Dans la nuit du 27 au 28 mars se sont tenu les Oscars, au Dolby Theatre de Los Angeles.
Événement cinématographique majeur qui a cette année connu un pic d’audiences, moins pour le cinéma que pour la claque magistrale que Will Smith a collé à Chris Rock pour avoir fait une vanne sur le crâne rasé de sa femme, atteinte d’alopécie.
L’Académie des Oscars a ouvert une enquête, ce qui laisse sous-entendre que des mesures pourraient être prises contre l’acteur, qui a par ailleurs remporté l’Oscar du meilleur acteur.
Will Smith pourrait-il perdre son Oscar ?
Will Smith n’a pas toléré que Chris Rock se moque du crâne rasé de sa femme pendant la cérémonie. Résultat : il s’est levé et lui a collé une beigne devant une assemblée médusée, qui a d’abord cru à un moment de télé scénarisé.
Il s’avère que la colère de l’acteur de 53 ans était bien réelle, tout comme la gifle.
Une heure après avoir frappé Chris Rock, Will Smith est remonté sur scène pour chercher son Oscar du meilleur acteur. Il en a profité pour faire des excuses, le visage en larmes, expliquant que « l’amour vous fait faire des choses folles ».
On en profite pour rappeler que l’amour ne peut pas justifier la violence et que cette dernière doit être condamnée.
Ainsi, et après avoir d’abord déclaré dans un tweet ne pas tolérer les gestes de violence sans toutefois mentionner Will Smith ad hominem, l’Académie des Oscars a condamné le geste de l’acteur dans un communiqué officiel :
L’Académie condamne les actions de M. Smith lors de la cérémonie d’hier soir. Nous avons officiellement ouvert une enquête sur cet incident et nous étudierons les mesures et les conséquences à prendre, conformément à nos statuts, à notre charte et à la loi californienne.
Il est donc possible que l’Oscar de Will Smith lui soit retiré, ou bien que Will Smith soit banni de l’académie des Oscars, même si au regard des sites spécialisés, il est fort probable qu’il soit simplement mis en garde, et qu’il garde son trophée, étant donné l’absence de mention d’une quelconque sanction pour l’instant.
Toutefois, Dawn Hudson, directrice générale de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences, a tenu à exprimer au magazine Variety :
En plus de devoir prétendre à l’excellence dans le domaine du cinéma, les membres de l’Académie [dont fait partie Will Smith ndlr] doivent aussi se comporter de manière éthique en protégeant les valeurs de l’Académie en matière de respect pour la dignité humaine, l’inclusivité, et un environnement favorable à la créativité. Il n’y a pas de place à l’Académie pour les personnes qui abusent de leur statut, de leur pouvoir ou de leur influence de manière à violer les standards de décence. L’Académie est catégorique sur toutes les formes d’abus, de harcèlement, de discrimination sur la base du genre, de l’orientation sexuelle, de l’ethnie, du handicap, de l’âge, de la religion ou de la nationalité.
Un discours pour le moins ironique quand on sait que l’Académie a longtemps fermé les yeux sur le cas Weinstein dont il était de notoriété publique qu’il était un prédateur sexuel, avant que l’affaire n’éclate en 2017, et que l’omerta sur les violences sexuelles et le harcèlement sexuel au travail ne soit levée.
Une justice interne à double vitesse ?
Depuis le mouvement #MeToo, l’Académie a donc dû revoir ses mesures à la hausse, et prendre en compte l’environnement particulièrement toxique et hostile vis à vis des femmes à Hollywood.
Ainsi, elle a notamment exclu les prédateurs Roman Polanski, Bill Cosby et évidemment Harvey Weinstein de l’Académie, sans pour autant avoir retiré à Polanski et à Weinstein, deux détenteurs de statuettes, leurs Oscars.
Il est alors légitime de se demander si la possibilité du retrait de l’Oscar de Will Smith ne serait pas symptomatique d’une justice interne à double vitesse.
En effet, on rappelle que Polanski a toujours ses Oscars, reçus pour Le Pianiste, alors qu’il a été rendu coupable de détournement de mineure (seul chef d’accusation retenu alors que des accusations plus graves de viol pesaient notamment).
Rappelons par ailleurs que le réalisateur du film Naissance d’une nation (sorti en 1915), DW Griffith, a reçu l’Oscar du meilleur film pour un blockbuster raciste et révisionniste sur la guerre de Sécession, prenant le point de vue des sudistes et faisant l’apologie du Ku Klux Klan, et que même après les plaintes du public, jugeant le film raciste au possible, DW Griffith a conservé son oscar.
Ainsi, retirer son Oscar à Will Smith pour un fait bien moindre créerait un précédent pour notable, compte tenu de l’historique de l’Académie, qui n’a jusqu’ici pas trouvé nécessaire de retirer ceux des pédophiles, racistes et autres violeurs de leurs cheminées.
Pour l’heure toutefois, on ne sait pas quelle sera la mesure prise par l’Académie pour punir Will Smith.
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Crédit photo à la une : Twitter
Les Commentaires
Et pour l'alopécie, il me semble qu'il n'y a rien de plus derrière (c'est déjà assez dur comme ça). Certaine personne ont juste de l'alopécie sans forcément avoir de cancer.