaines faisaient 25km en gros! Mais passaient des frontières... de département quand même! :egyptian, je ne peux meme pas dire que je suis bretonne ou alsacienne ou chti! La loose! Lol! Maintenant j'ai reussi à être fiere de mon identité quand même. Tu t'es trouvé une identité de banlieusarde, moi une identité de rurale!
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