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« Faut-il apprendre à coder aux enfants ? », une conférence pertinente sur une problématique d’actualité

À l’occasion de la sortie de Scratch pour les Kids, un manuel d’initiation informatique, les éditions Eyrolles et Mozilla ont organisé une conférence autour d’un thème d’actualité : faut-il apprendre à coder aux enfants ?

Publié initialement le 18 juin 2015

Mardi 9 juin dernier, on parlait de programmation pour les enfants dans les locaux parisiens de Mozilla. L’entreprise organisait, avec les éditions Eyrolles, une table-ronde dont le sujet rejoignait la sortie imminente d’un nouveau manuel d’initiation au langage informatique pour les enfants, Scratch pour les Kids : faut-il apprendre à coder aux enfants ?

À lire aussi : Apprendre à coder : oui mais comment ?

Lysanthius, stagiaire développeuse chez madmoiZelle, et moi-même, modeste journaliste culture et société chez ce même petit blog sympathique, étions invitées. Juste ça, c’était la classe — rapport que les locaux de Mozilla, c’est pas le boudoir de mémé. Mais la question, de plus en plus pertinente à l’heure actuelle, nous intéressait aussi (faut pas croire).

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À l’heure où le numérique fait partie intégrante de notre société, que les métiers du Web s’installent confortablement sur le marché du travail, et, globalement, que 99% de la population possède au moins un ordinateur… On peut en effet se demander si initier les enfants à l’informatique et la programmation dès l’école ne serait pas, disons, judicieux. Mais ce n’est peut-être pas si simple.

Pourquoi apprendre à coder ?

La conférence était animée par Alexandre Habian, ex-journaliste high tech et responsable d’édition au secteur informatique et des projets numériques aux éditions Eyrolles, et réunissait cinq spécialistes d’un domaine spécifique :

  • Cécile Quach, conservatrice des bibliothèques et chargée de l’innovation pour les bibliothèques de la Ville de Paris, qui fait la médiation entre des initiatives promouvant l’enseignement de l’informatique et des collèges
  • Gilles Dowek, chercheur à l’Inria et co-auteur du livre Informatique et sciences du numérique publié aux éditions Eyrolles
  • Fabrice Mattatia, expert en confiance numérique et ancien conseiller de la secrétaire d’État au numérique
  • Claude Terosier, fondatrice de Magic Makers, une association proposant des ateliers d’initiation au code pour les plus petits
  • Julie Kuhn, enseignante et fondatrice de super-julie.fr, un site de recommandations d’applications pour enfants à l’usage des parents, enseignants, etc.
  • Frédéric Pain, enseignant-chercheur en physique à l’université Paris Sud, Orsay, et accessoirement l’auteur du cahier d’activités Scratch pour les kids.
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Ils avaient tous, de près ou de loin, un lien avec Scratch pour les kids, dont la sortie en librairie était prévue pour le 18 juin 2015. Ce petit livre, suite d’une série d’initiation informatique, s’appuie sur le logiciel libre et gratuit Scratch pour faire découvrir aux enfants la logique de la programmation de façon ludique.

À lire aussi : CodeCombat : apprendre le JavaScript en s’amusant, c’est possible ?

Clairement, l’idée d’enseigner à coder aux enfants, ou au moins de leur offrir une initiation en informatique avancée (c’est-à-dire un peu plus poussée que des TD « faire une recherche Google ») n’a rien de nouveau. D’ailleurs la discussion démarre avec une référence au « plan informatique pour tous » présenté par Laurent Fabius en 1985. J’étais même pas née, pour vous situer (et pourtant je suis un vieux morceau de la génération Y) !

Si le plan n’a pas tenu pour diverses raisons, telles que le manque de formation des enseignants, il a néanmoins facilité l’accès à l’informatique à une plus grande partie de la population, et peut-être déblayé un peu le terrain avant l’arrivée en trombe de l’ère du numérique dans laquelle nous baignons. C’était l’époque où mon grand frère codait en BASIC, et où Logo, l’ancêtre de Scratch, était encore dans la place. Nostalgie.

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Le bon vieux temps (non)

Aujourd’hui, les ateliers proposant aux novices d’apprendre à coder se multiplient, qu’ils soient ouverts à tous, qu’ils essaient d’encourager des jeunes femmes à se lancer dans un domaine encore trop fermé et masculin… ou qu’ils cherchent à sensibiliser les plus jeunes à la programmation et au numérique. Parmi ceux-ci, les ateliers de l’association Magic Makers, fondée par Claude Terosier, ancienne directrice de projets informatiques dans les Telecom. Pour elle, l’enjeu n’est pas tant de multiplier les petits programmeurs en herbe, que de dépasser la méfiance générale vis à vis de ce domaine méconnu du grand public.

« Programmer », dit-elle, « ça fait peur ».

À lire aussi : Rencontre avec Ludwine, développeuse

Et pourtant, la société actuelle baigne dans le domaine du numérique, et il serait dommage d’y nager en eaux troubles, tels des petits poissons passifs ! Comme le fait remarquer Cécile Quach, « il ne faut pas avoir un rapport naïf vis-à-vis de la technologie ». Au-delà de la compétence, il s’agit simplement d’avoir un minimum de connaissances sur les outils dont on dispose, et ne pas demeurer de simples utilisateurs.

Surtout avec l’émergence des « métiers du futur », ces métiers du numérique qui s’installent, et pour lesquels, dans un futur proche, il faudra peut-être savoir coder un minimum.

Pourquoi apprendre enfant ?

Mais alors, pourquoi est-ce réellement nécessaire d’en parler aux enfants dès l’école primaire ? Pour Claude Terosier, c’est simple : parce qu’on apprend plus facilement. On n’a pas le même rapport aux machines une fois adulte lorsqu’on a été habitué à les utiliser enfant. Ceci dit, aujourd’hui des enfants de 3 ans jouent déjà sur des tablettes comme si c’était la chose la plus naturelle du monde… Alors pourquoi pas, quelques années plus tard, leur apprendre un peu comment fonctionnent les objets du numérique qui nous entourent au quotidien ?

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Cela permettrait, comme l’avance Frédéric Pain, l’auteur du livre, de « dépasser le rapport passif de l’enfant devant son écran ». Une certaine maîtrise de ce qui fait désormais notre quotidien peut s’avérer indispensable, et c’est pourquoi pour Julie Kuhn les enfants ont besoin d’être initiés au code, et surtout d’avoir la possibilité d’aller plus loin.

À lire aussi : Django Girls, un atelier gratuit pour apprendre à coder

Après tout, la plupart des enfants se montrent demandeurs et attirés par les technologies, alors pourquoi ne pas leur en donner les clés ? Car apprendre à coder, c’est comprendre comment fonctionnent les machines et les applications les plus basiques avec lesquelles ils s’amusent. Et sur le long terme, c’est éventuellement parvenir à être plus créatif vis-à-vis de la technologie. Quelque chose qui ferait du bien à notre période de transition actuelle, où le numérique est amplement utilisé sans être exploité au plus haut de ses possibilités !

Or le meilleur moyen d’adresser ce message à tous en France aujourd’hui, c’est de passer par l’école.

L’informatique dès l’école, mais comment ?

Après, c’est plus facile à dire qu’à faire. Certaines médiathèques et centres culturels proposent déjà des activités extra-scolaires d’éveil à la programmation, mais elles sont loin de faire partie du programme scolaire, ou même d’intéresser toutes les écoles. D’ailleurs, est-ce même une solution, d’intégrer une initiation informatique au programme scolaire ? Comment l’enseigner ? Sous quelle forme ? Et surtout, à qui le faire enseigner ?

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Je ne sais pas vous, mais moi au collège, j’ai eu droit à des séances « d’informatique » tenues par mon professeur de maths. Celles-ci se cantonnaient aux bases d’utilisation d’un ordinateur et d’Internet, de la création de dossier à la recherche Google, restaient rares, et surtout n’étaient pas très poussées. Ne serait-ce que parce que mon professeur n’avait pas des compétences très fournies en informatique.

À lire aussi : Ingénieure, un métier riche et diversifié — Témoignage et conseils pour les intéressées

Et en même temps, l’informatique n’a pas forcément à faire partie des compétences d’un professeur de mathématiques. On a tendance à rapprocher la programmation et le développement Web des maths, voire à refiler le bébé à un professeur de techno… mais ces disciplines sont très différentes. Et quid de l’école primaire ? Faut-il former les futur-e-s instituteurs-trices à l’enseignement de l’informatique ?

À l’heure actuelle, je dirais donc qu’il y a beaucoup de bonne volonté, mais pas tant d’idées pour concrétiser le projet. On pourra demander aux professeurs et instituteurs d’élargir leur compétences (ce qui est assez délicat). Ou on pourra faire intervenir des spécialistes dans les écoles (mais il faut les trouver et les payer). Dans tous les cas, il faudra débloquer des fonds… et donc que le gouvernement et une majorité de la population soit convaincue de l’importance d’être initié-e au code dès l’école.

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C’est pas forcément gagné, mais au moins, on y travaille.

Et toi, penses-tu qu’il soit pertinent enseigner le code aux enfants ? Comment faudrait-il s’y prendre selon toi ?


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Les Commentaires

34
Avatar de Pix-elle
14 septembre 2015 à 16h09
Pix-elle
Personnellement, je n'ai rien contre l'apprentissage du codage, ni contre le codage en lui-même. J'ai même été faire un tour sur le logiciel en question qui l'air amusant et qui permet de créer des petites animations en alignant des "lignes de codes" du type "avancer pendant x secondes", "attendre x secondes", "montrer", etc. Franchement, ça peut être chouette de mettre ça entre les mains de son enfant. Ça demande de réfléchir à une situation dans son ensemble, de pouvoir la décortiquer en différentes étapes, d'apprendre à les matérialiser avec les "codes" donnés, etc. Donc à mes yeux, le logiciel n'apprend pas à coder mais à imaginer, analyser, structurer et matérialiser une situation. C'est pas mal et si mon p'tit garçon avait 8 ans, je lui proposerai sans hésiter ce logiciel pour jouer le week-end ou pendant les vacances.

Mais pour ce qui est de le proposer dans le cadre scolaire... Je ne sais pas, en fait je me pose surtout une question : où va-t-on caser cela dans les horaires de classe ? Je ne pense pas que le temps scolaire va être étendu et donc, il y a nécessaire une matière qui va en souffrir. Or, comme le dit Nandyal, quand on voit les lacunes dans certaines matières, est-il vraiment bon d'en rajouter une nouvelle ? Ne vaut-il pas mieux renforcer les bases, au moins le français et les maths, avant de faire autre chose ? Si le logiciel qui a servi de base au livre est utilisé et que la formation à l'informatique passe par lui, ça peut rentrer dans la formation artistique (en remplacement des cours de flûte, je dis oui sans hésiter !) puisque l'idée est de créer une animation, de la musique, un mini-dessin animé, etc. Mais si ça ne passe pas par lui, alors, en quoi est-ce que cela consistera ? Tant qu'on n'en sait pas plus, difficile de donner un avis !

Après, va de toute façon se poser une question très terre à terre : Comment financer les achats des ordinateurs ? L'école de mon fils a deux ordis pour 20 enfants en primaire... offerts par des parents d'élèves. L'école et la mairie n'ont pas les moyens de financer l'achat d'un parc informatique, aussi petit soit-il. Alors quoi ? Tant pis mon grand, tu n'avais qu'à aller dans une école qui a plus de sous ? Tu n'avais qu'à avoir, pour compenser, des parents pouvant te mettre un PC entre les mains et t'accompagner dans l'apprentissage du codage ?
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