Cet article s’adresse à toi, que tu sois homme ou femme, qui ne sait pas comment réagir face à cette situation complètement inédite. En l’espace de quelques jours, tu découvres que la quasi totalité des femmes que tu connais ont été victimes de harcèlement, d’agressions sexuelles pouvant aller jusqu’au viol.
Dire que ça fait « bizarre » serait un euphémisme déplacé.
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Depuis quelques jours, tu ne sais pas comment réagir. Peut-être que tous ces témoignages ont fait ressurgir chez toi des souvenirs que tu avais refoulés, que tu aurais préféré oublier pour toujours. Et peut-être que tu ne sais pas comment gérer cette situation.
Peut-être que tu te trouves dans l’incrédulité totale face au nombre et à la diversité des témoignages qui floodent tes réseaux sociaux. « C’est pas possible » te dis-tu peut-être, « c’est exagéré ».
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Peut-être qu’au contraire, tu sais que ce que le monde semble enfin découvrir, ça correspond malheureusement à une réalité qu’il était plus que temps de dénoncer. Peut-être alors que tu crèves d’impuissance face à tout ça, que tu n’as qu’une envie : te rendre utile.
Peut-être es-tu actuellement dans une situation, dans un état d’esprit que je n’ai pas cerné ici en quelques lignes ; et ce ne serait pas surprenant.
#MeToo et le terrible inconfort de cette situation
C’est drôle comme expression, « ce terrible inconfort ». Comme un cadavre exquis, que je trouve personnellement très représentatif du sentiment général qui se dégage de mes réseaux sociaux.
D’un côté, des milliers de femmes qui confessent publiquement leur peur d’être agressées, violées, une peur souvent nourrie par le fait qu’elles ont déjà été victimes par le passé.
En face, des milliers d’hommes se braquent ou se repassent le film de leurs relations passées, paralysés par la trouille d’être accusés d’agression. Ils ne savent plus comment se comporter, que ce soit par peur de nuire ou par peur de blesser…
Quoiqu’ils disent, c’est à côté de la plaque : trop tard pour les mots de compassion, trop tôt pour les appels à l’action, pas assez d’empathie, trop de mots pour trop peu de gestes, trop de silence(s) aussi.
Alors, je vois des gens s’insulter, empoisonner des tentatives de dialogues en disputes violentes, je vois des grosses maladresses et des fautes, des colères intarissables et des blessures ré-ouvertes.
#MeToo : il faut qu’on (en) parle
Il faut qu’on parle de #MeToo, il faut qu’on s’en parle entre nous, mais il faut pour ça qu’on arrive à se mettre tous et toutes au même niveau : dans une discussion d’égal à égal. Et comme dans la société, actuellement, nous ne sommes pas à égalité, ça va demander quelques ajustements.
Si vous le voulez bien, vous pouvez compter sur nous, à la rédaction de madmoiZelle, pour jouer les médiatrices de cette grande discussion.
Posez-nous vos questions, toutes celles que vous inspirent le hashtag #MeToo. Venez nous raconter ce que tout ceci vous fait ressentir.
#MeToo : envoyez vos questions à jaifaitca[at]madmoizelle.com
Voici quelques exemples de questions qu’on s’attend à recevoir, mais cette liste est bien entendu non exhaustive, et on compte sur vous pour avoir un aperçu représentatif de vos préoccupations, en réaction au hashtag #MeToo :
- Est-ce que j’ai déjà violé quelqu’un ?
- Est-ce que la fois où j’ai fait une blague sexiste, c’était du harcèlement ?
- Comment dire à mon pote qui est en train d’être relou de ne pas l’être ?
- Comment ne pas être relou quand t’es bourré ?
- Est-ce que si la meuf n’a pas dit clairement « oui », ça veut dire que je l’ai violée ?
- Est-ce que si une pote me met une main au cul, et que je lui en mets une aussi, c’est du harcèlement ?
- Est-ce que [tel comportement] est du harcèlement ?
- Comment réagir dans [telle situation] ?
- Est-ce que si je dors dans le même lit qu’une fille et que j’ai une érection, c’est une agression ? Du harcèlement ?
- Mon ami•e a subi ou fait [ça]. Est-ce que je dois la ou le dénoncer ?
- Est-ce que je peux me dire que j’ai été victime ou pas ?
- Pourquoi j’ai pas réagi ?
- Pourquoi ça me revient que maintenant ?
- Comment en parler alors que j’ai honte ?
- J’ai été violé•e, mais en vrai, je ne suis pas traumatisé•e/blessé•e… Suis-je normal•e ?
Envoyez un email à jaifaitca[at]madmoizelle.com avec en objet « questions #MeToo »
Précisez si vous voulez rester anonyme et si vous m’autorisez à citer tout ou partie de votre message sur madmoiZelle.
N’allez pas demander à cette amie qui ose partager son histoire pourquoi elle n’a pas porté plainte, pourquoi elle n’a jamais rien dit. Venez nous poser cette question à nous.
Je n’ai pas la réponse concernant l’histoire personnelle de cette amie, mais je saurai vous expliquer les phénomènes de sidération, de déni, pourquoi certaines victimes refusent de porter plainte, par exemple.
#MeToo : venez nous poser toutes vos questions
Ce qui est en train de se passer amorce une discussion difficile, qu’il est pourtant nécessaire que l’on ait, à l’échelle de toute la société.
Ça va toucher à notre éducation, nos lacunes, nos représentations, nos traditions, nos familles, nos relations, nos amitiés, nos amours, le sexe, le monde professionnel…
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Ça va toucher à toutes les sphères de nos vies, des plus intimes aux plus publiques.
C’est une discussion qui nous demandera beaucoup d’empathie, de respect, d’humanité, de patience et de pédagogie aussi, mais également une forte exigence, intransigeance vis-à-vis des violences que nous voulons tous et toutes éradiquer.
Alors, commençons par crever l’abcès, répondre aux questions les plus fréquentes, les plus évidentes, les plus honteuses peut-être, celles qui VOUS travaillent, celles que vous n’osez pas poser, celles que peut-être, vous ne devriez pas poser publiquement sur Facebook, encore moins dans le fil des commentaires d’un témoignage de survivant•e.
Rendez-vous à la Nuit Originale, samedi 21 octobre à 17h
Vous avez ma parole : on ne cherche pas à monter un tribunal, on cherche à mieux (se) comprendre, pour établir les bases d’un échange sain et productif.
Que #MeToo ne reste pas les glaçantes confessions des unes, face au terrible silence des autres.
Et pour poursuivre la discussion, Marie et moi-même vous donnons également rendez-vous samedi 21 octobre à 17h, dans la Nuit Originale. #MeToo : il faut qu’on parle.
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On a hâte de vous lire !
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