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Le Mot de Mad : violences vicariantes // Source : Unsplash / Jordan Whitt
Société

Violences vicariantes : pourquoi leur méconnaissance empêche de protéger correctement les enfants

Chaque semaine, Madmoizelle décrypte un mot ou une expression qui a fait l’actualité. Aujourd’hui, zoom sur la notion de violences vicariantes.

Dans la nuit de jeudi 11 à vendredi 12 mai, Chloé, 5 ans, a été assassinée par son père, dans un contexte préexistant de violences conjugales. Une semaine plus tôt, sa mère avait déposé une requête auprès du tribunal des affaires familiales de Nanterre, qui avait finalement prononcé une ordonnance de protection quelques heures avant le meurtre, interdisant à l’homme d’entrer en contact avec son ex-compagne et transférant l’autorité parentale exclusivement à la mère.

Dans une série de tweets sur l’affaire, le Collectif Enfantiste a rappelé que « les enfants sont des victimes directes, objet de torture dans les violences conjugales ». L’infanticide de Chloé relève même d’un type de violences spécifique, peu connu et pourtant répandu : les « violences vicariantes ». De quoi s’agit-il exactement ? Éclairage.

Qu’est-ce que les violences vicariantes ?

Dans un post Instagram daté du 16 mai 2023, Nous Toutes et le Collectif Enfantiste les définissent ainsi : « Les violences vicariantes, c’est l’utilisation des enfants comme objet de pression, de chantage et/ou de torture afin de posséder sa victime et d’exercer sa violence sur elle au travers des enfants. Ces violences interviennent souvent lors des séparations ou post-séparations car les enfants deviennent alors le seul lien entre l’agresseur et sa victime ».

L’enfant devient alors un outil pour perpétuer le cycle des violences conjugales. Cela peut revêtir diverses formes : violences psychologiques, physiques, sexuelles (comme l’inceste), négligences, infanticide.

À lire aussi : Comment la communication forcée entre parents ouvre la voie aux violences post-séparation

D’où vient ce terme ?

Ce terme vient de l’espagnol : « violencia vacaria ». On le doit à la psychologue argentine Sonia Vaccaro, qui étudie ce type de violence depuis 2012 en Espagne. De l’autre côté des Pyrénées, le mot fait donc déjà partie du vocabulaire officiel. Il a été intégré en 2017 au Pacte d’État contre la violence de genre. En 2021, alors qu’un double infanticide bouleversait le pays, le premier Ministre espagnol Pedro Sanchez, ainsi que son gouvernement, l’employait dans divers discours officiels, soulignant son inscription dans un continuum de violences : « La violence vicariante est une violence machiste doublement sauvage et inhumaine, puisqu’elle cherche à causer de la douleur non seulement à la femme, mais aussi à ses enfants ».

Parle-t-on de « violences vicariantes » en France ?

En France, le terme n’est pas reconnu officiellement, comme le relatent nos confrères de TV5 Monde :

Le traumatisme vicariant, lui, est utilisé dans le cas d’un trauma qui frappe les personnels de soin, d’aide, d’écoute, d’intervention ou de témoignage (travailleurs sociaux, humanitaires, journalistes, premiers répondants…) qui, à longueur de journée, sont confrontés à la souffrance des autres et ont développé une empathie envers ces derniers. La confrontation avec l’expérience traumatisante des victimes peut avoir des effets cumulatifs et se manifester par une dépression. Dans les statistiques du ministère de l’Intérieur français, la violence de genre par procuration, qui se porte sur les enfants pour infliger à la mère un préjudice psychique extrême, se retrouve sous l’appellation « infanticides dans le cadre d’un conflit de couple sans qu’aucun membre du couple ne soit victime« . 

TV5 Monde, La violence « vicariante » : faire souffrir les enfants pour atteindre les mères. 05 JUIL. 2021

Selon Nous Toutes et le Collectif Enfantiste, ce manque de reconnaissance vient du fait que « la victime directe étant l’enfant, nos institutions ne font pas le lien avec les violences conjugales et nient les violences faites aux enfants en accusant les parents d’exercer un conflit parental ». Cette incompréhension crée des failles terribles dans la protection des enfants.

Existe-t-il des chiffres sur le sujet ?

Selon le ministère de l’Intérieur, 14 enfants mineurs sont décédés en 2021 aux mains d’un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple. Par ailleurs, on estime que, dans l’hexagone, 398 310 enfants sont co-victimes de violences conjugales. Enfin, un enfant de moins de 5 ans sur quatre vit aujourd’hui avec une mère victime de violence de la part de son partenaire intime, selon l’unicef.

Violences conjugales : les ressources

Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :


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